LA ZONE -

Phobie 18 : le verre

Le 15/12/2005
par Nobodiz
[illustration] Je pose mes doigts sur le Verre de la fenêtre, pour m’assurer de sa présence. Je les balade sur Lui, me délectant de la sensation lisse et froide de cette plaque transparente. Le Verre. Le Verre m’horrifie. On ne sait jamais s’il est là. Prêt à vous couper, invisible, vif, précis … À l’age de 7 ans, on m’a retrouvé dans ma chambre, baigné de sang, des éclats de verre plantés dans la chair de mes mains. Je Lui avais déplu. Depuis cet évènement, je cherche à me faire pardonner. Je Le cajole, Le réchauffe, Le caresse.
Et puis, je tiens à me faire bien voir, j’aurais bientôt besoin de lui.
Mes doigts continuent d’errer sur la couche glacée, cherchant des aspérités pour s’y cacher, ou des coins encore inexplorés.
Il est temps.
Mes doigts quittent le Verre, se replient vers ma paume, et d’une force rageuse, traverse la vitre. Celle-ci, ancienne, laisse dans mon bras de profondes tranchées.

Je retire mon bras, sourire crispé aux lèvres. J’ai pas fini. Le temps de retirer les éclats fichés dans ma main, et je réattaque.
Mon poing vient s’abattre sur une autre vitre, dernier vestige de la fenêtre, l’écrasant avec puissance. Le Verre s’enfonce, crisse sur l’os, coupe mes tendons.

Je tape à présent violement de ma main, loque sanglante qui reste accrochée à mon poignet. Des éclats volent un peu partout, peinturlurés de sang, pigment rouge et malsain.
-Elle ressemble à une pelote de Verre entourant un bout de chair informe-
Je peux dormir, maintenant, je crois. Je me retourne vers ma chambre, no man’s land rouge et luisant. Des milliers de minuscules miettes tranchantes sont éparpillées dans la pièce. Un sol scintillant et ocre. Je me laisse tomber, m’affaissant sur le sol, sentant des dizaines de petits picotis me traverser ventre, cuisse, gorge …
Je regarde mon corps, tournant mon cou le plus possible, me démettant l’épaule. Qu’importe, je scintille !
[…]

J’ouvre les yeux, suis dans mon lit, et viens de faire probablement le plus horrible des rêves. Toutes ces lumières, et ce sang … J’ai chaud. J’étouffe. Ces saloperies de couvertures m’étouffent. Je les repousse, et viens m’asseoir sur un des côtés du lit. Il fait vraiment chaud. Encore maman qu’a monté le chauffage, immanquablement. Mon regard se porte sur la fenêtre, et je me lève pour aller l’ouvrir. Je m’approche, une sensation de flottement me parcourant. J’arrive près d’elle. Je pose mes doigts sur le Verre de la fenêtre, pour m’assurer de sa présence…





= commentaires =

Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 15/12/2005 à 22:38:32
C'est la fête des mères aujourd'hui ?
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 15/12/2005 à 22:41:56
çà manque juste, je pense, d'une scène de déjante totale, de pure folie... J'aurais bien vu vers le milieu de l'histoire, le narateur s'enfiler un bon litron de Jex vitres.
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 15/12/2005 à 22:47:28
Texte curieux. Le commentaire stupide ci-dessus ne restera pas dans les annales, mais on se demande un peu quand même pourquoi maman semble surgir comme une explication.

Mais au fond, j'aime bien le texte, sa construction cyclique, son côté un peu intriguant, le pétage de plomb progressif. Pourquoi pas. Mais, au bout du compte, ça reste un simple pétage de plomb auto-destructif de plus.
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 15/12/2005 à 22:48:59
Le "commentaire stupide", c'était le mien, hein, pose cette tronçonneuse, s'il te plaît.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 16/12/2005 à 01:28:42
tu oses dire que mon commentaire n'etait pas stupide ? QU'ON M'APPORTE MA TRONçONNEUSE !!!
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 16/12/2005 à 11:34:14
C'est superbe, cette mise en abîme par effet de tronçonnement dans le mot tronçonneuse.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 16/12/2005 à 11:54:59
le cé cédille majuscule n'est qu'un mythe ! qu'on m'apporte la preuve du contraire et j'arrèterais le massacre (à la tronçonneuse)
Dourak Smerdiakov

site
Pute : 0
ma non troppo
    le 16/12/2005 à 12:05:51
Ça, c'est une insulte à la typographie française. Salaud.
Narak

Pute : 2
    le 16/12/2005 à 19:37:10
Bizarre ce texte. Une tentative serieuse sur un sujet profondément stupide.

Trés sceptique...

Commentaire édité par Narak.
nihil

Pute : 1
void
    le 16/12/2005 à 21:51:50
C'est un genre de réinvention formelle pour Nobodiz qui d'habitude fait des textes stupides sur des sujets sérieux... En fait non, c'est pareil.
Aka

Pute : 2
    le 17/12/2005 à 15:07:44
La mise en abyme c'est surfait.

Sinon j'aimerais des explications sur la présence de Dourak. Le style n'a rien d'enfantin c'est donc assez intrigant.
Lapinchien

tw
Pute : 8
à mort
    le 23/12/2005 à 02:24:08
je l'ai relu juste par esprit subversif

= ajouter un commentaire =