Chroniques de mon salon au coin du feu

Le 20/03/2006
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par Nounourz
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
Ca sent le vite fait du coté de Nounourz, qui s'embarasse pas de trop de détails. C'est une micro-nouvelle un peu sombre, un peu psychopatho, avec globalement rien de bien affolant à se mettre sous la dent.
Mon panache, mon prestige, ma fierté.
Ils trônent dans mon salon, près de la cheminée, et la lueur vacillante des flammes danse sur leurs visages difformes. Ils me tiennent compagnie durant les longues soirées d’hiver, attentifs spectateurs de mon quotidien. Parfois, je pense à voix haute, en imaginant qu’ils m’écoutent et me comprennent. Lorsque j’ai terminé, j’écoute à mon tour leurs longues conversations silencieuses, accompagnées par le crépitement des bûches dans le foyer et par les craquements du plancher. Cette musique me ravit et, bercé par leurs muettes paroles, rasséréné par la douceur bienveillante de leur regard exorbité, je finis par m’endormir en souriant.

Cela fait si longtemps que nous vivons ensemble, eux et moi. J’ai fini par perdre le contact avec mes semblables, incapables qu’ils étaient d’accepter le lien qui nous unissait. Les sots ! Qu’ils restent dans leur ignorance crasseuse, dans leur sociabilité mondaine, superficielle et hypocrite ; jamais plus je n’aurai besoin de monter sur les planches du petit théâtre des relations humaines. Nous sommes ensemble, mes chéris, ils ne nous sépareront plus.

Ils acquiescent sans mot dire, sans hochement de tête, mais dans un sourire idiot figé pour l’éternité. Et je contemple, le regard embué de larmes, ces petits bébés trisomiques empaillés, ces petits corps morts, petits corps grotesques, et je sais qu’ils pleurent avec moi, sans savoir pourquoi.