Mes rues sombres : l'animal

Le 19/07/2005
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par Bobby-Joe
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Rubriques / Mes rues sombres
Bobby-Joe se prend pour un puma dans cet épisode bizarroïde, qu'on n'arrive pas du tout à prendre au sérieux. Le ton est trop guilleret, la violence trop surjouée pour que ce soit du premier degré. Si c'en est... Aïe.
    Je suis un animal. Affectueux mais indépendant, imprévisible et méchant, je vous mange pour survivre. Je mange votre âme, votre coeur, vos sentiments.
Lorsque, la nuit, je suis seul, c’est pour mieux surprendre. Lorsque, le jour, je suis paisible, c’est pour mieux attaquer. Le dos courbé, les pas furtifs, la respiration légère, je vous suis dans votre ombre. Je vous suis dans votre ombre car vous l’avez oubliée. Alors quand, une nuit, un groupe de jeunes garçons en manque de violence a voulu passer son temps sur mon corps, ils ont rencontré le plus profond de mes instincts : celui de survie. Pendant que quelques-uns me ruaient de coups au sol, je me suis levé, faisant fi de la douleur, et me suis lancé sur l’un d’eux. Mordant, griffant, arrachant nez, oreilles, lèvres, paupières et lambeaux de peau. Ses cris étaient mon essence, son sang ma substance. Et le temps que ses camarades m’arrachent à mon plaisir, le pauvre diable vomissait déjà sa vie sur le bitume. Les autres ont continué de me frapper au sol jusqu’a ce que, à nouveau, oubliant mes membres meurtris, je saute sur l’un d’eux pour faire glisser son visage sur le crépi du premier mur venu. J’ai vu ses joues partir sur la surface blanche, son nez fondre, ses oreilles se décrocher et pendant qu’il hurlait de façon atroce, je riais de bon coeur. Ses amis, cette fois, ne sont pas intervenus, les lâches... Je suis rentré chez moi en divers petits sauts de cabri, moitié de douleur, moitié de joie. J’ai soigné mes plaies et me suis endormi, roulé dans mes couvertures, un oeil inexorablement ouvert par la douleur de deux côtes brisées. Maintenant j’erre dans les rues sombres, je chasse vos corps peureux, je cours vos pensées sensibles et j’avale vos chairs. Vous avez le goût du sel, de la pitié et de l’envie. Lorsque mes dents brillent à vos yeux, vous suppliez, mais ventre affamé n’a point d’oreille et vous hurlez en mourant, laissant se répandre sur le sol noir votre sang rouge. Inutile d’avoir peur, vous ne me voyez pas. Inutile de mourir, votre âme est à moi.