Magma obscur

Le 03/06/2005
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par Anthrax
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Thèmes / Polémique / Système
Le problème avec ces putain de hippies, c'est qu'ils croient pouvoir passer pour des gros durs en racontant l'asservissement, la robotisation de l'invididu, l'industrialisation galopante et polluante. Mais on finit toujours par les repérer parce qu'ils dénoncent, alors que nous les aciéries on aime plutôt bien ça. Du coup ça les identifie tout de suite comme des cons d'adorateurs des prairies et des petits oiseaux.
L'espace, avalé, digéré, dégénéré ! Étouffé par la dilatation industrielle, dont les organes croissent et se multiplient. Maudite engeance aux veines bétonnées qui vomit ses tripes à l'air libre, la bouche grondante, avide.
Pauvres colosses meurtris, noircis par un poison invisible, dignes vieillards qui tendent leurs bras décharnés vers les colonnes de fourmis multicolores, flèches folles lancées sur un périphérique mortel !
Folie mégalomane du peuple pâle, le pied sur l'accélérateur, désespérément, comme pour se hâter vers la fin.
Tendres pousses vertes qui persistent à honorer le cycle de la vie.
Pour une goutte d'eau, un grain de poussière, il y a encore de l'espoir dans l'univers des possibles ! Merveilleux éclat de rire qui résonne. Pour combien de temps ?
Nous assistons peut-être bien au dernier acte, encore faudrait-il avoir compris quelque chose à l'Histoire, avant que le rideau ne tombe et ne nous laisse à l'obscurité, avant de sentir la course des rats perfides sur nos membres affolés, l’instant glacial qui précède les premiers hurlements !
Un grand mur nous attend au bout de la piste, élan aveugle, le plus impensable des génocides. Qui n'a pas son ticket-suicide ?
Nous devrions bondir hors de nos fauteuils, de nos maisons, de nos prétendues vérités, ces absurdes certitudes que nous brandissons avec tant de fierté, dont nous nous parons avec le plus sérieux des ridicules !
Dignité foulée au pied, seule compte la marque des chaussures.
Nous devrions rougir, mais seuls colère ou plaisir font monter le sang aux joues du peuple pâle, aussi conditionné que l’air qu'il respire, à l’ombre du béton et des conventions.
Nous devrions hurler à nous en faire éclater les poumons mais l'argent est un bâillon confortable… Le silence est d'or et je pèse mes mots, sur une balance truquée.
La mécanique rugissante nous avale toujours un peu plus.
Nos vies jetées en pâture entre ses mâchoires broyeuse, sous le sigle noir du progrès.
Nous voici complices de la plus sinistre des plaisanteries. L'Homme pousse l'arrogance jusqu'à croire qu'il peut se passer de lui-même !
Peuple pâle, peuple mutant, aurons-nous assez de force pour applaudir à la fin ou bien est-ce que nous allons pleurer comme des enfants devant l'irréparable?