16. C'est mieux quand c'est la voix dans ma tête qui le lit #SaintCon2016

Le 17/04/2016
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par Lourdes Phalanges
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Thèmes / Saint-Con / 2016
Texte en compétition dans le cadre de la #SaintCon2016. Les textes humoristiques et maîtrisés sont rares cette année, et par là, j'entends ceux qui évitent l'écueil des calembours inutiles en série qui sont plus du domaine de la psychanalyse, du divan, d'une déclaration d'amour au cannabis, que d'une volonté réelle de l'auteur de chatouiller son lectorat subtilement, alors précipitez-vous, dévorez ce texte drôlissime, excellemment mené dans une retenue digne d'un rendez-vous élite-rencontre et un exotisme marocain garanti 100% sans Humphrey Bogart, sans traces ni même poussières d'Ingrid Bergman. La fin mystérieuse fait basculer l'intrigue dans une dimension cachée quelque part entre la scène d'un film de Kubrick et une fiche de Julien Lepers dans Question pour un Champion. Cette tentative de déstabilisation n'a d'autre effet que d'ajouter une surcouche charismatique à l'oeuvre. Alors régalez-vous. Cette année, l'auteur des textes demeure anonyme jusqu'au verdict des votes pour ne pas les influencer. Rappelons qu'il vous est toujours possible de poster une ou plusieurs contributions pour briguer le titre de Grand Inquisiteur de l'Ordre de Saint-Con, avant le 17 Avril et plus si affinités.
Bédouine, elle sentait bon le sable chaud, perdue au milieu des dunes de Merzouga.

Babouin, j'agrippais ma banane chaude, dressée, et lasse de ne point être enfournée dans cette oasis inexplorée.
L'innocence même, et moi, le colon-touriste, gorgé de tous mes ismes : humanisme, cynisme, Mary Popisme.
Un con dans un con, le terme est leitmotiv, borborygme, pointu comme une crête. C'est indémodable, comme le nazisme. Et ça se glisse partout : "Oh, le con ! Putain, j'suis con ! Haha, regardez-moi ce con !"
Mais revenons à ma Rosace des Sables et switchons à la 3ème personne, la vue subjective nuit au gameplay.

Apeurée mais prête, au fond d'elle, à recevoir, au fond d'elle, cette punitive mais roborative mais un peu large offrande allogène, notre belle bédouine fit mine de reculer. L'horizon silencieux n'était que dunes et ravines. Elle remonta son voile sur son visage, laissant échapper quelques mèches couleurs nuit, ce noir pénétrant dont on ne se démet pas comme ça, loin, bien loin du blond fade qu'on nous vend à longueur de fantasme photoshoppé. Ses yeux, ses lèvres, le grain de sa peau n'étaient pas du même espace-temps. Point de séduction ou de simulacre, l'appréhension était réelle. Sa robe à motifs n'évoquait rien d'autre que le terme "exotique".

L'étranger, d'abord impassible, l'attrapa et l'embrassa avec force, lui faisant perdre l'équilibre. Il mordilla son cou tout en déchirant sa robe, déboutonna ce qui lui servait de falzar et tapa dans le fond sans sas de décompression. A sa grande déception, l'hymen n'était plus et il se rappela qu'on s'ennuyait aussi ferme au beau milieu de nulle part. Coïncidence ou pas, il se rappela également que les Inuits avaient non pas 12 mais bien 3 mots différents pour désigner la neige.
La Bédouine était complètement soumise, posséder par le bougre. Ses cuisses tremblaient comme jamais. Il mit deux doigts dans sa bouche, l'étouffant presque. Puis, il y enfourna son mandrin, l'étouffant carrément. Il revint ensuite en elle, pour leur plus grand plaisir mutuel.

Après 15 bonnes minutes de va et viens vraiment pas gentlemen, il jouit dru sur son imposante poitrine, la forçant ensuite à lécher la moindre particule de presque-vie. "Dépêche, ça va sécher" dit-il, puisqu'il nous faut bien un peu de dialogue, et il l'encula près d'une branche sèche, toujours dur qu'il était. Elle lacérerait son dos, ne sachant pas s'il la torturait ou lui offrait les clefs d'un monde nouveau où la recherche d'eau et de nourriture n'était plus qu'un lointain souvenir. A chaque coup de boutoir, elle gémissait de plaisir et de douleur mêlée, et son organisme s'acclimatait à ce corps étranger vivace. La loi du plus fort, l'évolution : sa peau d'ébène lui avait été transmis par ses ancêtres afin de faire du soleil un compagnon de route, cette turgescente excroissance upgraderait sûrement son code génétique. Au pire, elle découvrirait là une nouvelle cachette pour son gouter.

Il la retourna pour la très efficace levrette. La position lui semblait plus familière, elle avait dû passer du temps à observer les dromadaires, car il n'y a pas de chameaux au Maroc. D'ailleurs, pour ne pas les confondre, petit moyen mnémotechnique : cha-meau, deux syllabes donc deux bosses et dro-ma-daire, trois syllabes donc une bosse car trois bosses, ça n'existe pas. Il lui attacha les mains avec son voile et agrippa ses seins. Une poitrine lourde et prometteuse, qui devrait pouvoir nourrir une longue lignée, métissée ou pure race. Il attrapa ensuite sa crinière à la racine. Elle psalmodiait. Enfin, c'est ce qu'il imaginait, car la barrière de la langue n'avait toujours pas été brisée, malgré les grands coups de râpeuse qu'il avait assénés au clitoris de la belle du désert. Il était comme ça le gars, sympa et tout.

Cambrée, son sexe tout entier offert à l'inexorable action de la nature, ses genoux frottaient contre le sable devenu brulant. Un vent léger vint caresser ses joues et les fessées de l'étranger échoïsaient entre les dunes, entrecoupant les râles de la soumise. Tout près, les bousiers roulaient leur cargaison impassiblement.

Les jumelles, qui avaient servies à traquer notre Bédouine, prenaient la poussière sur le sable. Et par un habile jeu de réflexion, renvoyaient directement les rayons du soleil sur le sexe de la jeune femme. Son délicieux con brulait. Le gland du Blanc également. Un buisson ardent, la cyprine comme ultime carburant.

La friction n'aidait pas nos deux amis. Lui aurait pu s'en dépêtre mais non, il avait trouvé chaussure à son pied dans un monde où les culs-de-jatte sont légions. Il était une épée, elle était son fourreau. Ils jouirent en même temps, la petite mort rejoignant la grande. Le feu gagnait à présent le reste de leurs corps. Il n'y avait alors plus d'étrangers, de riches ou de pauvres, seulement deux amants que l'on découvrirait dans 1000 ans et qui désormais dansaient, enlacés pour l'éternité.

                                                                
                                                                         ***

Je suis l'arbre et la forêt
Le prisme et les couleurs
Celui sans qui vous ne vous réveillerez pas le matin, sans qui vous ne pourriez pas vivre et vous plaindre de votre vie, constamment, incessamment.
Je n'ai pas de nom, à peine une ombre, un souffle
Je suis de passage, pour toujours.
Je suis de toutes les révolutions, de toutes les contre-révolutions, de toute espèce d'organisation bâtie hier, ici, demain.
Je suis celui qui rythme la danse, arrange les accalmies; celui sur lequel jamais personne ne parie et pourtant
Vous vociférez, c'est grâce à moi. Vous aimez, c'est grâce à moi. Vous tremblez, tuez, acclamez : encore moi.
Une fonction, toutes les fonctions. Une cause et toutes les conséquences : Vous êtes car je suis.
Quand viendra la fin, je n'aurai pas vécu, mais servi.
Pas une larme, rien.
Je suis un Con, brûlez moi.