Serial edit 16 : pornstar

Le 29/05/2006
-
par Narak
-
Rubriques / Serial Edit
La rubrique Serial edit agonise péniblement : Lapinchien s'étant retiré de l'affaire, c'est Narak qui le remplace et prend le premier tour de l'edit. Le tour précédent s'était terminé par un entretien d'embauche déjanté signé Lapinchien. Narak reprend reprend le principe en utilisant le milieu du porno. Rien de bien folichon à signaler, c'est plutôt drôle mais assez plat et le final twist idiot donne envie de tuer l'auteur.
Textes précédents :

- Extrait de l'Apocalypse

- Apocatrip par Nounourz
- Sainte-morphine par nihil
- Le fils spirituel par Glaüx
- Sous terre par Aka
- Lambda par Lapinchien

- Timebomb par Nounourz
- La grande peste par nihil
- Le grand soir par Glaüx
- Moi et les cons par Aka
- L'émissaire par Lapinchien

- Lycanthrope par Nounourz
- La fin de l'hiver par nihil
- Immaculée contre un mur par Glaüx
- Le travail c'est la santé par Aka
- Entretien d'embauche par Lapinchien
«Tony Morand, s’il vous plait ? »

Moi au départ, ce que je voulais, c’était faire du cinéma. Rien de bien original dans le fond.
Sans être forcément une star, mais putain ce milieu m’attirait vraiment.
J’ai fais comme tout le monde, je suis monté à Paris. J’ai réussi à me trouver une piaule suffisamment naze pour être abordable et j’ai commencé à faire la pute de casting en casting.
De la merde.
Je revoyais constamment les mêmes connards à l’autre bout de la pièce, avec leur putain de sourire figé comme si ils étaient scotché à l’avant d’un TGV, six mille balles de fringues sur eux, et le pied posé sur le genou. Combien de fois je me suis empêché dans crever un, là, sur place. Pour lui faire payer sa sale gueule de triso.
Ces enculés me prenaient jamais. Trop jeune, trop vieux, trop petit…Ouais, trop con probablement…Comme tous les cons bien soumis que je retrouvais aux même castings que moi. Des merdes comme moi. Qui fermaient leurs gueules quand on les traitait comme des chiens. Qui retournaient bien sagement dans leurs apparts pourraves en banlieues avec presque une heure de métro pour tenter de réussir. Tous les jours.
J’avais toujours rien. Même pas de rôle de figurants. L’argent partait et j’étais dans la merde.

Puis, je sais plus trop comment tout ça a commencé. J’ai du croiser James dans une de ces agences de spectacles à la con.
Petit, brun, sympa. Il m’a payé une Adelscott et je sais plus comment j’en suis venu à lui parler de pognon. Il m’as dit : « Tu sais si t’as besoin de pognon, je peux te brancher sur un truc en attendant » Je pouvais pas refuser de l’argent, même si c’était un plan chelou. Même si c’était illégal je pense que j’aurais plongé dans son truc. Encore une semaine et je pionçais dans le métro.
Il me semble que c’est se que je lui ai dit…à peu près.
James faisait dans le porno.
J’ai dit que je réfléchirais. C’était temporaire.
Je suis rentré chez moi ce soir là, le frigo était vide.
J’ai rappelé James.


« Tony Morand ! Qu’est que tu branles, putain ? »
J’ai deux projo en pleine gueule et j’ai-je suis en train de prendre une blondasse en levrette «Allez, mets lui bien à fond mec, et tu jouis pas maintenant !», J’entends ce putain de réal qui beugle. Je suis à poil devant une dizaine de mec qui me regardent baiser une fille qui hurle. Aussi inimaginable que ça puisse paraître, je bande. Je bande et à quelques mètres derrière une caméra…
« Texte !»
Alors je dis ce que j’ai à dire.
« J’arrive… écarte le cul, j’ vais t’ labourer tes hémorroïdes avec amour, salope ! »
Et je change de trou tout en me contenant au maximum. Pas le droit de ralentir. J’entends mes couilles claquer furieusement contre le gros cul de l’autre que je n’avais jamais vu il y a une heure. Je suis un peu défoncé et je ne comprends pas trop ce qu’il se passe.
C’est bon j’ me retiens… Je jute quand on me fait signe que c’est bon, j’attends le « Coupez ! », je sors du cul de la blonde, j’enlève la capote tout en me dirigeant vers les chiottes et je chope mes fringues au passage. J’ai encore du foutre au bout du gland…

James me fait venir dans son bureau. Je comprends l’essentiel malgré le joint d’il y a dix minutes. « T’es pas là pour prendre ton pied bordel ! »
Désinvolte, juste pour me faire comprendre que dans le fond je suis une merde. J’ai pas suivi la suite, en sortant j’avais une autre scène dans deux semaines.

Par fierté je pense, je ne tournais qu’en extrême limite, quand j’était à sec. J’ai du tenir quelques mois comme ça. Je ne faisais plus de castings. Je commençais à me désintéresser de toute cette merde.
Et puis James m’avait fait trouvé de la coke, et j’avais rapidement enchaîné sur l’héro. Contre l’avis de James d’ailleurs. Ce suce-boules d’agent m’avait présenté Xavier. Un producteur qui disait être intéressé. C’est lui qui m’a filé ma première trace de rabla.
« Tu devrais essayer…Expérience intéressante…Vous verrez…blablablabla… »
J’étais déjà à moitié défoncé, j’ai rigolé et repris une ligne de coke en rigolant, et j’ai pris la dose dans ma poche.
Il savait très bien ce qu’il faisait en me proposant cela.
J’aurais du lire le scénario.


Je crois que je suis devenu accroc. L’argent fondait trop vite et comme Xavier m’aimait bien. Il me proposa un autre truc. Beaucoup mieux payé d’après lui.
Il m’a expliqué : «Vous savez je fais fait des tournages un peu plus hard… Vous savez de quoi j’ parle pas vrai ? Les clients veulent toujours plus fort, plus violent…suffit plus des trucs classiques les actrices à qui vous faites la bouche, la chatte, le cul… Le client en veulent plus, ils ont des demandes plus…et bien plu…exotiques dirons nous. Je suis obligé de satisfaire la demande pour rester concurrent dans mon secteur. Business is business !»

J’ai dit oui quand il a sorti le sachet de brune.
J’aurais du lire le scénario.

Une espèce de hurlement de pute s’élève, repris après quelques secondes par quelques autres. Les enculés ! Je suis cerné par des putains d’enculés, qu’est ce que je fous là moi. Je me souviens même pas de ce que j’ai fait il y a dix minutes.
Chaîne dans le cul et vinyle noir. Je suis là pour ça. Pour gueuler.
Junkie, certes, mais consentant.
La fille devant moi saigne de l’anus, je dois être le vingtième qui lui passe dessus.
Après quelques minutes, hors d’haleine, je m’arrête.

« Que... ? Que signifie ? » Le réal commence à rassembler rageusement ses affaires, et s’approche de moi, « putain, t’es trop camé, mec. Qu’est ce que je vais faire de toi !» Son ton s’est chargé d’une sorte de douce frénésie, ses yeux sont ceux d’un fou. Je ne peux plus bouger et je le laisse s’avancer jusqu’à moi. Je ne vois plus rien.

Je me sens emporté dans un vide. Je tombe brutalement et je m’éclate la tête sur le sol. Je crois que je suis en train de vomir au moment ou mes yeux se ferment. Merde. Je crois que j’entends des gens autour de moi.
J’aurais du lire le scénario.
Je suis en train de crever parce que j’ai vendu mes couilles.
J’aurais du lire le scénario.

«Tony Morand, s’il vous plait ? »
« …y Mo…ange, s’il…plait ? »
« Denis Morange, s’il vous plait ! »

Le père Jean semble courroucé, j’étais perdu dans mes pensées. Mon Dieu, j’y ai encore songé !
Le diable ne me laissera t’il donc jamais en paix ?
Seigneur, viens moi en aide ! Je ne mérite pas ton pardon.
Je me retire du réfectoire commun et me retire dans ma cellule monastique.
Mon sexe me démange étrangement, mais je n’ose le toucher de peur d’avoir une érection et laisser ainsi l’emprise de Satan me dominer !
Surtout ne pas bander ! Arrière Démon, Sors de mon zizi !
Je décroche une solide lanière de cuir et me prépare à une autre nuit de terreur nocturne.

*Shlack*
Mea culpa !
*Shlack*
Mea culpa !