LA ZONE -

Une leçon de logique

Le 18/09/2009
par Nicko
[illustration] Au courant de longue date, Lucien n’était pas dupe des sentiments qu’éprouvait sa femme pour un autre. Aussi, quand elle lui annonça la mort du maire, il ne s’en émut que fort peu. Il s’informa par contre de l’identité de l’auteur de l’article qui n’était autre que son ami, comme ses soupçons le pressentaient, Emile Polak, journaliste au quotidien local du patelin. Toute absorbée par sa lecture, Julia ne se rendit pas compte de l’irritation de son mari. Par ses réactions saccadées, elle l’informait petit à petit, tantôt charmée par une formule heureuse, parfois par la force d’un détail cité, sur les conditions dans lesquelles leur maire, installé à son poste depuis une trentaine d’années au bas mot, avait trouvé la mort la veille.
-Venier se serait fait tuer ? s’étonna tout de même Lucien, tout en continuant de préparer le déjeuner dans la pièce contiguë.

-Ca ne fait guère de doutes… Il s’est pris une balle dans le ventre…

-Ils ont coincé le malade qui a fait ça ?

-Qui te dit que c’était un malade ?...

-C’est moi qui le dis Julia ! Il ne faut pas être un malade pour tuer un maire que tout le monde adore ? qui a ravalé les façades de la rue principale et de notre église ? rénové la chaussée ? baissé plusieurs fois les impôts ? créé une école pour les mioches ? qui, sans une exception, a offert chaque année à tous les habitants de venir fêter son anniversaire chez lui, et à ses frais ? Avec champagne et tralala ?... Sans déconner Julia tu ne crois pas qu’il faut être malade ?...

-Emile dit que c’est un récidiviste, « une sorte d’intelligence parfaite qui ne laisse rien au hasard et qui ne commet pas d’erreurs ».

-C’est Emile qui dit ça ?...

-Il fait du sacré bon boulot quand même… Je me demande comment il s’y prend ? Tu sais, pour mener une enquête, il a moins de moyen que la police, il n’a pas de passe droit pour aller fouiner de partout… Et pourtant il trouve des renseignements, il établi des parallèles, il suit des pistes qui semblent bonnes…

-Pff… grommela Lucien. Et qu’est-ce qu’il en sait de qui a tué le maire ?... Il se base juste sur des intuitions… c’est tout. Je te parie que quand il écrit ses articles, il doit avoir le cerveau qui fume à force d’inventer des conneries pour plaire à ses lectrices et gonfler son courrier du cœur !...

-Si tu n’étais pas son ami, dit narquoisement Julia tout en entrant dans la cuisine, je dirais que tu es jaloux…

-Parce que, railla Lucien, on ne peut pas être jaloux d’un ami ?

Sous le regard médusé de Lucien, Julia trempa un doigt dans la sauce qui chauffait et le lécha avant de répondre.

-Ca ne serait pas très beau en tout cas…

-Oh l’autre… Quitte à entendre de la morale à deux balles, tu pourrais me lire mon horoscope histoire que je puisse au moins me marrer ?

-Attends, je le cherche Hum… Scorpion : « Vous aimeriez bien vous soustraire à une responsabilité qui vous tombe sur les bras, mais il va falloir l’affronter et sans tarder ». Et elle se mit à rire : Tu crois que c’est du courrier en retard dont ils veulent te parler ?...

-Tu veux dire de la facturation… Le courrier en retard, c’est Gaston. Combien de fois je devrais te répéter que je ne suis pas secrétaire mais comptable ?!

-La nuance ne change pas grand-chose, jugea-t-elle sans grande complaisance. Tu crois que tu peux en être fier ?...

-Là n’est pas la question, dit-il d’un air guindé, pensant de la sorte couper court au débat. Tu attrapes les assiettes…

Sans lâcher le journal, Julia, dont l’habileté spirituelle et la dextérité n’étaient plus à prouver, mit le couvert après avoir complimenté Lucien pour « l’incroyable sauce » qu’il avait su réaliser, et, sans stopper sa lecture, elle s’installa en face de lui, tout en lisant son horoscope.

-Vierge, disait-elle : « Si vous voulez éviter les prises de bec inutiles… hum… », oh il est fait pour toi ! Attends, je te lis la suite. « Si vous voulez évitez les prises de bec inutiles… essayez d’être plus tolérant et plus conciliant. La rébellion ne vous mènera nulle part. »

-Ah très drôle, dit Lucien. Ça veut dire que tu prends le mien ?

-De quoi tu parles ?

-Et de quoi on parle, ici ?... De l’horoscope ! Qu’est-ce que t’as dans la tête ?

-Je pensais à l’article de Emile…

-Encore Emile !... Et si je fais encore une remarque, tu vas me répéter que je suis jaloux, c’est ça ?...

-Mais Lucien, tu dérailles… Je n’y suis quand même pour rien si notre maire est mort !

-C’est encore chaud… dit-il après sa première bouchée de viande.

-Que ça ne te fasse pas grand-chose, c’est sans doute ton problème, mais tu ne peux pas me reprocher de m’y intéresser… C’est bon ?...

-Ca va… Alors ils repoussent l’élection ?...

-Et figure-toi que non…Ce matin, je suis allée voter. Et tu ne vas peut-être pas me croire… mais il n’y a eu personne pour me toucher un mot de l’affaire !… Tu te rends compte, Lucien, qu’à cause d’une information qui manquait, j’en suis arrivée à voter… pour le meilleur des deux candidats c’est d’accord… mais surtout pour un mort !...

-Tu n’avais pas lu les gros titres ?... demanda Lucien sans trop s’étonner de cette absurdité.

-J’ai acheté le journal en rentrant…

-Fais chier…

-Quoi donc ? que j’ai eu la nouvelle trop tard ?...

-Non, non… Je ne sais plus pour qui je vais voter du coup…





A trois heures de l’après-midi, Lucien sortit de chez lui avec la ferme intention de « tout casser ». Cette expression, il voulait d’abord l’appliquer sur la gueule de son ancien ami. Mais, après réflexion, sachant que ça ne devait l’aider en rien, sans même avoir idée de quelle manière y parvenir il pensait plutôt lui faire avouer, avec force détail, tout de sa tragique trahison et l’amener à s’en excuser. Ce n’était d’ailleurs qu’au moment de le rejoindre, quand il sortit enfin de ses réflexions pour revenir dans le monde réel, que Lucien s’aperçut du manque de préparation de son projet et de la nécessité pressante, pour lui, d’improviser.

Sachant la gène que pourrait lui causer le regard extérieur de tiers, Lucien évita de se rendre dans un bar, en prétextant qu’il n’avait pas le cœur à boire après les évènements de la veille. Le meurtre du maire Venier était devenu pour lui une espèce d’alibi, excuse qui le justifiait d’être un peu « ailleurs ». Emile, prenant la balle au rebond, expliqua à Lucien où en était l’enquête. Il lui donna des éléments précis tels que le lieu du drame ou l’arme utilisée, mais encore comment l’assassin avait su se retrouver seul avec monsieur le maire, notamment parce qu’à l’heure du drame Venier devait se rendre sur un chantier pour discuter, entre quatre yeux, avec le chef du projet immobilier de la Tour neuve, route sur laquelle son corps avait été retrouvé, à quelques pas de sa voiture, la preuve selon Emile que l’assassin était au courant de ce rendez-vous.

-Julia est presque sûre que tu sais qui est le coupable… dit Lucien qui s’impatientait.

-Elle a dit ça comme ça ?

-Je te jure qu’elle y croit dur comme fer… Tiens, ça ne m’étonnerait même pas qu’elle puisse penser que cette affaire, il n’y a que toi qui puisses la résoudre…

De plaisir, Emile ricana.

-Là-dessus, elle n’a pas tort… Je devrais peut-être pensé à rejoindre les rangs de la police ?...

-Ce n’est pas très drôle, remarqua Lucien. Ce maire, tout le monde l’aimait…

-Apparemment, ce n’était pas le cas… Il devait au moins y avoir un mécontent.

-Il y en a au moins un, répéta doucement Lucien.

Puis, arrivant sur la grande place, ils firent face à l’église où Lucien décida d’entrer. Etonné plus que sur ses gardes, Emile fut un peu réticent. Il demanda à son ami pourquoi il tenait tant à rentrer dans l’église. Pour seule réponse, il reçut une leçon de logique. Lucien, qui ne s’y attendait pas, parvint à faire passer pour de l’humour ce qu’il pensait fort sérieusement :

-Se confesser, bien sûr !...

En avançant dans une allée, tous les deux gardèrent le silence. Lucien sortit les mains de ses poches. Il les essuya sur son pantalon. Elles étaient moites, tendues, presque tremblantes. Il se passa un long moment avant qu’il ne puisse se calmer. Durant ces minutes-là, il repensait aux premiers soupçons repoussés, à ceux qui les suivirent, plus tenaces et plus douloureux, puis vinrent les souvenirs des preuves accablantes, telle cette lettre interceptée où Emile disait à sa femme qu’il « redevenait bêtement amoureux et adolescent ». Surtout, et ceci le laissa perplexe, il réentendit l’horoscope du jour, par la voix de sa femme à peine distordue au jeu de sa mémoire.

-Qu’est-ce qu’on fait là ? demanda finalement Emile. Tu voulais vraiment confesser quelque chose ?

-Ce n’est pas moi qui ai mal agi…

-Comment ?... Tu insinues que quoi…

-Ne fais pas l’innocent, tonna Lucien. Je sais ce que tu as fait… Ce que tu fais depuis longtemps…

-Comment ça, tu sais ce que je fais ?... Je crois surtout que tu ne comprends rien ! Ou bien c’est plutôt moi qui ne comprends rien… Tu as découvert quelque chose ?

-Non, t’inquiète. Je ne sais rien…

-Et crois-moi tu ne veux rien savoir… Tout ce que tu peux entendre ne sera de toute façon que mensonge… Tu te tromperais à te mettre à y croire.

-Je ne suis pas Julia, dit Lucien.

-Et qu’est-ce qu’il y a Julia, tu crois qu’elle pourrait savoir quelque chose ?...

-Comment pourrait-elle l’ignorer ? Tu te fous de ma gueule même les yeux dans les yeux dans une église !...

Et Lucien poussa violemment Emile, qui recula de trois pas.

-Comment peux-tu oser me dire que Julia ne sait rien ?

-Mais parce que je ne lui ai rien dit.

-Rien dit… répéta Lucien. Tu veux dire que tu ne lui as pas dit que tu étais en train de la baiser entre tes lettres mensongères d’amoureux transi !

Emile, certes de justesse, mais avec beaucoup de maîtrise, sut éviter le premier coup de poing de Lucien. Son pied, par contre, atteint sa cible et lui fit plier les deux genoux. Lucien était fou de rage. Il sauta sur Emile, qui ne s’était pas relevé, et lui donna une pluie de coups de coudes dans le foie. De son côté, Emile répliqua faiblement. Il serrait les dents plus qu’il ne criait, tout en repoussant seulement son « ami ». Bientôt, tout de même, il le tapa fort à l’arcade. Le sourcil gauche de Lucien s’humecta de sang et Emile, s’étant dégagé, sortit un pistolet de sa poche. « Qu’est-ce que t’es con ! », dit-il d’abord. Puis il s’essuya le visage avec son avant bras.

-Putain… t’es vraiment con ! Tu ne pouvais pas fermer ta gueule !... Maintenant, tu ne comprends toujours rien à rien… mais moi, j’en ai quand même trop dit…

Emile ne parlait pas à la légère. Pourtant il ne put rester sérieux qu’une seconde.

-Tu sais quoi, je vais te faire plaisir ! Je vais me confesser. Comme tu voulais… Seulement, il ne va pas falloir se plaindre de ce que tu entends… Tu comprends bien Lucien ? Il faudra pas te plaindre de ce qui t’arrive… Maintenant, c’est trop tard pour se plaindre…

-Arrête de me viser… implorait Lucien.

-Et comment pourrais-je m’arrêter ?... C’est de ta faute, tout ce qui arrive… Tu me forces toi-même dans cette voie ! Hein ! Ce n’est pas vrai ?...

-Ma faute si tu te tapes ma femme… s’énervait doucement Lucien. Ma faute ?...

-Ah, Julia, je l’avais oubliée… On peut commencer par là si tu veux. Même si ce n’est pas ce que j’appelle mon meilleur travail… Oui donc, elle te trompait. Elle t’a trompé souvent. Elle t’a trompé depuis le début de votre mariage en fait… Attention, je ne dis pas du tout qu’elle ne t’aime pas. Elle t’aime à sa façon… D’ailleurs, elle n’a jamais eu plusieurs amants en même temps. Mais bon, comme je l’ai dit, ce n’est pas grand-chose… Le meurtre de Venier par exemple, tu dois bien avouer que ça a une autre allure. Tu ne réalises peut-être pas encore… Enfin, quand je le compare aux autres, il ne sort pas vraiment du lot. Il n’y avait pas plus de plaisir, ou bien plus de difficultés… De toute façon, tu connais mes articles. Peut-être, est-ce seulement pour le titre que j’en viens à le placer à part ? Un maire… Ma foi, c’est vrai que c’est du panache !... Tu pourrais quand même dire quelque chose… Tu sais, tu es le seul qui aura l’occasion d’entendre tout ça. J’en connais qui auraient au moins des questions, à défaut d’être seulement surpris… Toi, pas ?... Mon cher Lucien, ce n’est même pas drôle. Tu me pousses dans mes retranchements sans avoir d’arme pour me tirer dessus si j’en sors. Alors ça va se passer comme ça. Avant de retourner chez toi ce soir pour me tirer ta femme, je vais te tirer dessus maintenant. Pan… pan…

-Tu n’oseras jamais ! se releva Lucien, pour un instant seulement, puisqu’une balle venait de lui traverser la poitrine. Il retomba lourdement sur le sol, se brisant la nuque contre un banc. Le bruit du coup de feu avait retentit longuement dans l’église, car sans être gigantesque elle offrait tout de même de l’espace à la litanie des échos.

-Putain, je n’avais même pas fini, grommela Emile, mécontent.

Il regardait Lucien puis tout autour de lui. Le comble d’un meurtre imprévu c’est de ne même pas arriver, se rappela-t-il. Mais son « ami » était bien mort. Emile se demandait quoi faire. Valait-il mieux laisser le corps ici ou le cacher ailleurs dans la forêt ? Y avait-il quelqu’un qui ait entendu le coup de feu ? Dieu veillait-il sur lui ?

Il décida que s’en aller était la meilleure solution. Ainsi, il laissa le cadavre et prit la direction des portes. Il ne savait pas bien comment il arrangerait cet article. « Et encore un autre », pensait-il. Seulement, alors qu’il venait de passer, un prêtre descendit de la chair où il avait été tout le long, d’où il avait tout vu, tout entendu, rien dit ; et il partit pour un sermon.

« Psaume, 1-1 Heureux l’homme qui n’a pas marché dans le conseil des méchants, qui ne s’est pas tenu dans la voix des pêcheurs et qui ne s’est pas tenu dans la voie des moqueurs. Mais son plaisir est dans la loi de Dieu et dans sa loi il lit à voix basse nuit et jour. A coup sûr, il deviendra comme un arbre planté près des ruisseaux d’eau, qui donne…

-Ne commence pas à m’énerver, petit homme en robe ridicule…

-…et dont le pelage ne se flétrit pas. Les méchants ne sont pas ainsi, mais ils sont comme la bale au vent. C’est pourquoi les méchants ne se lèveront pas au jugement ! ni les pêcheurs dans l’assemblée des justes !…

-Ni toi plus jamais dans cette vie ! » dit Emile avant de tirer. La balle atteignit le cœur du prêtre. Celui-ci recula puis tomba en arrière et s’immobilisa au sol dans un bruit sourd. Ne sachant plus trop où donner de la tête, Emile hésita à s’approcher de sa seconde victime du jour. Toutefois, tandis qu’il était en train de s’y rendre, un soupçon de lucidité vint pour éclaircir son esprit et, luttant contre la tentation, eut finalement raison de son idiote curiosité. Il rebroussa alors son chemin. Cependant, après juste un pas, il eut une impression étrange, crut avoir entendu un bruit mais, sans doute apeuré, ne voulut pas se retourner. Il le fit cependant, l’instant d’après, comme il avait entendu quelque objet bouger. De frayeur, Emile se figea : il n’y avait plus qu’un corps inerte. Celui du prêtre n’était plus là. D’un coup, il réapparut du haut de sa chair. Et de là, il cria :

-« Le seigneur est ma force et mon bouclier. En lui mon cœur a eu confiance et j’ai été secouru !... si bien que mon cœur exulte, et par mon chant, je le louerai ! »

Tremblant de tout son long, Emile entendit son cœur battre plus fort qu’il n’aurait pu l’imaginer. Les paroles du prêtre elles aussi lui firent une puissante impression. Il partit à toute jambe et le plus vite possible. Il remonta ainsi la rue principale du village, tourna dans l’allée bordée de lilas et, derrière un talus de foin, il se cacha le temps de reprendre ses esprits. « Qu’ai-je fait, se disait-il. Comment ce que j’ai vu est-il seulement possible ? Comment un homme à qui j’ai tiré une balle dans le cœur peut-il se relever ? …et dire qu’il a été sauvé ? » Son cœur ne contenait évidemment aucune réponse à de telles questions.

Depuis son premier meurtre jusqu’à son « chef d’œuvre » de la veille, Emile n’avait jamais été forcé de commettre un seul meurtre. Tous les crimes qu’il avait commis avaient été parfaitement planifiés, et donc réalisés sans faute. Ce n’était pas le cas aujourd’hui. Emile en avait pleine conscience. « Peut-être vaut-il mieux que je m’en aille tout de suite », se demanda-t-il sérieusement. Il décida donc de partir, quitter le village de tous ses exploits, laisser son poste de « commentateur de lui-même ». Une seule chose à faire avant s’imposait. Il lui fallait passer chez lui pour récupérer de l’argent et s’éloigner le plus possible, au moins pendant un jour, au volant de sa voiture.

Il fit très attention en entrant dans sa maisonnée. Personne ne semblait faire le guet nulle part. Il ne trouva rien de louche et alla ainsi chercher son argent. Une fois en poche, Emile sortit de chez lui. Il n’avait pas, cette fois, regardé si la voie était libre. Et elle ne l’était pas. Il y avait une vague de gendarmes, liés les uns aux autres, qui avançait lentement et qui se brisa finalement sur lui.



Le journal du lendemain contenait une actualité brûlante, tout à la fois tragique, scandaleuse et loufoque. Il y était notamment raconté les circonstances dans lesquelles Lucien fut tué. Pas un mot ne souffla de l’adultère de sa femme Julia. On la plaignait seulement et ceci fut pour elle un immense soulagement. Tout un article encore, mêlant les excuses aux explications, contait les exactions du journaliste Emile Polak. Il avait enquêté sur tous les crimes qu’il avait commis dans le patelin, et le plus important, celui du maire Venier. Surtout, ce qui ne finissait pas d’intéresser tout le monde, et dont tout le monde parlait à voix haute ou basse selon les groupes, c’était le rôle qu’avait tenu le prêtre. Essuyant une balle en plein cœur, il avait été sauvé par sa bible, qu’il gardait dessous sa soutane. La balle s’était stoppée au milieu d’un des Evangiles. Ainsi, il avait pu faire fuir l’assassin avant de le faire enfermer, après un coup de téléphone aux gendarmes. Enfin, l’information du jour, de loin la plus importante et inattendue, concernait l’élection du maire, ou plutôt la réélection de monsieur Venier qui était pourtant mort l’avant-veille du scrutin.

« Je sais bien qu’il est mort, expliquait un électeur. Mais je ne veux pas de changement. »




= commentaires =

nihil

Pute : 1
void
    le 18/09/2009 à 22:35:34
ENNUI.

Je crois que ce texte serait apprécié à sa juste valeur par de nombreux lecteurs. C'est vrai, c'est bien ficelé, écrit correctement et tout. Mais le lecteur zonard n'est pas réellement un lecteur, c'est un...

Euh.

Un trampoline ?

Bref, où sont la cyprine, les hectolitres de sang, les tumeurs cérébrales parasitaires, la psychopathologie convulsive, les nains unijambistes et cannibales, les éléphants, les otaries, les... Je sais pas moi, c'est pas compliqué, pourtant.
Glop-glop

Pute : -1
    le 18/09/2009 à 23:02:29
"Journaliste au quotidien local du patelin", c'est une entrée en matière quelque peu pléonastique.
Das

Pute : 0
    le 19/09/2009 à 00:57:05
Quand je lis un texte, je n'attends pas nécessairement de la brutalité physique pour ainsi dire, mais que que les mots nous fassent violence, qu'ils ne laissent pas le choix aux lecteurs. J'aurais aimé subir ce texte, me faire un peu maltraiter, ou au moins remuer mentalement. Mais il faut bien avouer que c'est mou et que le sujet manque globalement de mordant. C'est clair que l'écriture est lisse et maitrisée, que ça se lit tout seul et que l'auteur mène bien sa barque, même si on comprend d'entrée l'intrigue qui aurait pu être plus finement dosée. Au fond, c'est un peu comme l'article d'Emile; on s'en tape au final, parce que c'est un prétexte. Et ce texte devrait être le prétexte pour nous claquer, il en a les moyens et le potentiel, mais pas la volonté. Chiant donc.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 19/09/2009 à 02:24:38
Pour rendre Zonard ce texte superbement écrit, il suffisait pourtant de remplacer la Bible par un gode michet.
Aesahaettr

Pute : 1
    le 19/09/2009 à 13:44:44
C'est vrai que c'est bien écrit, dans l'ensemble, mais c'est ridicule.
Le mec qui finit la phrase du curé en lui tirant dessus, les dialogues congruents entre des personnages à qui on la fait pas, l'histoire en elle-même. C'est très cinématographique, en fait. On dirait plus un synopsis qu'autre chose. Et c'est vaguement chiant.
Mouais.
Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 19/09/2009 à 19:41:25
Je ne vois pas le rapport entre un patelin de bouseux et Montigny-le-Platane. Ça manque d'Héraklès Navet et/ou d'électrification du peuple, ce truc. En fait, c'est du débile timide, qui laisse remonter à l'avant-plan une intrigue d'un intérêt colossalement rien à foutre.

La dernière phrase est tout de même drôle.

Sinon, ça me semble tout au plus 'correctement' écrit, restons lucides même après une semaine textes de merde, sinon en toute logique on finirait par avoir des orgasmes en lisant d'Ormesson. L'orthographe et la grammaire s'en sortent bien mais, sans que je les note au fur et à mesure, quelques tournures balourdes m'ont frappé, le rythme des dialogues est poussif, le langage peu soutenu ('un peu "ailleurs"' me revient à l'esprit, par exemple).

Dès les deux premières phrases, j'ai un problème: "Au courant de longue date, Lucien n’était pas dupe des sentiments qu’éprouvait sa femme pour un autre. Aussi, quand elle lui annonça la mort du maire, il ne s’en émut que fort peu." Malgré le 'Aussi', je ne comprends par l'articulation logique entre les deux phrases. C'est peut-être claire dans l'esprit de l'auteur, mais le lecteur peine à faire le lien.





Yog

Pute : 2
    le 25/09/2009 à 09:25:15
J'ai aussi eu du mal avec quelques tournures de phrases.

Pour moi ça ne se lit pas "facilement" ça reste assez poussif, comme étiré en longueur ou en large et en travers, je me suis assez ennuyée à la la lecture que je suis fière d'avoir poursuivie jusqu'au bout, j'ai caressé l'espoir d'un barrage en couille à la résurrection du prêtre mais non, je suis déception.
J'espère une suite avec un petit bled dont l'élu municipal soit mort et enterré. J'ai le droit de rêver.

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