Souffre, écoute, puis étouffe-toi

Le 20/10/2005
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par Nicco
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Thèmes / Obscur / Humeur noire
Nicco tient un blog fort sympathique et nous octroie cette note ambiance humeur noire. Du plein vécu (c'est normal, c'est du blog) à propos des soirées dans les bars et son cortèges de boulets moralisateurs qui essaient de t'apprendre la vie, et comment tu dois être et comment tu dois paraître. Alors que tout ce que veut Nicco, c'est être peinard dans son coin. Percutant, lucide, impeccable.
Je n'aime pas les soirées dans les bars. Parce qu'il y fait chaud, qu'on est mal assis et qu'il y a du bruit. Des inconvénients dont on ferait à la limite aisément fi si ne venait pas s'y ajouter l'inévitable donneur de leçon, le mec qui a décidé que tu as un problème, et que là, présentement, après 6 verres de vin altérant des facultés que l'on devine atrophiées, il allait te le résoudre, ton problème.
Tout ce que je désire, au lieu de vouloir m'expliquer en vain pourquoi j'ai du mal à digérer 25 ans de vie au pays des cons heureux, c'est que les psychiatres de comptoir me foutent justement la paix, et se rendent compte qu'ils sont eux-même l'origine du mal qu'ils tentent de soigner. Mais la mise en abîme démonstrative est un concept un brin imperceptible pour ces seigneurs. Alors ils parlent. Ils expliquent.
Le sociologue de génie, il va donner un exemple. Il va expliquer qu'il n'aime pas mon t-shirt, et qu'il faut que j'impose que c'est mon t-shirt, qu'il me plaît, que les autres doivent l'accepter.
Et là d'un coup, j'ai compris. Oui, enfin, grâce au sacrifice du plus beau des spécimens, j'ai perçu le mal profond de tout cela.
Pour "eux", il faut s'imposer ; la vie n'est qu'une confrontation constante et éternelle de soi face aux autres pour se faire respecter et aimer. Il faut "s'affirmer". Or moi, je n'ai pas envie qu'il aime mon putain de t-shirt. Je n'ai pas envie de faire ce putain d'effort superficiel pour créer une suffisante assurance totalement artificielle. Je n'en ai rien à foutre qu'on aime ou pas mon bordel de putain de t-shirt. C'est aussi simple que ça. Alors pourquoi je suis en colère, pourquoi j'ai envie d'éclater des têtes au fusil à pompe ? Parce qu'une société, une génération dont les principes relationnels reposent sur la défense d'images, de choses totalement volatiles et stupides, ça me déprime, véritablement ça m'effrondre.
Alors voilà : J'emmerde les gens ! Je leur chie complètement à la gueule. J'en ai plein le cul de faire l'effort de supporter leurs merdes, leur connerie, leur idiotie, leur violence. Et surtout, surtout, je n'en peux plus de devoir écouter des milliers de discours de barjots affirmant que ceci est la norme, qu'ils sont corrects et rationnels, et que moi j'ai un problème.
Je n'ai pas de problème, je le répète, et le problème ne se crée que lorsque toi l'aveugle, toi le sourd, tu viens m'asséner que ce que tu vois et entends et la Vérité, et que je dois la suivre et l'accepter.
Je ne veux pas de leur superficialité, de leur hypocrisie, de leur consensualisme, de leur fadeur, de leur inconscience.
Voilà, je n'aime pas les gens, je suis un sale con misanthrope. Enfin non, arrêtons d'exagérer un instant : je n'aime pas "certains gens", et ce sur des critères salement empiriques, donc subjectifs. Ai-je tort ? Ai-je raison ? Mais putain on s'en fout. Depuis le temps que tous les psychologues formés par "20 ans" et "Biba" me serinent que je dois faire ce qui me plaît, pourquoi viennent-ils tous me faire chier car justement ce qui me plaît c'est d'être tranquille, seul ou très peu entouré, faire mes trucs, à moi, et envoyer chier les cons et connards qui osent dépasser le cadre de la bienséance intellectuelle et sociale avec une impudeur criminelle ?
Vous voulez savoir pourquoi ? Parce que je dois faire ce que je veux, mais à condition que cela les satisfasse. Or un mec qui qui s'évertue à mettre les autres face à leur déblité et agressivité relationnelle, c'est horriblement pas bieng.
Alors pendant longtemps les gens me parlaient comme si je n'allais pas bien, m'expliquant que je devais être cool man, tu vois. Mais moi je suis cool, man. Moi, je n'ai pas besoin d'imposer aux autres d'aimer mon t-shirt en pointant le menton plus haut que le reste du monde ou en beuglant comme un connard. Moi je m'en branle toutes les couilles du monde des t-shirts des autres.
Non, vraiment, je suis pas sur le même niveau de coolitude. Moi, quand je tente de m'imposer, c'est pour des idées, un point de vue, et non pas pour être élu Mister Fac 2000 ou pour me faire tirer sur le poireau toutes les 3 nuits.
Alors oui, j'ai envie de ne pas aimer un mec qui place "communauté" et "partage" dans une même phrase à 8h00 du mat'. Non, ce n'est même pas ça : Je n'aime PAS un mec qui utilise les mots "communauté" et "partage" 4 fois par jour. Voilà. Et il y a des millers d'autres personnes que je n'aime pas pour des raisons aussi simples. Pourquoi ? Oh il y a bien des arguments, je pourrais en énumérer ici, mais voilà, à la place je vais faire un truc très simple : Ne pas m'expliquer.
De toute façon, ceux qui comme moi n'aiment pas les mecs qui utilisent les mots "communauté" et "partage" 4 fois par jour me comprendront sans aucune justification ni démonstration magistrale. Les autres, soit ils essaient de comprendre et de voir autre chose qu'une pure haine (oui, je le répète, moi je ne suis pas dans le trip de la confrontation constante pour me sentir exister superficiellement), soit ils vont tout simplement se faire foutre et chercher un autre t-shirt.
Et ça, c'est ce qui me plaît.