Cycle de vie

Le 18/09/2005
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par Nev
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Thèmes / Obscur / Triste
Notre nouvelle auteuse fait dans le modéré et la subtilité un peu floue : l'histoire de cette petite poupée posée sur une étagère renvoie à coups de double-sens à la vie tristounette d'une paumée. C'est pas mauvais mais c'est gentillet.
Le soleil faisait briller ses petits yeux.
Elle était immobile, innocente et naïve dans son monde, satisfaite et épanouie dans son ignorance.
Elle aimait écouter les sons alentours, un jour elle avait même tenté d’ouvrir ses lèvres en porcelaine, mais celles-ci restaient fermées quoiqu’elle fasse. Muette sur son étagère, la petite poupée.
Pourtant elle était bien heureuse, elle ne se plaignait jamais, même si son étagère devenait sale et dégoûtante.
Elle portait toujours une robe rouge en velours, c’était la seule chose qu’elle possédait, elle était si contente de l’avoir qu’elle faisait son air fier tout le temps.
Sans cesse les choses bougeaient et changeaient autour d’elle, les évènements se déroulaient sous ses yeux, le temps passait vite. Elle était témoin de tous les bonheurs et tous les malheurs, de tous les débuts et toutes les fins. Elle voulait tellement participer à cette vie ! Mais elle n’avait jamais réussi à bouger de sa putain d’étagère. Inexistante, la petite poupée.

Elle vieillissait la petite poupée. Elle commençait à ne plus supportait les bruits, sa robe devenait sale et puante. Elle allait jusqu’à dénigrer ce monde flou, ce monde qu’elle n’avait jamais compris, ce monde clair qui devenait obscur à ses yeux.

Ce jour là, l’orage arrivait. Il y avait une fenêtre ouverte devant son étagère. La pluie lui mouillait sa robe marron. Le vent tournoyait dans la pièce. De plus en plus fort. Elle se rendait compte que toutes les choses capables de bouger restaient immobiles dans leur indifférence. De plus en plus fort. Le vent emportait tout. D’un coup, la petite poupée tomba et s’écrasa, son front en premier, sur le sol. Sa main dans la chute avait atterri à trois mètres de là. Sa tête était restée toute entière, trouée au front. Elle vivait encore. Même ses yeux étaient ouverts. Elle avait mal, très mal. Allait-elle mourir ? Non, pas encore.