Surfaces (13)

Le 01/06/2005
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par Konsstrukt
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Rubriques / Surfaces
Plongée directe dans l'univers du snuff-movie, cet épisode est comme toujours totalement dépourvu de considérations morales et s'attache uniquement aux faits. L'impact n'est pas phénoménal, vu que les lecteurs de la Zone sont bien rôdés niveau gore.
Un gardien filmait, il souriait, l’image traversait l’espace jusqu’à la tour. Elle emplissait un écran qui occupait tout un mur ; les objets filmés y apparaissaient bien plus grands qu’en réalité, et plus granuleux, et aussi leurs contours plus nets. Ils apparaissaient, tous, irrémédiablement dissociés, aliénés, comme si chacun était un monde isolé, sans moyen de communication. En ce sens, la vidéo semblait aux maîtres plus vraie que la seule réalité. Cet outil montrait la fracture. Assemblés devant l’écran, les maîtres regardaient. La luminescence aqueuse des images déposait des masques pales sur leurs visages indifférents.
Un homme nu de cinquante ans occupait le centre du cadre. Il avait été roué de coups, et voilé, et en présentait les stigmates. Maintenant, deux gardiens en sueur le retenaient, et un autre, avec un scalpel, découpait la peau autour de son téton gauche. L’homme hurlait et se débattait. Il était néanmoins très affaibli par ce tout ce qui avait précédé. Le téton pendait, attaché encore par un lambeau de peau. Le sang coulait en faible quantité. Les gardien arrachait le téton. L’homme se tendait comme après un choc électrique. Le gardien mangeait le téton.
Les maîtres souriaient.
Le visage de l’homme emplissait tout l’écran. Il ne criait plus. Il paraissait épuisé ; son regard trahissait l’abandon. Des mans gantées lui ouvraient de force la bouche et plçaient un écarteur pour bloquer ses machoires. Le zoom resserrait encore le champs. La bouche devenait géante, on ne voyait plus qu’elle et la bizarre structure d’acier chirurgical qui la maintenant grande ouverte. Un liquide clair et crépitant s’y déversait. C’était de l’huile bouillante. L’homme hurlait, l’huile emplissait sa gorge. Il était mort. La langue se recroquevillait au milieu des fumerolles de salive vaporisée, d’abord rouge vif puis noire, comme une limace jetée au feu. La caméra glissait vers l’œil vitreux. Enorme, il regardait les maîtres, qui en étaient réjouis.