Bitengranit IV

Le 18/12/2014
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par Lapinchien
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Rubriques / Bitengranit, ou l'Invasion des femmes en bois
La vieille entreprise zonarde d'écriture collective 'Bitengranit' remonte des profondeurs abyssales de l'oubli tel un cadavre de calamar géant, avec ce quatrième épisode commis par Lapinchien et, donc, relevant du débile profond.
Les épisodes précédents :
Bitengranit - Prologue
Bitengranit I - Blanquettestein de Vaux
Bitengranit II
Bitengranit III

Et
Les origine de l'initiative (coupable : Lapinchien).







« Blanquettestein, je suis ne suis pas un animal ! Je ne suis pas un animal ! JE NE SUIS PAS UN ANIMAL ! JENESUIPASUNANIMAL§§§§§§ », se mit à geindre le corpulent golem de pierre en faisant tournoyer son créateur par son nombril dans lequel il lui avait carré un de ses gros doigt graniteux comme il l’avait vu faire sur Canal+ lors d’une rencontre commentée par George Eddie, « Vous tentez de m'extraire de ma condition matérielle, de m'exhorter à de plus intellectuelles aspirations ? Mais je ne suis bon qu’à contempler des documentaires animaliers et les matchs de ballon. J’ai toute la série des cassettes de Très chasse et Histoires Naturelles pour lesquelles j’ai déboursé une fortune sur Ebay ! Je les ai vues des milliers de fois sur mon télécran et je peux sans risque annoncer qu’il n’y a que 3 choses de sûres en ce bas monde :
-   Vous n’êtes pas une balle de basket !
-   Je ne suis pas un harlem globe trotter !
-   JE NE SUIS PAS UN ANIMAL !
Je me serais reconnu dans un de ces excellents documentaires où l’on apprend à achever un gibier blessé en lui brisant la nuque avec la raie des fesses et tout le respect qu’il convient si tel en était le cas… »
De nouveau Blanquettestein tenta, tout en vomissant, de ramener sa créature vers le chemin de la raison. On aurait cru un « toro de fuego » dans une feria d’une petite bourgade mexicaine, avec toute sa gerbe qui giclait en spirale comme des langues de feu (Béni soit le saint esprit) : « J’ai échoué à t’extraire de ta condition matérielle et pourtant j’ai foré profond. J’ai échoué à t’amouracher de la vacuité futile des choses dites de culture générale. Tu trouves que Julien Lepers a une drôle de tête, soit ! Tu as failli me convertir par ton sens subtil du détail morphologique et tes entourloupes métaphoriques minérales, d’ailleurs, mais une victoire écrasante à un tournoi de Trivial Poursuit  par KO et inoculation de l’Ebola à mon adversaire en finale mardi dernier, m’a fait raison garder. Les choses de culture sont fondamentales et j’en ferai la ligne directrice de toute ton éducation, mon enfant.»
 Puis Bitengranit tenta un tir à trois points en visant une bouche d’égout mais il la rata. Blanquettestein tomba sur le sol et il ne rebondit même pas. Preuve donc était faite qu’il n’était pas un ballon de basket, ou tout du moins un doute subsistait : Peut être après tout était-il mal gonflé ?
Le professeur se releva en ravalant ses boyaux comme des spaghettis bolognaise dans un long SLURP  puis entama un laïus désespéré  dans un feulement proche du cri nocturne d’un ragondin en rut :
« Cher Bitengranit, va mon fils, va chercher la baballe ! »
A la fin de ce monologue qui fut finalement plus court qu’il ne m’avait cru paraitre tant l’élan du cœur du vieillard semblait empli de fougue vraie et bien sentie, cet enculé que je commente en temps réel n’ étant qu’un piètre acteur en réalité, il lança le plus loin qu’il ne put de par la meurtrière du donjon  de son laboratoire, une baballe !
« Vas fils, prouve-moi que tu n’es point un animal, enculé, va chercher la baballe ! Même pas vrai d’abord. Et si tu échoues, alors et bien oui, soit, tu n’es même pas un animal et je ne te vénérerai plus que comme un dieu celte ou un truc encore inférieur. Mais en attendant va, prouve ! Et si tu t’en reviens avec la baballe et bien saches que je ne renoncerais point à te bourrer le cerveau de saloperies car bien vaut mieux une tête pleine qu’une tête bien faite et comme t’as déjà une sale gueule d’étron fossilisé, t’as intérêt à réussir le test et puis… »

Mais Bitengranit était déjà bien loin. Pour prouver qu’il n’était point un animal, il l’avait compris, il lui fallait déjà prouver qu’il était au moins un animal. Alors il erra par monts et par vaux et par veaux et pavot à la recherche de la baballe qui était en réalité une boule-bizarre. Je sais bien ce que c’est, j’en ai acheté une à mon chat, c’est transparent et en résine empli d’excroissances aléatoires d’autres boules-bizarres plus petites comme une fractale invisible et bouliforme. Alors ça accumule de l’énergie cinétique que ça conserve en cas de choc sous forme d’énergie potentielle élastique puis ça rebondit aléatoirement, ça métamorphose les accélérations en moment cinétiques, les vitesses translationnelles en vitesses rotationnelles et vis et versa bien entendu,  enfin c’est un truc de ouf qui bondit de partout et qu’on sait jamais quand ça va s’arrêter, te péter tout tes meubles, tes bibelots ou t’éborgner ton chat. C’est un truc cool en résumé.
 Alors Bitengranit, il s’en foutait, il suivait la boule-bizarre en traversant les bois et les vals et les grottes et les collines et les marais et les taillis et les futaies et les halliers et les marécages et les bocages, et les yaourts et les utérus de femmes et les vagins des hommes et aussi les orifices anatomiques de toute autre sorte de trucs. Il cherchait la baballe. Point.
Cependant sa joie désinvolte cachait une profonde dépression à tendance neurasthénique  dépressive cyclothymique et bipolaire et mélancolique aussi. Alors il se mit à écrire pour supporter sa quête trop débile et trop philosophique pour ses neurones en granit.
Il lui fallut beaucoup d’encre, en fait du sang menstruel de jeunes vierges qu’il attendait aux carrefours pour les sacrifier à la déesse Hécate, ces chiennes ! Il trempait son gros sexe en granit dans leur chattes et elles explosaient. Et il peinturlurait avec le sang qui goutait du bout de son gland en granit, des mots sur le parterre.
Puis il finit par tenter de se relire et se remémora qu’il n’avait jamais suivit de cours de rattrapage d’alphabétisation et que merde, ça voulait rien dire ce qu’il écrivait. Merde. Merde. Merde.
 Empli de douleur existentielle et biologique,  il tenta de mettre fin à ses jours en se jetant sous un car pour rattraper la boule-bizarre. Quand il rattrapa la baballe ça lui fit tout drôle et tout dur dans le slip. Le car était rempli de touristes anglais morts terrassés par une surconsommation immodéré de Jelly et marmelade de citron car tous les vols de funer’air avaient été annulés pour cause d’éruption du volcan Jetenküll en Islande et il ne restait plus que la voie des routes pour rapatrier les corps. Fichus échanges culturels et émulation patriotique ! Le car finit dans un ravin tuant dans sa chute tout un tas de végétaux et de microorganismes innocents. Le conducteur mourut noyé dans du vomi putréfié de Jelly et de marmelade de citron.
Bitengranit s'en sortit sans une rayure à son corps de pierre. Il avait rattrapé la baballe. Et alors des questions bizarres se mirent à le tourmenter. « Mon créateur Blanquettestein m’a mis aux défis d’aller chercher la baballe, mais pour cela me fallait-il vraiment l’attraper ? Je ne suis qu’un animal car je n’agis que par réflexe et sottise. On peut très bien aller chercher la baballe sans se bouger le cul et provoquer toutes ces catastrophes que j’ai déclenchées. Ô Misérable moi-même ! »
 Alors Bitengranit laissa tomber la baballe et s’en alla retrouver son créateur au château des Blanquettestein. Puis il engagea un détective privé pour retrouver sa boule-bizarre.