Mes rues sombres : paradoxe qui fait mal

Le 22/08/2005
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par Bobby-Joe
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Rubriques / Mes rues sombres
Voici le portrait d'une gonzesse trop belle pour être heureuse, avec ses petits tracas sentimentaux fortement ennuyeux. 'Naaan je ne suis pas qu'un corps, j'ai aussi un cerveau loool'. C'est mal écrit, la psychologie est taillée à la hache et on voit pas ce que ça fout dans cette rubrique ou sur la Zone. Les petits soucis sexuels et amoureux de merde de la pouffiasse moyenne, c'est quand bien loin de l'humeur noire à la zonarde.
Elle est magnifique, et elle le sait, mais elle n'a nullement l'intention d'en profiter. Parfois, pour les faveurs d'un homme plus affable que les autres, elle troc ses amples vêtements, qui servent a cacher ses généreuses et troublantes formes, contre une tenue plus à la mode, échancrée et décolletée à outrance. Dévoilant ses perfections, attirants les regards, elle a alors l'impression de se travestir, de vendre son corps pour donner de l'importance au charisme de son partenaire du moment.
Ces derniers sont bien rare, d'ailleurs, a ne pas bomber le torse et a ne pas assurer leur démarche, fiers et fanfaronnant de pouvoir s'afficher avec leur dernière proie. Dans ces cas là, elle offrira son corps sans joie et sans entrain, comme un due dont elle devrait s'acquitter pour les avoir fait suinter de désir à exposer ainsi sa peau. Peut être aussi le faisait-elle, malgré tout, pour se punir d'être aussi naïve, de croire encore que les hommes puissent être intéressés par autre chose qu'une paire de seins et de fesses d'une fermeté proportionnelle à leur volume.
Quand, finalement, elle arrive à dégoter un homme dégagé de toutes ces formes d'esthétisme qui la rabaissent au rang de viande pénétrable, il s'avère que, malheureusement, elle les avait trouvé soit bizarres (un petit brun à lunettes adepte du bitume et de son histoire par exemple), soit très mauvais amants - souvent les deux à la fois.
Il s'agissait là, on le devine, du grand dilemme de sa vie… Elle avait retiré de ses nombreuses expériences plusieurs points troublants. C'était très clair dans sa tête que les hommes qu'elle attirait n'étaient uniquement soit intéressés par sa plastique, soit trop étranges pour vraiment lui plaire à elle. Elle avait rapidement découvert que les hommes qui auraient pus l'intéresser avaient visiblement peur d'elle. Son corps trop parfait, que beaucoup auraient pris comme un avantage, ne constituait, en réalité, qu'un effroyable handicap dans le domaine de l'amour.
Elle inspirait le désir, l'envie, le sexe et même, pour certains, la pure beauté. Mais les sentiments profonds de ceux qui font croire à la poésie, ceux-là ne lui étaient pas destinés. On ne peut véritablement aimer un corps. Hors, personne ne voyait autre chose en elle…
Elle avait pris le parti pendant un temps, de ne s'ouvrir qu'aux hommes "moches", espérant qu'ils auraient pus, pour cintre balancer cette tare, avoir développé une culture et une ouverture d'esprit leur permettant de s'élever au delà des considérations physiques. Grossière erreur… Qu'elle mit du temps à comprendre et à accepter. Elle se résigna. Il n'y avait pas de doutes : qu'ils soient beaux, laids ou communs; cultivés, intelligents ouverts ou étranges; riches ou pauvres; gentils ou de vrais salauds; jeunes ou vieux; les hommes n'en avaient que pour ses formes. Que pour son cul.
Nue devant eux, elle se transformait en plat divin qu'il fallait se dépêcher d'engouffrer, de peur que le rêve ne finisse avant sa toute fin. Ses seins devenaient des poires juteuses qu'on malaxait à la va-vite, ses fesses une énorme pêche dont on caressait trop peu la peau douce avant de l'écarter pour s'introduire jusqu'au noyaux. Vite, vite, avant que la déesse ne retourne parmi les siens, avant que la bombe n'explose.
Avant de le découvrir, son corps est couvert de promesses, de tendresse, on se jure de profiter de chaque instant pour se souvenir longtemps des moindres pores de sa peau, on assure de donner à ce corps le plaisir qu'évoque sa vue. On prendre son temps pour le couvrir de caresse et de baisers, par respect et pour honorer une telle perfection. Mais une fois découvert, on oublie. On lui accorde les préliminaires d'usage, à la rigueur, mais fit des beaux mots, son corps devient un objet à pénétrer de toute urgence. On palpe quelques parties charnues, mais dès les cuisses entrouvertes, on saute sur l'occasion pour s'introduire et pilonner à tout va, sans vraiment faire attention à elle. Leurs mains, leurs gestes, leurs mouvements et même, parfois, leurs cris, tout trahis leur impatience de jouir à l'intérieur de ce corps, et qu'importe le plaisir, seul compte l'acte. Vite, vite, décharger dans le rêve pour s'en vanter dans la réalité. Vite, vite, profiter du temps offert par les Dieux avec l'une des leurs. Il faudra raconter aux copains dans quel bol de luxe on a trempé sa biscotte.
On l'aime de dos, pour profiter de sa chute de reins et de sa croupe vertigineuse, pour malaxer ses fesses fermes et rebondies, pour rêver qu'on pourra la sodomiser, s'introduire dans sa rue sombre, son intimité tant convoitée.
On l'aime de face, pour apprécier le spectacle de ses lourds seins ballotants au hasard des coups de reins.
On aime voir son ventre à l'aspect si doux mais qu'on ne prend que rarement le temps d'embrasser.
On l'aime à genoux, sexe en bouche ou entre les mains, soumise comme une princesse devant son roi. Certains, s'ils en avaient les couilles, se croiraient plus important en lui crachant au visage, histoire d'asseoir une supériorité qui les ferait certainement éjaculer sur le champ.

Son corps donc, loin de lui apporter le bonheur ou même ne serai-ce que du plaisir, la rangeait dans la case des femmes bandantes qu'on ne regarde que pour se rincer l'œil, de loin, en pensant aux mecs au cul bordé de nouilles qui ont eu la chance de fourrer ce beau petit lot.
A n'en pas douter, si elle avait été moche, ou ne serai-ce que quelconque, les choses auraient été moins compliquées. Bien sur, elle aurait eut plus de difficultés à trouver un partenaire, mais elle aurait eu plus de chances de tomber sur un homme qui aurait pris plaisir à lui faire l'amour. Et quand bien même elle serait tombée sur un homme ne voulant d'elle que son vagin, qu'elle aurait pu s'en sentir flattée.
Mais il en est malheureusement ainsi : les hommes la regardent mais ne la voient pas; les hommes la touchent mais ne la caressent pas; les hommes la désirent mais ne l'aiment pas…
Elle se retrouve prisonnière de sa beauté, trop intelligente pour détruire ce corps, trop respectueuse pour en profiter, elle est un effroyable amas de douleur dans une cage dorée, nacrée et incrustée de pierres précieuses. Elle est un esprit pas sain du tout dans un corps qui l'est de trop. Elle est un paradoxe qui fait mal…