Inondation I-XII (sonnets)

Le 05/05/2005
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par Dourak Smerdiakov
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Thèmes / Divers / Poèmes de merde
Incapable de se retenir plus longtemps, Dourak nous dégueule un flot de sonnets de sa composition, à la chaine. Comme on pouvait s'y attendre, c'est un amas d'absurdités déconcertantes qui frôle l'écriture automatique. Le tout noyé dans l'alcool, qui reste le seul repère fixe dans ce fatras instable.
beurps *****************************************************************

I

Tiens un sonnet on va bien rire
Le temps est à l'inondation
J'en vais dégueuler à foison
De la rimaille et de la pire

Une ostie dans ton cul sans ire
De toute passion extinction
Lao Tseu avait bien raison
Oh, maintien en quiétude, et rire !

Le vin de Porto me transporte
D'un ciel à l'autre et les cohortes
Cette nuit feront antichambre

Les Maries s'acharnent; ma porte
Vomit des hordes de cloportes
Avril a des airs de septembre

II

J'ai tenu à faire un sonnet
C'est merdique et ça pue du cul
Mais ce n'est pas du temps perdu
Car c'est en écoutant Trenet

A l'heure d'un concile abstrait
De tout réel, loin de la crue
réalité, loin de nos us
Et coutumes de peu d'attrait

Je fais des rimes si merdiques
Que mon clavier n'a pas la trique
Il faut que je change les piles

Et je reviendrai, la métrique
Est propre et belle et sans logique
Trop peu bu pour noyer la bile.

III

C'est scandaleux, le prix des piles
Que ce monde est capitaliste
Les supermarchés m'horripilent
J'en ai presque perdu ma liste

J'ai pris du muscat , fait la file
Et j'ai pensé : « ces gens sont tristes »
En admirant d'un air tranquille
Au cou de la caissière un kyste

Elle était bête et très agile
Et moi qui suis si malhabile
Je me suis dit : « c'est une artiste »

J'ai marché au pas de la file
Les gens flottaient, j'étais fébrile
J'ai vacillé c'était très triste

IV

Pizza non cuite au micro-onde
Nourrissez-vous je me sustente
Vers la télé je suis la pente
Machine à déféquer féconde

Et Chirac sans trop de faconde
Vend sa soupe la nuit me tente
Dieux du ciel, que ne suis-je une ente ?
J'emmerde ces gens qui me sondent

Je pense à mon supermarché
J'aime ses rayons ses allées
Sur le parking j'ai embouti

Un break citroën mal garé
J'ai vomi sur un chien berger
Je ne me suis pas compromis

V

J'ai vomi sur un chien berger
Mon chien n'était pas ordinaire
Mon chien c'était tout un bestiaire
Fallait pas trop le déranger

Mais il me laissait l'oreiller
Et la moitié des draps et l'air
De pas y toucher mais quel flair
Quand par malheur j'avais pété

Les voisins sont toxicomanes
Tous les soirs Sardou puis Goldman
Ensuite quelques cris se perdent

Il est bien trop tôt pour dormir
J'aimerais bien pouvoir vomir
Mon chien me manque et je m'emmerde

VI

Je n'ai pas poussé la gamine
Elle est tombée dans l'escalier
Les flics ne pourront rien prouver
Ces moutards c'est de la vermine

Je n'aime pas ses airs de fouine
A l'hosto j'irai m'excuser
Je crois qu'elle a de la pitié
Pour ma carence en vitamines

La pitié des enfants m'accable
Les enfants ça devient comptable
Ingénieur chômeur ou babouin

Surtout les enfants font du bruit
C'est marrant la concierge dit
Que « la môme est pas passée loin »

VII

Les sonnets c'est un peu chiant
On est limité dans l'espace
Mais ça donne un côté très classe
Et à la fin on est content

Faut trouver son rythme, le temps
De se lancer, puis ça délasse,
Pas besoin de tirer la chasse
Et y a de jolis précédents

La ballade c'est autre chose
C'est du sérieux on prend la pose
On regarde où on met les pieds

Le sonnet c'est beaucoup plus fade
Mais sans chien c'est mort la ballade
Et à quoi bon me faire chier ?

VIII

La concierge sonne à ma porte
La concierge n'est pas ma mère
Et je la trouve téméraire
La concierge serait mieux morte

La concierge veux que je sorte
Mes sacs poubelles délétères
(Ce n'est pas son vocabulaire)
Je n'aime pas que l'on m'exhorte

C'est vite passé, trois étages
Elle est vite tournée la page
Il est tôt fait le tour de piste

Je n'irai pas brûler un cierge
Pour l'âme de feu ma concierge
La concierge était animiste

IX

Le vin de Porto s'est tari
Le Muscat n'est qu'un pis-aller
Oh la perte des êtres aimés
Cette bouteille fut chérie

Oh ! la fin des flacons promis
Au recyclage ménager
Oh le destin peu mérité
Génocidaire écologie

Et c'est toujours le même verre
Blanc ou de couleur, tous, sur terre,
Issus du même silicium

Dans sa diversité le verre
Glorieux méritait ces vers
Et qu'il soit pardonné aux hommes

X

C'est un très beau supermarché
Il trône au milieu de la plaine
Il fait face aux cohues humaines
Mon troupeau vient s'y abreuver

C'est un troupeau discipliné
Qui me donne beaucoup de laine
Pour peu de bile et peu de peine
Et mes brebis sont bien gardées

J'en suis redevable à mon chien
Mon chien là-bas dans le lointain
A qui je pense et qui me manque

Sans lui ma troupe hétéroclite
Sans lui mon grand troupeau s'agite
Je suis poursuivi par la banque

XI

C'est un très grand supermarché
Il domine la vaste plaine
S'impose aux multitudes vaines
Qui épargnaient dans le passé

J'y viens chaque soir abreuver
Mon grand troupeau de chair humaine
Très assoiffé de choses vaines
Que l'on lui vend sans rechigner

Nous voulons tant ce feu nous brûle
A tout prix que l'on nous encule
Nous voulons être débiteurs

Nous voulons des dettes superbes
Des béances à mettre en gerbes
Nous sommes bons consommateurs

XII

Douze est un chiffre magnifique
Je me lève à potron-minet
Entrons dans le vif du sujet
J'ai soif d'une soif extatique

J'ai fait la file et eu la trique
Devant la viande au rayon frais
Mais rien ne vaut le Cabernet
Quoiqu'en dise la scholastique

Porto et Muscat sont louables
Mais rien ne m'est plus agréable
Que mon vieux Cabernet bulgare

Que nous buvions avec entrain
Lorsque j'avais encor mon chien
Et que nous étions deux à boire