21. Voyeur #SaintCon2016

Le 20/04/2016
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par LePouilleux
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Thèmes / Saint-Con / 2016
Texte en compétition dans le cadre de la #SaintCon2016. Cette étude américaine anthropologique se focalisera sur l'onanisme, la masturbation, la veuve poignet, madame cinq doigts en étudiant les pratiques et l'imaginaire fantasmagorique de Marc-Antoine et ce afin de mieux cerner comment border l’insomniaque, cirer la tige, cirer le pingouin, s’astiquer le manche, contribuer au chiffre d’affaires de Kleenex, effeuiller le baobab, étrangler le borgne, faire cracher le python, faire pleurer le petit jésus, mettre du ketchup sur sa frite, moucher le cyclope, polir le mât, s’astiquer le chinois, zapper sur manuel, se battre les couilles en neige, se branler, se cirer le manche, se crosser au Québec, se dégorger le poireau, se faire une soirée magnéto-sopalin, se graisser le salami, se livrer à l'auto-érotisme, se lustrer l'asperge, se manuéliser, se palucher le poireau, se passer un poignet au Québec, se pignoler, se pogner le bat au Québec, se poignarder comme un chien, s’astiquer le missile, se polir le chinois, se raboter le gourdin, se reluire le bibelot, se séguer en Provence, se taper sur la colonne, se taper une queue, s’astiquer le poireau, se tirer sur la nouille, se queuter, bref, tirer sur l’élastique. (Source Wipedia ou Pierre Perret, je sais plus) Cette année, l'auteur des textes demeure anonyme jusqu'au verdict des votes pour ne pas les influencer.
Marc-Antoine, 35 ans, avait le pantalon rabattu jusqu'aux genoux tel un chrysalide en pleine mutation. Sous ses fesses, une auréole de transpiration s'était amalgamée au drap du sofa. L'échine pliée pour mieux distinguer l'écran posé devant lui, on eut cru qu'il était entièrement l'esclave de cette froide machine.
Nuits après nuits il s'adonnait au voyeurisme avec une passion et une minutie qui, appliquées à toute autre activité, l'auraient fait paraître brillant aux yeux de la société. Il allait au gré de ses navigations facebookiennes, égrainant les profils de jeunes filles désirables ; son but était de récolter les photos les plus excitantes possible à son goût. Il adorait son terrain de jeu nocturne : le plus large réseau social du monde était le point de convergence parfait entre exhibitionnistes (conscients de l'être ou non) et voyeurs. Il n'y avait même plus besoin de se déplacer pour récolter, la fenêtre virtuelle abolissait les frontières physiques entre ces deux catégories de déviant, annihilant par là même les risques encourus dans le réel par celui qui épiait.
Marc-Antoine était particulièrement friand des selfies en maillot de bain ou en tenue de fitness, mises en images ardentes de grognasses vivant à l'autre bout de la Terre, bien loin de sa vie de minable. Il les recueillait dans sa bible numérique comme on aurait récolté des gemmes rares et uniques sur une plage de sable fin. Les jeux du tissu frottant contre la peau, ce que le vêtement acceptait ou non de révéler, ou de suggérer, cela l'échauffait terriblement. Il accordait une importance particulière à la candeur et à la délicatesse de ses modèles masturbatoires. Sa Némésis était la vulgarité. C'était donc à travers les arcanes secrets de son désir qu'il prenait son pied ; une machine raffinée à ses yeux, qui lui permettait de participait par la suite au viol consenti de sa main. De par son addiction qui dépendait du sublime érotisme (et donc de la force de l'imagination) plutôt que de l'immonde industrie pornographique (véritable béquille du désir), il se considérait comme une sorte d'aristocrate de l'onanisme face à la piétaille palucharde des Youporn et consorts.
Il lui arriva, lors d'une de ces interminables courses à la souillure silencieuse et solitaire, de s'assoupir et de faire un rêve étrange. Il était le chef d'un équipage de vaillants corsaires hollandais perdus au milieu d'une jungle de corps et de visages féminins anonymes:

« -- Attendez maître on est pas très sûrs là. Ces donzelles là, on doit en faire quoi ? Elles sont toutes relativement jeunes, et bien formées. Elles peuvent ptêtre servir à procréer un peu ... à procréer (héhé). 
--  Elles sont toutes nues sous leur jupette, elles ont leur maillot d'une ficelle, des soutiens gorges bien légers : un p'tit coup de vent, un p'tit coup de vent /// 
--  Helmüt, tu exagères. Nous allons faire ça bien. C'est moi qui choisirait les donzelles les plus à même d'êtres sélectionnées. 
--  Mais Lodevijk est le plus ancien ici et le plus expérimenté !!! Il faut le désigner, il est l'Homme de notre équipage, il pourrait engrosser un tonneau. 
--  Nooooon je suis votre capitaine, je vous le dis nnnnnnnnnnnon. Ce sera moi et personne d'autre qui choisira les femmes à capturer et à étudier profondément. Chef des canots
préseeent ????/ ?. ?./ ?  
--  Cannooooooot paraît!!!! Mon capiTAINE.

--  BIEN.

--  C'est parti ! Vans, Buyg, RENSY, VLAVELMAN, PUYTR AVEC MOI !!! ! !! ! ! ! ! ! ! ! ! !! !! 
--   Monsieurmonsieur Monsieur : il y en a qui ont fait l'armée, les filles !!! Elles utilisent des tactiques de fuite pour mieux nous disperser dans nos recherches. 
-- CHEF CHEF ; pourquoi on napalmise pas tout ÇAÇAÇAÇAÇAÇA ,,, :;:;:;:; 
--  Mais es-tu fou PUYTR ? Cela ne se fait, convention de Geunève ma couille ! On fait des guerres propres maintenant, comme si on jouait aux dames sur un échiquier, là, de suite, "guerre humanitaire post-bush". 
--  SISISISISISSISSISSISISISIRE code rouge code rouge >>> nous sommes tombés sur des prépubères (au cul bien développé cependant) il faudrait se dégager de la zone, c'est inadéquat, il y a des risques de se blesser.

-- Très bien, part à travers ses amies et claque sur celle qui a l'air adulte, on change de branche relationnelle. Nous avons trouvé un profil plus âgé correspondant, allons prendre l'alcool en attendant, bordel y a que des moches... 

--  Erreur nous sommes tombés chez les américains puritains.
Allez, en deux profils on trouve une bonasse. »

À tout ceux qui lisent d'une mine faussement dégoûtée : rappelez-vous que l'alcool et la misère sexuelle lui permettaient de chasser assez facilement les fantômes de sa dignité personnelle. Dans son état on pouvait facilement tout se permettre. L'homme devenait en quelque sorte son propre Dieu, affranchi de ses barrières morales qui, une fois qu'il les avait enjambées, s'avéraient telles qu'elles devaient être à ses yeux : inoffensives et insignifiantes. Aussi une partie indéterminée de son cerveau avait décidée de lui offrir ce pieux mensonge pour remédier à un éventuel dégoût de soi : sa lubie érotico-sexuelle pouvait avoir une vertu pédagogique. Elle lui permettrait d'atteindre des sommets inaccessibles au commun des mortels, une sorte de rédemption mystique à travers l'intense satisfaction du vice auquel il était soumit ; dans le but final de faire éclater celui-ci tel un foie trop nourri. Sa collection d'images qu'il agrandissait au fil des heures sacrifiées à ces pérégrinations virtuelles était devenue gargantuesque, la bibliothèque complète du petit voyeur. Il avait le secret espoir non pas de l'effacer une fois le Salut arrivé, mais de la léguer à un autre malheureux atteint de la même lèpre perverse, afin qu'à son tour celui-ci rejoigne la plénitude dans l'abjection.
Ces longs moments de pougnages infâmes marqueraient dès lors l'avènement d'un Marc-Antoine nouveau, pur et lavé de tout ses péchés. Entre hédonisme et culpabilité chrétienne, il avait adopté la troisième voie théosophique, celle des purs névrosés, des tiraillés du ventre : celle des jouisseurs honteux.
Ainsi, pour le moment, l'image générale qu'il donnait de lui-même était celle d'un enfant pataugeant dans ses propres excréments en attendant qu'une éventuelle main divine vienne l'en sortir. Mais qu'importe, lui, on ne le voyait pas.
Et dans le noir de son appartement, il persistait à frotter inlassablement son bout de silex. Bientôt, de cette enveloppe souillée jaillirait un grand feu purificateur.
Puisque son esprit était vaincu, sa chair l'était aussi.
Ou l'inverse, la prostituée de sa grand-mère je sais jamais.