LA ZONE -

Varius : les flaques de sperme

Le 05/04/2009
par Das
[illustration] On parle d'une époque où l'Orient frappa d'un glaive barbare la Rome moisie des empereurs déchus, une époque où ils se baisaient tous les uns les autres, sans distinction aucune.
La filiation appartenait alors aux mères et les crachats des hommes, jetés avec dédain dans les vagins défoncés n'étaient que stupres et ironie.
Il arrivait pourtant qu'ils prennent forme humaine, et foutent à leur tour.
Issues du sperme rituel d'un parricide, à Emèse, au bord de l'Oronte, là étaient nées Julia Domna et Julia Moesa, dans un sacerdoce plus qu'un royaume, par la semence pourrie d'un chauve momifié: Bassianus.
Elles étaient faites d'or et descendues du soleil pour enculer l´occident.
A sec.
De la religion du royaume d'Emath, où le féminin est homme, où les rois-femmes sacrifient debout, à l'image du Mégabyse du temple d'Ephèse qui offrit ainsi sa propre verge, il ne reste plus qu'un obscur et imposant temple.
Le temple du désir dans la vieille cosmogonie phénicienne.
Au delà du soleil, symbole avili des fanatiques usés et tombés, il a contenu les sources vives du Souffle du Chaos, mais les poumons solaires se sont noircis, cancéreux.

Lorsque Septime Sévère se hissa à la tête de la quatrième légion scythique, il ne restait qu'un monolithe noir, tombé du ciel, taillé en pointe: le phallus solaire.
Ses deux gardiennes: Julia Moesa et Julia Domna.
La pierre noire vivait et se gonflait, ses tâches multiples bavaient les unes sur les autres comme des bubons effervescents d'une peste passée.
La pierre syriaque par excellence.
A l'intérieur du temple, la résonance réelle de magie extériorisée était telle, que l'homme et la femme se mêlaient par l'or et la lune sur les manteaux de prêtres.
Le rouge jaune des menstrues contre le blanc sperme.
Les anciens racontaient que des sexes d'hommes étaient dispersés autour du temple d'Astarté, dans le sanctuaire d'Hériapolis.
Une fois l'an, il fallait qu'un homme monte sur l'un des phallus hauts de trente brasses et y demeure sept jours pour y recevoir les enseignements divins.
Viol consenti d'Astarté.
Pénétration des Dieux.
Alors les Galles jetaient leur membre en courant à l'intérieur du sanctuaire et offraient leur sang en abondance sur les autels, les nouvelles vierges sacrifiaient sur le pyrée de la lune leur pureté.
A l'extérieur, leurs saintes mères se donnaient aux égoutiers du temple et aux gardiens des écluses sacrées.
Leur sexe mâle offert aux rayons du soleil.
Et les maris respectaient ces amours sacrés et leurs femmes prostituées, celles-la mêmes qui recouvraient de robes féminines les cadavres d'hommes.

L'héritage de la Syrie magique et guerrière, libre et sexuelle était alors entre les mains de deux femmes, et à travers leurs doigts experts, le chaos et le mystique s'exprimaient.
Julia Domna et Julia Moesa, dominatrices.
La première fut l'alliance pédérastique de la royauté et du sacerdoce, une féminité royale aux aspirations de mâle.
La seconde fut force, elle fut gymnastique et avait l'ambition dans le sang.
Après le fratricide accompli par son fils Caracella, elle s'offrit à lui, sensuelle, étendue sur le tapis pourpre encore chaud, car il devenait roi, et empereur.
Certains affirment que c'est lors de cette union que la semence solaire, à travers la matrice de la mère, entra dans le sexe du fils.
Selon eux, Caracella serait le père de celui qui deviendra Heliogabale.
C'est à cette époque que Rome commençait à décliner sous les flots de foutre, qui bientôt devinrent une rivière régulière, molle, creusée par Julia Moesa.
Et alors que tous et toutes fourraient et enfournaient, sous l'œil bienveillant de celle qui fut leur mère, leur amante et leur impératrice, Caracalla mourut dans sa propre urine, assassiné la bite à la main.
Moesa et les siens furent renvoyés à Emèse la puante.
Car là-bas, l'amour, la viande et la merde, tout s'y faisait en plein air, et tous jetaient le venin et le sperme dans les rues, écrasés par le rayonnement des murailles brûlantes du temple millénaire du Soleil.
Le soleil, vénéré pour ce qu'il avait de plus sombre.
Les anciens suggéraient que les adorateurs du phallus solaire étaient les frères des dévorateurs des menstrues lunaires, qu'ils étaient ceux qui poussent au possible leur sexe dans le cône obscur de l'Erèbe, dans le triangle renversé que deviennent les cuisses de femme.
Consacré prêtre du soleil depuis deux ans, Héliogabale en avait alors vraisemblablement sept.
Il était beau, intelligent et précoce.
Déjà, il s'acharnait à faire oublier son nom.
Déjà il pensait à réduire la multiplicité humaine par le sang et le sexe.

= commentaires =

Kwizera

Pute : 1
    le 05/04/2009 à 19:11:00
Je sais pas si c'est le fait d'avoir lu le résumé avant le texte, mais j'ai effectivement eu l'impression de me trouver dans un porno mystique et kitsch. Mention spéciale au nom véritable de Septime Sévère, très adapté à l'occasion. Mention moins bien à Héliogable, parce que franchement un type "beau, intelligent et précoce" dans un porno, ça fait au moins deux qualités rédhibitoires.

Cela dit, même en relisant plus sérieusement, bah, ça le fait pas. Les phrases balancées sur une seule ligne, genre "Viol consenti d'Astarté." "Pénétration des Dieux." "Julia Domna et Julia Moesa, dominatrices."... oui mais non, quoi, raté. Je trouve même qu'à certains endroits on frôle le ridicule, par exemple "Et alors que tous et toutes fourraient et enfournaient, sous l'œil bienveillant de celle qui fut leur mère, leur amante et leur impératrice, Caracalla mourut dans sa propre urine, assassiné la bite à la main."

C'est pas que c'est écrit avec les pieds, loin de là, mais ça fait service minimal niveau de la narration, enrobé de lourds adjectifs et de fausse puissance.
nihil

Pute : 1
void
    le 06/04/2009 à 17:53:52
Ca me parle, parce que le cadre et l'écriture hermétique me parlent, mais sinon j'ai rien capté et c'était assez irritant. Et j'avoue que sur la zone, j'ai pas envie de relire un texte quatre fois pour le décrypter, ce que je ferais volontiers dans un autre contexte.
Bruit et fureur : check
Envolées lyriques : check
Souffle mystique : check
Clarté du discours : PAS CHECK PAS CHECK PAS CHECK

Ejection.
Hag

Pute : 2
    le 06/04/2009 à 21:58:29
Un peu comme nihil.
De plus, certaines tournures ayant titillées ma glande du rictus, je me suis dis que si le texte avait été ouvertement vulgaire/déconnant, tout en conservant son style si particulier et pas dégueux, ça aurait été largement plus sympathique.
nihil

Pute : 1
void
    le 06/04/2009 à 22:43:46
Y a bien les putes, mais on dirait qu'il manque la coke.
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 06/04/2009 à 23:30:55
Il faut d'abord accepter que c'est un moinde antique tout ce qu'il y a de plus imaginaire, malgré les noms, filiations, et faites authentiques ( http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lagabal_(empereur) pour les handicapés des moteurs de recherche).

Alors, on se rend compte que c'est un genre de long poème en prose assez foutraque (je sais, je sais...) où Emèse tient lieu de Babylone, mais on ne sait trip, comme hag si dessus, si ça se veut déconnant ou sérieux. Dans les deux as, pourquoi pas. Ça m'a un assez interloqué à la première lecture, mais au final, tant mieux.

Quelle salope, cette Astarté.
Babar
    le 07/04/2009 à 15:03:22
Il est indéniable que tu n'avais plus soif.
Nico

Pute : 0
    le 09/04/2009 à 23:38:04
Pas beaucoup aimé. J'ai eu une lecture "sérieuse" du texte, il ne m'a pas semblé que c'était déconnant.

Le côté poésie-sexe, je trouve ça pas très réussi, au final on a ni l'un ni l'autre, alors que, séparément, ça vaut le coup (en général). Bon c'est indéniablement bien écrit, mais malgré que ce soit court, j'ai trouvé le texte chiant.

Ca me rappelle la première lecture du marquis de Sade, tout le monde t'as dit "vas lire ça c'est trop kool c'est pervers et sexe et bien écrit", au final c'est chiant comme la mort, parce que si on cherche un peu de plaisir c'est pas dans Sade qu'on le trouve, ou alors dans son cul.

C'est tout pour l'instant nostalgie.

commentaire édité par Nico le 2009-4-9 23:38:49
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 19/11/2010 à 19:11:57
"sperme rituel d'un parricide" (Héliogabale ou l'Anarchiste couronné, Antonin Artaud, Gallimard, coll. L'Imaginaire, 1979, p.15)

"On chercherait à nous embrouiller que ça ne m'étonnerait pas." (le publicateur de ce texte, et c'est bien vu)

"On dirait Alain Decaux suçant Hermès Trismegiste." (le publicateur de ce texte, mais c'est moins bien vu, c'était Das suçant Artaud)


J'imagine que j'en trouverais d'autres. Comme quoi, les bonnes idées, faut bien aller les chercher quelque part. Et oui, j'ai des vendredis soirs exaltants, et je vous emmerde.
Castor tillon

Pute : 2
    le 20/11/2010 à 02:45:59
Tu ferais mieux de nous poster un texte pour relever le niveau.

Sinon je dis à tout le monde ce que dourak veut dire.
Et Dostoïevski viendra te hanter.

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