LA ZONE -

Surfaces (6)

Le 08/04/2005
par Konsstrukt
J’y repense encore. J’entends à peine le chantier tout autour de moi. Le contremaître m’attend à l’autre bout je n’irais pas. Ma pensée c’est comme un mur ça fait du silence. Je n’irais pas jusqu’à cinquante ans. Je me répète ça depuis onze ans. Je me le répète pour rire mais je ne ris plus. Je vais le faire c’est sur je vais le faire. Il me suffit d’un coin peinard. Et dans cet immeuble en construction c’est pas ce qui manque. Il y a une grande cave où j’ai travaillé ces derniers jours. J’ai prévu d’y aller ce matin.
Il n’y a personne. Ici les bruits du chantier sont atténués comme si j’étais très loin de tout comme si je ne sais pas je me trouvais très profondément sous la terre. Ici il fait sombre et frais. Rien n’est terminé. J’aime ça. Je suis assis sur du ciment rugueux. Il y a un tas de carreaux dans un coin prêts à être utilisés et les murs c’est juste des parpaings gris. Un peu partout il y a des inscriptions à la craie pour guider les autres corps de métier. Des chiffres des côtes des directions pour le carreleur l’électricien le peintre etc. Je préfère regarder ça ce décor plutôt que réfléchir. Ca vaudrait le coup pourtant mais impossible j’ai pas envie. J’ai juste envie d’arrêter complètement de penser et me poser ces questions. Je peux m’en sortir ce soir je peux en finir simplement avec ces questions compliquées simplement en défonçant le cul d’une gamine de onze ans qui me dira qu’elle n’aime rien plus que ça se faire casser le cul par un pauvre mec comme moi je pourrais noyer les question en la tabassant en lui pétant les dents et les cotes. Je suis assez costaud pour ça. Mais pour trouver les solutions à ces foutus problèmes ça non je suis trop faible et ça m’énerve putain cette impuissance ça le met en rage.
Non il faut que je me calme.
Je balance quelques coups de poings dans le mur aussi fort que je peux je m’éclate la peau des jointures mais je m’en fous. Il faut que je me calme. J’avale une grande goulée d’air poussiéreux. J’ai encore le cœur qui bat trop vite mais il finit par ralentir un peu. Mon stress baisse. Il reste une angoisse sourde bizarre comme si je savais qu’un truc horrible allait se passer et que je ne pouvais rien faire pour l’en empêcher. C’est comme si je n’attendais que ça mais j’ai pas le courage d’attendre vraiment enfin c’est compliqué et j’ai pas du tout envie de penser à ça. Je ne sais pas quoi penser ça me rend fou cette histoire ça me rend marteau. Ca prend toute la place dans ma tête ça bouffe tout ça bouffe tout le reste ça m’empêcher de respirer de bouffer de baiser ça bloque tout j’en peux plus. Il faudrait que je remonte mais je ne peux pas. Je ne veux pas prendre l’air. Ca ne sert à rien qu’à m’éloigner du problème. Alors je reste assis.

= commentaires =

Dourak Smerdiakov

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ma non troppo
    le 08/04/2005 à 20:59:43
J'aime autant que les premiers, mais on commence à se demander s'il n'y a pas l'ombre d'un risque d'une éventualité hypothétique de tomber dans la redite. Ceci dit, il faut reconnaître que le ton varie selon les personnages. Bref, c'est bien fait, mais il reste le risque inhérent aux 'variation sur un même thème'.
Dourak Smerdiakov

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ma non troppo
    le 08/04/2005 à 21:00:55
détail : "ça le met en rage."... je suppose que ça devrait être "ça ME met en rage"
Dourak Smerdiakov

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ma non troppo
    le 08/04/2005 à 21:02:34
Sinon, j'ai dit que j'aimais bien ?
Dourak Smerdiakov

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ma non troppo
    le 08/04/2005 à 21:05:27
Ha, oui, je l'avais dit.
nihil

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void
    le 08/04/2005 à 21:08:26
Euh Dourak, on est pas payé au nombre de commentaires ici je te le rappelle.
Dourak Smerdiakov

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ma non troppo
    le 08/04/2005 à 21:14:36
On est surtout pas syndiqués. Je me demande si ça peut continuer longtemps cette situation, enfoiré de koulak.
Konsstrukt

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    le 09/04/2005 à 14:11:54
smerdiakov, bien vu : ça ME mets en rage.
(pour ce qui est de la redite, possible, l'avenir nous le dira)

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