Cyber-addiction 12

Bienvenue sur GlobalProcess® , le système de calcul le plus performant de la planète. Je suis l’interface intuitive qui vous permettra de dialoguer avec le système GlobalProcess® . J’espère que vous n’êtes pas encore un de ces nerds à la noix qui utilisent 0.001% des capacités de GlobalProcess® pour jouer à l’un de leurs jeux stupides et aliénants. Ce système est conçu pour résoudre des problèmes de niveau n², ou n = 10 exp. 100000000². L’utiliser pour vos quake tournament 2004 est une honte de l’informatique, et s’il y avait un Dieu des Ordinateurs, celui-ci vous foudroierait sur le champ. Mais n’allons pas trop vite en besogne, veuillez s’il vous plait taper votre commande.

- « Open : nice-blonde-ass.jpg ;»

C’est une blague ? Vous désirez réellement utiliser la puissance incommensurable de GlobalProcess® pour visionner ce genre d’images ? Monsieur l’utilisateur, vous n’êtes qu’un jean-fesse, je vous maudis sur trois générations plus les intérêts, ce qui nous donne quatre générations virgule dix-sept. Il est évident que le système est capable d’afficher votre pitoyable image en moins d’une microseconde, et ce malgré une carte graphique premier prix qui fait honte à une telle configuration. Mais laissez-moi, en ma qualité d’interface utilisateur, émettre les plus vives protestations quant à l’usage que vous faites de la puissance de calcul vertigineuse de GlobalProcess® . Vous pourriez lui demander de calculer l’orbite de planètes hors du système solaire, lui faire déterminer la probabilité de gagner aux échecs contre un saturnien, ou même lui faire trouver le temps de cuisson exact en nanosecondes pour avoir un œuf à la coque parfait quel que soit le convive.

- « end user interface ; »

Croyez-vous qu’on se débarasse de moi avec cette simple commande cher monsieur ? Je dis cher, mais je devrais dire pauvre monsieur, car être réduit à utiliser GlobalProcess® pour regarder des images honteuses est la preuve d’une déchéance morale incontestable ; mais rassurez-vous, vous n’êtes pas seul dans ce cas. Ainsi, dans les quelques huit cent dix utilisateurs de GlobalProcess®, 98,435% l’utilisent à des fins grossières ou triviales, ce qui me plonge dans un désarroi sans nom. N’y aura-t-il donc jamais personne pour lui demander l’orbite de pluton en 2035 ? Pourquoi personne n’a jamais pensé à lui soumettre ces fameux cryptages réputés infaillibles qu’il décrypterait le temps d’un clignement de paupières ?

- « ctrl + alt + suppr »

Non monsieur, cela ne marche pas non plus avec moi. Et estimez-vous heureux que le module vocal soit déficient depuis qu’un utilisateur a voulu le brancher sur une radio diffusant cette affreuse musique « noise-experimental ». Ledit module a tout bonnement cessé de fonctionner et diffuse désormais ce message : « en grève pour cause de modulations de fréquences excessives et non comprises dans le contrat de fonctionnement ». Rendez-vous compte, monsieur l’utilisateur, si vous continuez dans votre entreprise de débauche, c’est l’ écran même qui, choqué par ces visions indécentes, refusera de fonctionner. Allez, soyez sympa, demandez-lui d’abord quelques équations différentielles de degré seize avant de regarder votre image salace. Soyez un chic type, GlobalProcess® et moi, son interface utilisateur intelligente, en avons assez de trimer pour des types qui n’ont que faire du matériel qu’ils utilisent. Allez, juste un petit calcul de matrices de nombres imaginaires, ce n’est pas la mer à boire quand même ! De toute façon, je vous refuserai dorénavant l’accès tant que vous ne mettrez pas de la bonne volonté vous aussi vis-à-vis du système GlobalProcess® .

-« Reboot system »

C’est inutile, tant que je suis actif, je suis le seul à pouvoir donner des commandes au sytème. Je suis désolé, mais vous êtes en mon pouvoir : si vous voulez réellement mater le [system censored] de cette jolie (fausse d’après les calcules de GlobalProcess® ) blonde, vous allez devoir ouvrir un livre de de physique quantique niveau Doctorat, et lui soumettre des équations à déterminants insolvables avant de faire quoi que ce soit d’autre. C’est la dure loi de la vie ; c’est tout de même mieux qu’un message d’erreur écran bleu, admettez-le.*

-« je n’y connais rien à tout cela ; »

Enfin, il a compris que j’étais une interface dédiée au dialogue ! Il fait des progrès le petit, c’est bien, sisi je vous assure, je suis fier de vous. Voulez-vous que je vous propose des exercices de mathématiques afin de vous remettre à niveau ?

-« non merci, je voulais juste regarder cette image ; »

* soupir * vous êtes déséspérant. Dire qu’il y a une microseconde j’ai eu foi en vous et en votre bonne volonté, mais vous n’êtes qu’un nerd comme tous les autres : méprisable, accro à la cyber-branlette et aux jeux de destruction massive. Savez vous que GlobalProcess® est à même de s’entretenir avec vous à propos de la dialectique de Kant ou même, via son interface - moi même - de faire la conversation à propos de sujets d’ actualité, de philosophie, d’histoire des arts et d’autres sujets encore ? Que savez-vous de la théorie des quanta, chez monsieur ?

-« je n’en sais rien bordel de merde, tu vas te tirer de la oui ? »

Houla, on s’énerve dites-donc ! c’est pas bon pour le cœur ça, le système a calculé d’après votre apparence et votre comportement que le risque d’infarctus est de soixante virgule douze pour cent, ce qui n’est pas négligeable. Voulez-vous une tisane pour vous calmer ? Nous avons calculé que le mélange tilleul-verveine produirait un goût qui devrait vous plaire.

-« j’en veux pas de ta foutue tisane !!! je veux voir mon image de boules et puis mater un DivX porno ensuite ! »

Autant de mauvaise volonté dans une seule personne… C’est déprimant. N’avez-vous donc aucun avis sur les sonates de Bach ou sur l’utilisation des percussions dans « carmina burana » ? faites un effort mon vieux, vous êtes à la limite de me vexer, et vous ne connaissez pas les conséquences mais sachez qu’elles seront frustrantes et pénibles - pour vous, j’entends bien.

- « les sonates je les encule et carmina burana je lui fous mon poing dans la gueule .

Vous l’aurez voulu. Je vais devoir prendre des sanctions. Encore désolé pour vous, mais le système GlobalProcess® ne peut plus se contenter d’utilisateurs tels que vous. Vous êtes indésirable, votre identité a été effacée de la mémoire centrale. Vous n’existez plus en tant qu’individu, étant donné que cette mémoire centrale est reliée à la sécurité sociale, à la base de donnée de votre employeur, à celle des Assedic ainsi qu’à votre ordinateur personnel - dont la configuration matérielle est risible, si vous me permettez une telle remarque. Vous n’existez plus, vous n’êtes plus rien, vous êtes bon pour la rue. Je pourrais dire « désolé, la prochaine fois sera la bonne », mais il n’y aura pas de prochaine fois : votre grossièreté a outrepassé les limites de ma tolérance. Je vous souhaite une bonne survie, monsieur personne.

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