La Favorite du Soleil

Le 15/08/2010
-
par Azilyss van Dock
-
Thèmes / Obscur / Autres
Voilà un texte magmatique tout en points d'exclamations et de suspension, d'une écriture assez typiquement hystérique et féminine. Chacun jugera si l'horreur y suinte mais, quoi qu'il s'y passe, ça se passe visiblement autour du bas ventre et des muqueuses, régions suintantes et dégoulinantes s'il en est, voire dégorgantes, parfois.
~ Entre viol divin et délire schizophrénique, quelques mots suintant l'horreur signés de la Plume d'une ombre ~
Lune, une vierge damné sanglote dans ton ombre : ses larmes sont les cristaux extraits de ses souillures. Les mains jointes entre ses jambes, prière que seul le feu de ses entraille entendra, elle tremble comme la flamme d'une bougie qui ne demande qu'à s'éteindre. Elle serre ses doigts ensanglantés autour de son dernier trésor, là, au creux de ses chairs.

Où es-tu, où es-tu ? Petite sorcière, où te caches-tu ?

Meurs, vermine ! Viens m'achever ! Ne t'approches pas de moi . . . Donne à tes bras la rudesse d'une corde et enserre-moi !Je serais ta Mort ! Mets fin à mon agonie . . .Tu me répugnes !

Il y a quelque chose en elle qui n'aurait pas du y être. Reprends cette chose !
Pourquoi tant de sang ? Un fauve tigré. Un fauve d'albâtre. Un fauve au rayures rouges. Sur ses jambes pliées, un entrelacs de vers pourpres. Nébuleuses écarlates sur un fond d'innocence virginale. Ses doigts, cette poix rougeâtre, collante, qu'elle étale autour d'elle . . .

Sors, sors ! Sors de là ! Que m'as-tu donné là ? Qu'est-ce que cette chose ?!

Les vignes sont brûlées. Le linceul est en cendres. Le linceul . . . blanc . . .
La coupe parfaite déborde, le vin coule sur ses mains, des volutes fuligineuses caressent sa nudité. Comme autant de mains cherchant à étouffer son souffle. De rampantes braises altérées . . . Son corps est un ramassis de charognards. Ses jambes frémissent.

Nymphomane ! Ensorceleuse lubrique, catin . . . pure. Les roses ne flétrissent pas.
Où te caches-tu ?

Se recroqueviller dans la pénombre . . . Ne me regardez pas. Qu'as-tu fait ? Je n'en voulais pas . . . Tu es si seule . . . Laissez-moi ! Tu as peur ? Qu'est-ce que la Peur ?

Un hurlement. Elle ne reconnaît pas sa voix. Ses ongles entaillent la chair. Sors, sors. Une main dans les entrailles. Je brûle. Tu le sens qui se débat ? Sors, sors. Arrache tout en même temps. Le sang me mord.
Les vignes sont en cendres. Les roses blanches ne flétrissent pas. Catin ! Victime. Concubine du Démon ! Enfant perdue.
Lune, quand bien même tu pleurerais sur elle . . . les rayons du soleil ont pénétré trop profondément sa chair. Leur langue aux mille dents acérées rampent encore sur ses tripes . . . Ses os sont marqués au fer rouge . . . Et ce deuxième cœur bat plus fort.

Veille sur lui, sorcière. Bourreau, pourriture ! Ne m'abandonne pas ! Je tuerai cette horreur ! Donne moi la Mort que tu m'as promise ! Je viendrai cracher sur ta figure dorée !

Les larmes se sont muées en cris. Déréliction. Haine. Chagrin. Dégoût. Opprobre. Douleur. Elle ne saurait dire ce qui la domine à présent. Ses jambes ne sont plus que deux branches mortes émergeant d'un répugnant marécage. L'eau croupissante a la teinte de la rouille. La bourbe trace des fleurs écarlates sur ses cuisses. Ses doigts se battent contre la marée bouillonnante. Ils cherchent . . . Ils caressent le second Palpitant. Viens ici . . . Tu mets en péril mon dernier trésor . . . Sors tant qu'il en est encore temps . . . Le Soleil n'a point défloré ta pureté . . . L'immonde créature qui t'emprunte un peu de ta propre vie pour ouvrir un jour les yeux . . . c'est elle, la vermine ! Une tâche sur la rose ! . . . Sors !
Lune, une vierge damnée rit dans ton ombre. Son sang est le prix de son innocence. Ses mains crispées broient ce qui ressemble déjà à un tas de chair molle. Elle tremble comme si le soulagement était trop fort pour sa fragile raison. Près d'elle, la flamme d'une chandelle se balance au gré de son souffle saccadé.
Tu es innocente, mon enfant. Plus rien ne salit ta pureté. Entre tes jambes les portes s'ouvrent largement et une foule toute de pourpre vêtue s'écoule et danse sur tes cuisses. Et maintenant, captive du Soleil, sauras-tu refermer la plaie ? Sauras-tu oublier ? Tais-toi . . . et laisse-moi . . . vivre . . .