LA ZONE -

Séniles et usés.

Le 26/02/2015
par Mill
[illustration]
Séniles et usés.


Hier, assis, rassasié, pas si frais mais repu, je rêvais.

    Pas bien loin derrière moi, gloussaient deux méritantes. Bavassant, cancanant, elles discutaillaient bruyamment, glapissantes et doucereuses.

Elle, effilée, fraîche et molle, souriant, chamarrée.

    (Bonasse, connasse, pensai-je, distraitement, volontiers fainéant du glorieux cogitant.)

    L'autre elle, harassée, plus vieille ou bien plutôt vieillie. Par qui ? Par quoi ? Et pourquoi, et comment ?

    (Ouh là, dis-je en dedans de moi-même, puisqu'en vrai je m'en fous.)

    Elle (qui clabaude et japit) : « Hihihi! »

    C'est chiant, suraigu, ça me dévisse et vrille, je veux cesser d'entendre.

    L'autre elle surenchérit, moins aiguë mais pénible.

    Ah mais taisez-vous, goguenardes ! J'aimerais lire apaisé.

    Elle, la cruelle, hurlant et grognant, pourquoi, je ne sais : « Vilaine ! Bigote ! Ventrue ! Tu ne le mérites pas et d'ailleurs il t'aime plus !

    - Comment oses-tu ? » répond la deuxième elle, courageusement revêche mais pas franchement rebelle.

    « C'est moi qui t'ai faite ! » se charge-t-elle d'ajouter. « Je t'ai vêtue, habillée...

    - C'est pareil, c'est kif-kif, c'est idem ! » interrompt la plus jeune.

    - Ferme-la ! » reprend la ridée. « Je t'ai appris à être autrement que toi-même : sexy, élégante et divinement chaussée. Parfumée par la... comme une... comme heu... les quoi qu'est-ce qui fleurissent là, je sais plus comment on dit. »

    La plus lisse et rosée, se moque, hystérique. Elle hulule et ça grince :

    « ELLE SAIT PLUS ! ELLE SAIT PLUS ! HAHAAA ! »

    Pas si loin, ça m'ennuie.

    Et la joyeuse poursuit :

    « T'ES VIEILLE ! T'ES TROP ARCHI-MEGA VIEILLE ! T'ES LIQUIDE ET SENILE ! Flasque et rêche, intérieurement sèche. Une osseuse, un cassante, une qui se rappelle plus rien ! Qui a oublié jusqu'à son propre... »

    CLAC !

    Ca résonne fort et ça dure longtemps.

    Pas si loin, je me lève, je me tire, ou l'on vient me chercher, je sais plus, c'est pas grave, oublier, finalement, c'est parfois ce qui nous reste.

    Eh bien soit, je vous suis, oui, j'arrive, mais je ne boirai rien, je ne prendrai rien, je me contenterai de manger quand il faudra manger.

    Puisqu'il faut bien manger.

    Excusez-moi. Vous êtes qui, au juste ?








Où l'on mentionne celui qui ne voit pas et qui conséquemment souhaite entendre celui qui voit lui ra


Celui qui ne voit pas (autoritaire) : Racontez !
    Celui qui voit (réticent) : Oh lala... Quoi encore ? Que voulez-vous savoir ?
    Celui qui ne voit pas (directif) : M'enfin, eux, là-bas ! Qu'est-ce qu'ils font ?
    Celui qui voit (manifestement las) : Ben rien. Qu'est-ce que vous voulez qu'ils foutent ?
    Celui qui ne voit pas (insistant) : Ah mais racontez donc, vous dis-je ! C'est un peu pour ça que je vous paye, après tout.

Celui qui voit (suffisant) : Ouais, bon... Il lui parle.
    Celui qui ne voit pas (suspicieux) : Il lui parle... Qu'est-ce que vous insinuez ? Il lui parle comment d'abord ?
    Celui qui voit (défensif) : Oh là, hé, je sais pas, moi ! Il sourit, elle sourit, je suppose qu'il la drague et qu'elle laisse faire.
    Celui qui ne voit pas (véhément) : JE M'EN VAIS VOUS ETRANGLER SI VOUS...
    Celui qui voit (alarmé) : Ne criez pas ! Je crois qu'ils nous ont vus.
    Celui qui ne voit pas (inquiet) : Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
    Celui qui voit : Lui, déjà, eh bien... Il regarde vers nous.
    Celui qui ne voit pas (tyrannique) : Réagissez, voyons !
    Celui qui voit (désemparé) : Réagissez, réagissez... Que voulez-vous que je fasse ?
    Celui qui ne voit pas (inepte) : Eh bien, sifflez !
    Celui qui voit (résolu) : C'est absurde.
    Celui qui ne voit pas (rageur) : Vous n'avez qu'à regarder ailleurs !
    Celui qui voit (ironique) : Je vous remercie, c'est brillant. Heureusement que je vous ai pas attendu... Oh oh...
    Celui qui ne voit pas (angoissé) : Quoi oh-oh ? J'aime pas vraiment ce oh-oh...
    Celui qui voit (évasif) : Disons que vous et moi, on n'existe plus.
    Celui qui ne voit pas (buté) : « Nous » n'existons plus, s'il vous plaît. Restez grammaticalement correct.
    Celui qui voit (accablé) : Si vous voulez...
    Celui qui ne voit pas (impatient) : Bon, alors. Ils en sont où ?
    Celui qui voit (ennuyé) : Ben là, il lui dégrafe le...
    Celui qui ne voit pas (hurlant) : NON !
    Celui qui voit (rocailleux) : Si. Et il lui mange la...
    Celui qui ne voit pas (gémissant) : NON ! C'est inhumain !
    Celui qui voit (agacé) : Ah mais dites, j'aimerais bien finir mes...
    Celui qui ne voit pas (glacial) : Taisez-vous ou je vous vire.
    Celui qui voit (fluide) : Bon. (Il se tait longuement.)
    Celui qui ne voit pas (brusque) : Visiblement...
    Celui qui voit (fielleux) : Visiblement ? Ca ne vous sied pas terrible...
    Celui qui ne voit pas (clinique) : Visiblement, disais-je, vous avez décidé de me les briser menu. Je me trompe ?
    Celui qui voit (narquois) : Vous m'avez dit de me taire.
    Celui qui ne voit pas (courroucé) : Je parlais pas de ça ! Qu'est-ce qu'ils manigancent, présentement ? Dites-le moi ou je vous étrangle !
    Celui qui voit (allusif) : Eh bien disons qu'elle pourra plus s'asseoir avant longtemps.
    Celui qui ne voit pas (sonné) : Carrément ?
    Celui qui voit (sonnant) : Carrément.
    Celui qui ne voit pas (prostré) : C'est atroce d'être moi, là maintenant.
    Celui qui voit (empathique) : Je vous crois, je m'en doute, je conçois, voire, je compatis. Mais quand même...
    Celui qui ne voit pas (interloqué) : Quoi ?
    Celui qui voit (intéressé) : Pourquoi insister pour tout savoir ? Si elle vous trompe, c'est triste, désolant, ignoble, tout ce que vous voulez, je veux bien l'admettre. Mais voilà, elle vous trompe et c'est marre. Pourquoi souhaitez-vous absolument tout connaître le plus précisément possible du moindre petit... ?
    Celui qui ne voit pas (sec) : Arrêtez-vous là, je vous vois venir ! Enfin, quand je dis je vous vois venir...
    Celui qui voit (compréhensif) : Oui, oui, passons... Cela dit, je vous assure que...
    Celui qui ne voit pas (cassant) : Ta-ta-ta ! Vous insinuez que ça m'excite. J'ai bien compris.
    Celui qui voit (mielleux) : Ah non-non-non, pas du tout... Qu'est-ce que vous allez chercher ?
    Celui qui ne voit pas (définitif) : Suffit ! Ils font quoi maintenant ?
    Celui qui voit (distant) : Lui, plus rien. Pas même sûr qu'il respire encore. Faut dire qu'il a quand même bien donné. Elle, par contre, je dirais qu'elle les a toutes deux baladeuses, courageuses et travailleuses.
    Celui qui ne voit pas (attristé) : Vous voulez dire... sensuellement ?
    Celui qui voit (hésitant) : Sensuelle, sensuelle... Plutôt lubrique, m'enfin, c'est vous qui voyez. Enfin, j'veux dire...
    Celui qui ne voit pas (hâtif) : C'en est trop, je vous vire.
    Celui qui voit (agressif) : Je serais vous, je m'abstiendrais. Voyez-vous, qu'est-ce qui m'empêcherait de me la taper ?
    Celui qui ne voit pas (craintif) : Vous feriez ça ?
    Celui qui voit (menaçant) : J'me gênerais !
    Celui qui ne voit pas (changeant) : Et précisément, vous lui feriez quoi ?
    Celui qui voit (surpris) : Vous êtes pas clair, vous...
    Celui qui ne voit pas (s'excitant) : Allez, quoi ! Racontez !
    Celui qui voit (conciliant) : Ok, mais faudra me payer plus.
    Celui qui ne voit pas (radin) : Vous exagérez un petit peu, là. Déjà que vous vous tapez ma légale.
    Celui qui voit (philosophe) : Jusqu'où sommes-nous donc capables de nous abaisser, je vous le demande.
    Celui qui ne voit pas (socratique) : Génial, parfait, brillantissime ! Je suis pervers, vous êtes vénal, tout va bien, c'est réglé. Qu'est-ce qu'ils font maintenant ?
    Celui qui voit (rétif mais pas trop, parce qu'esthète malgré tout) : Elle est agile, hein. Ca crapahute sévère. Sur du velu, du tendre, du pileux, mais aussi sur du sacrément dur, du bien ferme et du doux. Elle sautille aussi un peu.
    Celui qui ne voit pas (mal-comprenant) : Elle sautille ?
    Celui qui voit (affirmatif) : Parfaitement. Elle sautille, je confirme.
    Celui qui ne voit pas (interdit) : Sur son...
    Celui qui voit (neutre) : Affirmatif.
    Celui qui ne voit pas (glouton) : Et lui ?
    Celui qui voit (dramatique) : Ah lui, c'est impressionnant, vraiment. Calme, professionnel, inventif. Alors là, je m'incline... Tout y est.
    Celui qui ne voit pas (jaloux) : C'est ignoble ! Taisez-vous ! Je ne veux plus y penser.
    Celui qui voit (taquin) : Pourquoi ? Vous visualisez ? Vous voulez que je vous laisse tout seul avec de quoi vous essuyer ?
    Celui qui ne voit pas (misanthrope) : Vous trouvez ça drôle ?
    Celui qui voit (soudain sourd) : Ca aussi, ça se paye. Autant que vous le sachiez. Va peut-être falloir penser à m'augmenter...
    Celui qui ne voit pas (le coupant net) : Et là, elle sautille toujours ?
    Celui qui voit (pris de court) : Non. C'est flou. C'est comme si elle rebondissait.
    Celui qui ne voit pas (bouillant) : C'est un violent ! S'il la tabasse, il faut intervenir illico !
    Celui qui voit (apaisant) : Rien de tel, je vous assure. C'est juste qu'il arrête pas de la retourner, par devant, par derrière, par devant, par derrière... Et ça dure ! Dites, ça doit être super crevant.
    Celui qui ne voit pas (endormi) : Prévenez-moi dès qu'ils passent à d'autres...
    Celui qui voit (criant fort) : LA ! CA Y EST ! ENFIN ! ELLE LE SUCE !
    Celui qui ne voit pas (applaudissant) : Ah, tout de même !
    Celui qui voit (redondant) : Ben oui, bien obligé, non ?
    Celui qui ne voit pas (ravi) : Enfin quelqu'un qui reconnaît que...
    Celui qui voit (dithyrambique) : Excusez-moi de vous interrompre, mais c'est pas que je le reconnais. Je le revendique ! Voire, je milite.
    Celui qui ne voit pas (pacifique) : Vous militez ?
    Celui qui voit (explicatif) : Oui, heu, discrètement, humblement, secrètement... J'en ai convaincu plus d'une, vous savez ?
    Celui qui ne voit pas (grégaire) : Incroyable. Après si longtemps, je rencontre enfin un fervent...
    Celui qui voit (aboyant) : C'EST PAS POSSIBLE !
    Celui qui ne voit pas (affolé) : Qui-quoi-qu'est-ce qui se passe ?
    Celui qui voit (admiratif) : Incroyable ce qu'elle avale ! Franchement, je suis épaté.
    Celui qui ne voit pas (pas peu fier) : Pas pour rien que je l'ai épousée.
    Celui qui voit (épouvanté) : Vous êtes dégueulasse.
    Celui qui ne voit pas (consentant) : Et riche. Et je vous emmerde. Et qu'est-ce qu'ils font ?
    Celui qui voit (morose) : Lui, rien. Il a giclé. Elle ahane. Elle semble mâcher.
    Celui qui ne voit pas (concluant) : Mâcher ? Etonnant, étonnant... Maintenant, fermez-la, je me tripote.

= commentaires =

Dourak Smerdiakov

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Pute : 0
ma non troppo
    le 26/02/2015 à 21:58:34
Bon, ça respecte les règles, merci d'avoir joué avec nous mais, en toute sincérité, le résultat est complètement naze. L'impression de ne pas avoir compris une blague, ou un rebondissement, comme si j'avais forcément dû passer à coté du truc, ce n'est pas possible. En dehors du contexte du concours et de la contrainte (triple con dans les oreilles), clairement, ces textes n'existeraient pas, et on ne les aurait jamais publiés.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 27/02/2015 à 08:31:38
Fondamentalement Dourak, tu l'auras bien cherché : la Zone n'est pas soluble dans l'Oulipo. Nous devrions en tirer d'ailleurs des leçons pour l'avenir et ne lancer des initiatives qui font appel dans le cadre de la ligne éditoriale du site à l'inspiration des participants avec le moins de contraintes possibles, et non à leurs aptitudes techniques à slalomer entre les piquets du Bescherelle et du Bled, en les notant par ailleurs sur leur prestation artistique. Je n'ai cependant aucun doute sur la laudabilité de ton esprit ludique : Ô Déesse de la langue de Molière incarnée, nourris-nous de ton sein du nectar et de l'ambroisie, du limon originel des subtilités de notre langue, et de la cyprine de Marianne.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 27/02/2015 à 22:15:53
en même temps c'est assez facile de le dire après coup
Mill

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Pute : 1
    le 28/02/2015 à 11:43:06
Comment dire ? Pffff...

Désolé d'avoir posté trop tard, c'était en toute bonne foi. Ca c'est une chose.

Pour le reste, je me permets de signaler que j'ai au moins essayé de raconter non pas une, mais deux histoires. Et c'était pas facile du tout, vu le cahier des charges.

Effectivement, fallait pas proposer de simples exercices de style. C'est exactement ce que je vous ai refilé - et avec enthousiasme, bigre - des exercices de style avec un vieux richard aveugle qui paye un type pour espionner sa femme et trois vieillards atteints d'alzheimer.

Franchement, vu vos productions respectives, certes amusantes, mais qui ne reflètent qu'une once assez ridicule de vos talents, je vous trouve un peu sentencieux-puent du cul sur les bords.

Sinon, je donne des hamsters en ce moment.
Lapinchien

tw
Pute : 7
à mort
    le 28/02/2015 à 12:24:05
Autant je loue la sincérité et la droiture de Dourak qui arrive à dissocier dans ses jugements objectifs, résultat et contexte, autant je trouve qu'il se fout de la gueule du monde lorsqu'il titille Mill sur la deadline quand on connait son casier judiciaire dans le domaine surtout dans le cadre de la Saint Con où Dourak est toujours le dernier à remettre sa copie tout en étant juge et partie , étendant la date buttoir jusqu'à ce qu'il soit satisfait de son texte et bien entendu après avoir lu ce que les autres avaient produit, probablement pour ajuster ses œuvres au niveau de la production annuelle. Personnellement, je remercie Mill qui me permet de commencer ma campagne coups bas et tacles de pute de Saint Con 2015.
Poète maudit
    le 03/03/2015 à 16:41:48
J'ai pas lu, j'ai pas aimé ton style pompeux et immédiat. Retourne à Calais baiser ta mère.
HaiKulysse

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Pute : 2
Poète maudit    le 03/03/2015 à 16:52:21
A Poète maudit En voilà de l'argumentation !
Mill

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Pute : 1
    le 04/03/2015 à 23:15:29
"J'ai pas lu, j'ai pas aimé ton style..."

Y aurait pas une contradiction dans les termes, là.

Retourne dans le con de ta mère baiser une huître, Poète maudit.
Mill

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Pute : 1
    le 04/03/2015 à 23:15:31
"J'ai pas lu, j'ai pas aimé ton style..."

Y aurait pas une contradiction dans les termes, là.

Retourne dans le con de ta mère baiser une huître, Poète maudit.
Mill

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Pute : 1
    le 04/03/2015 à 23:15:34
"J'ai pas lu, j'ai pas aimé ton style..."

Y aurait pas une contradiction dans les termes, là.

Retourne dans le con de ta mère baiser une huître, Poète maudit.

Commentaire édité par Mill le 2015-03-04 23:15:58.
Mill

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Pute : 1
    le 04/03/2015 à 23:17:05
Connexion de merde, j'ai posté trois fois.

Retournes-y donc trois fois, poète maudit.

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