La famille Bôf - Chapitre 03

Le 05/07/2005
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par Lahyenne
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Rubriques / La famille Bôf
Tel un bulldozer sans conducteur, Lahyenne continue à tracer son chemin bosselé au travers de la littérature dite comique, lui flanquant de rudes coups au passage de par la nullité de ses vannes. La famille bôf se retrouve méchamment plantée au camping et fait bronzette. Il ne se passe strictement rien. Vivement la rentrée.
(ndla : Ah bon il faut une intro ???)
La nuit avait été dure. Enfin le sol surtout. Ça avait beau être du presque sable, lorsqu’on avait pas l’habitude, c’était tout de même rude. Et la chaleur qui envahissait la toile de tente faisait plus penser à un sauna qu’à une chambre à coucher. Le pire pourtant n’avait pas été cela, mais le manque de cathodes. De zappeuse aussi. De Lagaff surtout. Quelques larmes, un coucher de soleil et quatre insomnies plus tard, le soleil se leva.

Et il commença à taper. On pourrait sans doute dire à tabasser tellement on sentait ses rayons se fracasser sur la peau rose et tendre. Stéphanie n’y résista pourtant pas.

Trois points de crème sur les épaules, une serviette par dessus et un bouquin de Maman pour faire intellectuelle. Apparemment ça marchait pas mal les intelectuelles à la plage. Après avoir méticuleusement étendu sa serviette sur le sol, elle s’allongea dessus sur le dos et commença à bronzer. Elle posa négligeamment son bouquin par dessus.

Rien. "Rien ne pouvait être pire", pensa Steph en se regardant dans la glace à midi tout en essayant de ne pas trop frotter ses bras rouges sur son torse rouge. Mais quelle idée de s’endormir aussi ! En plein cagnard. Et pire, elle avait la marque du livre sur le côté droit, là où il avait glissé. Quatre jours sans soleil avait dit maman avant le repas. Quatre jours ! Damien pouvait bien rigoler. Il avait passé la matinée à jouer au ping-pong avec ses nouveaux potes lui.

Stéphanie sécha ses larmes et entama à nouveau les mots fléchés que sa mère lui avait donné. Le saucisson lui pesait un peu sur le bidon, mais bon de toute façon elle avait toute l’après midi à ne rien faire pour digérer alors. Elle reprit son crayon et fit tourner ses neurones inutilement encore un peu.

Damien se marrait bien depuis qu’ils étaient arrivés. Sa conne de soeur était comme une écrevisse cuite dans une assiette d’un grand restaurant. Et lui devait aller à la piscine avec Franck. Avec la soeur de Franck aussi. Héhéhé et dire que d’autres ne pouvaient pas mettre le nez dehors. Après les salamalecs d’usages aux parents, il courut rejoindre les autres.

Jacqueline s’emmerdait. Profondément. Elle ferait bien un petit pot au feu, là, tout de suite. Ou sinon un boeuf bourgignon. Avec de la sauce. Des petits lardons. Pourquoi pas des carottes ? Une entrée ... Disons une salade de tomates, avec de la Feta. C’est pas mieux avec des concombres ? Bon, et sinon en dessert ... "MERDE" pensa-t-elle. Elle n’avait jamais la voix au chapitre. C’était toujours Robert qui choisissait les destinations. Et lui, tant qu’il avait à boire, il pouvait aller n’importe où. Mais pourquoi donc s’acharnait-t-il donc à prendre des campings sans aucun moyen de faire la cuisine ? Peut-être n’aimait-il pas ses plats en fin de compte ? Mon Dieu !

Robert arrêta ses ronflements lorsque Stéphanie lui demanda son putain de mot. Un truc à propos de la mythologie. En cinq lettres. Il avait répondu mites et ça rentrait. D’après Stéphanie c’était la première fois. D’intelligence, il reprit un peu de pinard. Il fallait avouer que la digestion donnait soif, surtout au soleil. Stéphanie revint, avec la solution. Le mot qu’elle cherchait en fait était héros. "Merci maman" dit-elle en lançant un regard furieux à son père et en retournant sous l’auvent. Robert retourna à sa bouteille de dépit. Il eut bien donné sa chemise pour une télé, mais n’aurait vraiment pas su où la brancher, la télé.

Le soir tombait et Stéphanie pouvait enfin mettre un peu le nez dehors. Emmitouflée comme à la neige, elle vit revenir Damien qui pleurait sur son oeil au beurre noir. Robert se réveilla ensuite, et attiré par les couinements de son fils vint voir, curieux. Jacqueline le pomponna un peu, lui fila des glaçons et lui demanda ce qui se passait.
- Rien, fit Damien l’air de dire tout.
- Oh ! fit Jacqueline.

C’était l’heure du Bigdil et la tension générée par ce simple fait s’avéra totalement pesante. C’est le moment que choisit Stéphanie pour poser le jeu de cartes au milieu de la table. Un trou du cul seul pourrait combler cet ennui collectif. Ils s’attablèrent donc ensemble, et Robert distribua les cartes du mieux qu’il put. Le soleil se coucha doucement, mais nul n’en avait cure.