Rêve : n'importe quoi

Le 18/08/2004
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par Narak
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Dossiers / Rêve
Le texte de Narak est basiquement ce qu'est un rêve habituel : flou et incohérent. Ca cherche le réalisme, l'ambiance est très onirique, mais ça reste un rêve ordinaire pour gens ordinaires. Assez ennuyeux pour un zonard quoi.
D’abord je tombe à travers un nuage. Je tremble, pas de peur, mais de froid.
Empêtré dans un drap immaculé, j’attends l’impact. Mes yeux sont envahis de blanc. Des formes se dessinent autour de ma tête.D’interminables doigts noirs se détachant devant une lumière turquoise, et s’étendant à l’oblique vers un horizon éthéré que je ne devine qu’à grand-peine.
Puis, je ne vois plus rien. Pour le moment, La chute se prolonge. Mon corps somnolent tournoie paresseusement dans les airs, en position fœtale. Le vent m’arrache quelques larmes. Je ne ressens rien. Je dors. Quelque chose approche à grande vitesse. Le sol. Non, ce n’est pas une chute. Je m’élève trop rapidement vers le sol au dessus de moi. Encore quelques mètres…
Le choc ? Non, rien. Plutôt une odeur d’herbe coupée lorsque j' atteind la surface.
Noir.

J’ouvre les yeux, je suis habillé comme d’habitude et assis dans une forêt.
Une seconde passe.
Feuillages, le soleil passe au travers, chaleur, un goût de miel, des oiseaux chantent…
Non, ils ne chantent plus, ils hurlent ! Je sens les vibrations de leurs cris qui vrillent à mes oreilles.
Fuir ! Fuir ! Fuir !
Je courre vers la lumière. J’écarte les branches pour passer…
Je percute quelqu’un sans le voir, je l’entends tomber derrière moi.
Je tombe moi aussi, ma tête heurte violemment le sol du sous-bois. J’attends, mais rien ne se passe. Sans même regarder les alentour je comprend que je suis seul. Mes yeux restent clos quand je me retourne sur le dos, pourtant j’essaye de les ouvrir
Il y a quelque chose sur mon ventre. Quelque chose de tiède, souple…Vivant.
Un serpent, ou plutôt un cobra. Il me regarde, immobile, noir et silencieux. Il n’a pas peur, moi non plus. Je ne veux pas le déranger, je reste sans bouger.
Un liquide coule sur ma gorge. Du sang, mon sang.
Le serpent m’a déjà mordu. Il admire son œuvre.
Le venin n’atteindra pas le cœur si je ralentis le sang dans mes veines, si je l’empêche d’y arriver, si j’arrête de respirer…
Je bloque ma respiration. Impossible de savoir combien de temps.
J’ai mal. Mes poumons se contractent. Le sang pulse dans mes veines, de plus en plus fort mais de plus en plus lentement. Il s’est arrêté. J’ai trop mal, une douleur intérieure, la pression augmente.
Déchirure. Un instant, je croit que mes veines se sont ouvertes d’elles même. Mais je sens des milliers de petites dents coupantes, plaquées contre mon poignet. J’ai peur, je n’ouvrirai pas les yeux. Une respiration chaude et humide contre ma peau.
Il y a quelqu’un avec moi. Il me faut ouvrir les yeux.

Noir.

Une forme penchée sur mon bras, avec un long imperméable noir et un grand chapeau.
Le temps d’une seconde, sa tête par en arrière, en accéléré, comme sur un magnétoscope.
Sa bouche est démesurée, remplie de lames comme le gueule d’une lamproie.
Il ou elle me sourit et se penche sur mes veines, je ne sens rien, pas de douleur, seulement mes veines qui glissent en dehors de mon bras, comme des spaghettis à la fois brûlants et glacés.
Il y a du sang partout, jusque dans mes yeux. J'aperçois un coeur palpitant dans un écrin de glace, entre mes paupiéres poisseuses.
La chose se penche vers mon visage, pour m’embrasser, Je hurle, une dernière fois…