Le compromis des champs de coton

Le 30/11/2016
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par Philippe AZAR
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Thèmes / Polémique / Société
J'ai longtemps hésité avant de publier ce texte. J'en ai parlé avec d'autres admins et on en est très vite venu à le comparer aux textes de Cauda. Très clairement, les textes misogynes de ce dernier étaient de la provocation faisant écho aux propos de Donald Trump. Ici, il s'agit de grosse confusion mentale autour du racisme. Il est inscrit dans la ligne éditoriale de la Zone que les textes racistes ne seront pas publiés. Quand on lit la conclusion de ce texte "Et, ils veulent qu’on s’accorde entre races..." déjà "ils" je ne sais pas qui c'est donc on tape tout de suite dans le conspirationnisme de base et puis on comprend que le narrateur adhère à une classification par races des gens, ce qui est le propre du racisme quand même. Pas d'équivoque donc, c'est de la confusion mentale formalisée même si on sent que le narrateur a un bon fond, il n'a pas les outils logiques pour construire une vraie argumentation. Il tient des propos, puis les infirme par des contre-exemples, puis tient les thèses opposées sans s'en rendre compte et tente de les étayer par des exemples, un procédé tout à fait fallacieux. La publication de ce texte est donc une invitation à la polémique et à la clarification dans les commentaires.
Nouvelle romantique inédite sur la couleur des gens
Le compromis des champs de coton

Philippe AZAR


J’entends qu’un sniper noir s’est amusé à descendre un maximum de policiers blancs. Je ne sais pas s’il avait envisagé des pertes. Des noirs, des enfants, des femmes noires et blanches, des animaux, des hommes blancs, des fleurs. Non pas les fleurs. Les fleurs ne sont jamais considérées comme des victimes.
Je ne sais pas, si on se pose réellement ce genre de question dans pareille situation. Qui sait, mis à part un tueur ?
Il avait tout simplement envie de faire coulé du sang, de faire gicler du boyau sur les murs, d’écraser de la cervelle de bébé sur le pavé. Je suppose que les gens qui sont prêts à perdre leur vie sont aussi prêts à perdre celle des autres. Les gens et l’horreur.
C’est les flics noirs de Dallas qui ont dû se sentir bien gênés, vis- à- vis, de leurs copains flics blancs. Mais, je suis également sûr que certains ont dû se taper de joie les couilles par terre de savoir que certains flics blancs, peut-être racistes, s’étaient fait allonger par des frangins.
Au pays du Ketchup comme dans celui du Côte du Rhône, la vie d’un policier a toujours eu plus de valeur que celle d’un homme comme vous et moi. Le policier est le gardien du zoo, le gardien du temple, en somme, le protecteur de la machine à merde dont nous sommes tous les rouages inter changeables.
Les maîtres ont eu le génie de nous faire croire qu’ils n’avaient pas vraiment besoin de nous en nous imprimant dans le crâne, pendant que nous étions baissés sous un soleil écrasant et le ventre à moitié vide, que si nous ne faisions plus partie de la machine, nos vies étaient foutues, bonnes pour le néant, enterrées à jamais dans la fosse à purin. Chacun de nous a accepté, aidé par l’autre machine à merde, la machine média, qu’il était plus facile de faire semblant de croire aux mensonges, plutôt que d’être écrasé par la machine ou poussé hors d’elle. Regardez la loi travail, regardez les contrats précaires en Angleterre, regardez les retraités Allemands qui reviennent à la pointeuse. Tout le monde a compris une chose. Il faut autant baisser la tête dans une démocratie que dans une dictature et dans l’une comme dans l’autre, il y aura toujours quelqu‘un pour vous donner l’ordre de la redresser.    
En vérité, les maîtres ont beaucoup plus besoin de nous parce qu’ils sont tout simplement moins nombreux, même s’ils sont toujours les premiers à venir boire le jus de la machine puante. Il paraît qu’au 1er janvier 2016, 1% de la population mondiale possédait déjà plus de 80% des richesses de la planète. Je n’ai pas vérifié, personnellement, mais les chiffres me paraissent tout à fait cohérents, dans la mesure où dans notre monde, 1 seul homme peut réussir à en faire travailler un millier d’autres qui ne gagneront jamais autant que lui de toute leur vie, et cela, même en faisant une double journée.
Les maîtres de notre monde ont créé un système dont ils sont le centre et vers lequel nous convergeons tous pour ne pas mourir de faim. C’est, ainsi, que sont apparues un certain nombre de règles stupides censées organiser les petites vies des petits hommes que nous sommes dans l’univers des maîtres, et nous donner juste ce qu’il fallait d’énergie et de faux espoirs pour continuer de faire tourner la machine. L’invention de l’inflation et des salaires minimums, qui ne sont minimes que selon une comparaison encore obscure, aujourd’hui, n’existent tout simplement pas dans le monde des maîtres. Les sociétés régies par un seul homme n’ont jamais favorisé l’équité entre eux. Le pouvoir du prince n’a toujours servi qu’à maintenir le prince au pouvoir, quelle que soit la méthode employée. La démocratie n’est apparue que pour briser ce système et permettre à d’autres hommes, qui ne faisaient pas partie de la caste des maîtres, de diriger le bateau, en accord avec un maximum d’autres, au risque de se prendre un mur.
Les hommes ont ainsi tenté de mettre en place des systèmes infaillibles pour oublier les mauvais rois. Le communisme aurait pu sauver l’homme du marasme individualiste actuel. Mais, l’homme étant ce qu’il est, c’est à dire une petite chose haineuse doué d’humanité uniquement lorsqu’il est confronté à l’horreur qu’il a lui-même crée, il s’est toujours maladivement arrangé pour chier dans la gamelle, dans laquelle, il mangeait. Il n’a, ainsi, obtenu que le sang qu’il méritait et n’est resté que le monstre qu’il a toujours été.
Bon, je peux dire, aujourd’hui, sans trop me gourer que c’est le capitalisme qui a gagné. Rockefeller a bien baisé, Hitler, Staline, Jaurès et Lénine à la chaîne et sans transpirer avec ça, en buvant son petit verre de Cherry tout en dégustant sa part de tarte aux myrtilles. Qui l’aurait cru ? Certainement pas Hitler.
Dans ce monde vacillant qui entretient sa propre destruction, nous n’avons presque plus de rois, mais les hommes que nous avons mis en place les ont remplacés. Au fil des siècles, nous avons fait beaucoup de bruit, et surtout beaucoup de bruit pour rien. Nous sommes toujours dirigés par un seul homme sous les chaussures duquel nos vies sont suspendues. Nous avons remplacé les seaux des rois par des timbres, les guillotines par des impôts ou des asiles, les progrès médicaux ne servent qu’à l’extension du temps de travail.
Et mon sniper dans tout ça ? Des flics blancs au sol. Le noir contre le blanc. L’homme contre l’homme. Il paraît qu’il y aurait même des bombes cachées un peu partout dans Dallas. Surtout dans les consciences ? Allez vraiment savoir.
Un illustre président Français a déclaré que l’homme Africain n’était pas encore rentré dans l’histoire. Je crois que mon sniper noir, descendant direct d’esclave Africain, il y est rentré dans l’histoire et de pleins pieds tout en déchirant le rideau de la scène.
De mémoire de raciste, on n’avait jamais vu un négro abattre un gardien de la machine des maîtres. Mais, alors, trois ou quatre, tout le monde commence à pisser dans son pantalon. De mémoire de raciste, on ne sait plus quoi penser de ces nègres qu’on maîtrisait, jadis, avec un seul coup de fouet, des chaînes aux pieds et des jeux organisés dans les champs de coton.
Le petit blanc, il la fait travailler sa mémoire, tellement apeuré qu’il est de penser que sa machine à merde va être menacée par des rouages de seconde zone. Le petit blanc, il se demande si le négro, il ne va pas lui refaire le coup de Malcom X, de Luther King, de Mohamed Ali à vouloir se comporter comme un petit blanc, agir sur le même pied d’égalité que lui, considérer que son sang est de la même couleur, que son cerveau ressemble au sien, que son cœur est identique, que ses mains ont cinq doigts comme celles du blanc.
Pourtant, de mémoire de raciste, on a toujours tout fait pour canaliser les négros. On s’est débrouillé pour faire tuer Malcom X par des frangins. On s’est occupé, nous même, de Luther King. On a affamé Ali pour le faire taire. On a fait baisser le poing des blacks panthers. Bon, c’est vrai, on a fait élire un président noir. Fallait donner l’illusion de l’ouverture, vous comprenez. Ca, nous a quand même fait bien marrer, quand on s’est rendu compte que depuis Obama les négros étaient traités comme à la belle époque. On n’avait pas vu ça, à notre grande surprise, depuis Reagan. Ca nous redonnait de l’espoir, faut reconnaître. Les blancs dans les villes, les métèques dans les clapiers, bien à l’écart. Les choses rentraient dans l’ordre. Ca permettait de stopper le mélange des races, c’était plus tenable. Tient, c’est comme la France avec les Antilles. Il y a toutes ces filles qui ramènent des négros à la maison.
—    Papa, c’est lui que j’aime. Je veux l’épouser.
—    N’y pense même pas, tu m’entends ? Tu veux jouer à la petite traînée, à la petite garce ? Un noir dans la famille, mais t’y a pensé cinq minutes. Et, tu nous feras des petits bâtards bien nègres pour couronner le tout et souiller tous tes ancêtres. Je te bannis. Tu n’es plus ma fille. Ne remets plus les pieds ici et emmène ton nègre avec toi.

Les Antilles, c’est bon pour les vacances, vous comprenez. Faut pas pousser le patriotisme jusqu’à mélanger sa race avec les nègres, aussi, Français soient- ils. La France, elle- même, à ses limites et celles du Français sont encore plus minces.
Ils n’ont, d’ailleurs, aucune leçon à donner aux autres. Pendant qu’on tuait nos nègres en Amérique, ils jetaient leurs bougnoules dans la Seine. On a bien noté le mouvement : « Touche pas à mon pote » avec la main jaune qui rappelait l’étoile jaune que les Juifs portaient pendant la guerre. C’était bien tenté. Le plus drôle, c’est que les gens s’étaient habitués à la couleur. Ca choquait plus personne. Et puis, tant que les bougnoules n’étaient pas mis dans des fours, tout le monde était tranquille. Dans la Seine, on peut toujours nager. C’est le symbole qui compte. Essayez donc de nager dans un four. C’est plus le même message.
Tient, et les Juifs, parlons-en. Les Nazis n’ont rien inventé. Avant la guerre, les juifs étaient les bougnoules d’aujourd’hui. Le même teint basané et une religion pas comme la nôtre pour compliquer les choses.
On en a fait, quand on y pense des compromis avec la religion et la Chrétienne de préférence. Regardez l’apartheid, le mouvement des droits civiques, le droit de vote que les étrangers n’ont toujours pas. Toutes ces choses qui n’auraient pas dû exister, si on avait suivi le bouquin sacré à la lettre. Fallait qu’on accorde nos violons, entre nous, pour que la machine à merde tourne dans le bon sens du lundi au samedi. Le dimanche, on a toujours fait semblant de croire à se racontait le prêtre.
Pour l’apartheid, on a eu un peu chaud au début. On a cru que le pape allait s’en mêler sérieusement, poser des ultimatums et menacer d’excommunier la moitié d’entres-nous. Quand, on a vu qu’il la bouclait. On a compris qu’il s’en foutait complètement de l’apartheid. Non mais sans rire, vous avez déjà vu un pape noir, vous ?
Le secret voyez-vous, c’est le compromis. Ça ne sert à rien d’être frontal. Il faut insuffler, utiliser la technique du sous-entendu pour semer la crainte dans le crâne des gens. C’est comme ce sniper noir de Dallas. Il a eu de la chance de ne blesser personne de couleur, sans quoi, son petit effet aurait été bouclé en 5 minutes. Là, on voit qu’il s’est appliqué le petit enculé. Mais on va bien le charger. On le fera passer pour un fou pour calmer les autres nègres qui auraient des idées. Parole de raciste, ce n’est pas demain qu’un nègre se soulèvera, ni un bougnoule, et encore moins une femme. Deux mille ans d’histoire de l’homme et la femme n’est toujours pas son égale. Et, ils veulent qu’on s’accorde entres races, Ah ! Ah ! Ah !