Abatrash

Le 24/08/2005
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par nihil
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Rubriques / Alienations
Un texte sordide, sombre, confus. Le personnage s'enferme dans un endroit abandonné dégueulasse et rumine sur l'état de décomposition avancée de son univers. Le mot 'merde' revient six fois par ligne. C'est nihiliste et psychopatho, et également assez inutile.
La merde. Tout pue la merde ici.
La salle de lavage délabrée avec les cuves et leur fond noirâtre, les putains de relents d’égout qui remontent des multiples bondes alignées. La pièce de stockage des déchets et son carrelage suintant d’une graisse noirâtre. Les résidus d’aliments avariés qui se décomposent sur les étals. Le mélange de débris de viande qui se mêlent peu à peu au fond des larges éviers de faïence. Les chiottes en ruines, les vestiaires murés, moi qui me vautre et me repaît de ma crasse. Le bout de mes doigts aux ongles ébréchés qui puent la merde, je m’essuie les doigts sur les fringues, toutes mes saloperies de fringues dégueulasses qui puent la merde. Mes aisselles et ma bite qui refoulent et mon bide en train de pourrir, les traces d’urine dans mon froc. L’odeur de mes clopes, l’odeur de ma bouffe : tout a la même odeur à gerber.
Des crochets rouillés qui oscillent sans cesse sur leur rail, qui me visent. Les outils d’abattage abandonnés, encore marqués de sang séché. Tout est mort, tout est vivant. Les remous sales, souterrains des canalisations, tout autour de moi, cachées sous les murs carrelés de blanc. De plus en plus laborieux. Les fuites tout au long des joints noirs, des filets d’eau huileuse qui contournent paresseusement les carreaux. Les rats qui courent partout, s’infiltrent partout et meurent, qui nettoient l’os de la moindre parcelle de viande. Leurs déjections qui s’accumulent partout, leur infecte puanteur vivante. Je suis pourri de l’intérieur. Je n’assimile rien de ce que je mange, je chie tout. Des blocs sombres, compacts de matière fécale qui me déchirent les tripes et le cul.
Les choses sales enfermées dans la chambre froide défectueuse, éteinte depuis des jours, emplies d’une seconde vie. Le grouillement dans la viande, les carcasses qui s’ouvrent, derrière le battant frigorifique, dégageant une ignoble odeur de corruption. La merde, ça sent la merde, ça pue la merde, la crasse et le sang vicié. Toute la merde de ce monde mort se concentre ici, autour de moi, et palpite à m’en faire péter les plombs. Tout est périmé, tout est appelé à disparaître. Tout ce qui est vivant ou l’a été pue la merde, et ne vaut pas mieux. Je continue à manger mon repas qui se décompose sous mes yeux. J’en ai rien à foutre : on passe tous par la même bonde.