Philémon

Le 05/12/2005
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par Lapinchien
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Thèmes / Divers / Poèmes de merde
Voici qui devrait rappeler tout un tas de chansons de chanteurs morts à Dourak et d'autres. On peut s'interroger sur le format que choisit LC pour conter cette inintéressante fable philosophique : la poésie. Choix injustifié et peu pertinent. Ca rend le texte singulièrement pénible et fatigant et ça oblige l'auteur à massacrer le français, qui ne méritait pas ça.
En des temps forts reculés,
Ou peut-être bien à venir,
Vos spatiocoordonnées
Sont seules à le définir,
Une intrigue haletante s’est jouée
Ou se jouera sans faillir.
On découvre un corps sans vie…
Homicide apparemment…
Viscères de l’anéanti
Garnissent son appartement…
Milles tortures qu’il a subi,
Témoignent d’un acte dément.

Le mort s’appelait Philémon,
Un artiste fort acclamé,
Qui eut pour seule profession
Tous les jours : Se prostituer
Face à des foules, des légions,
Prêtes à tout pour l’approcher.

Les archives pointent un coupable,
Une groupie qui pour seule tare,
D’ s’être émue d’un intouchable
A la folie, semble avoir,
Plusieurs fois, c’est regrettable,
Surprise à trop le vouloir.

Homélie, c’est son prénom,
Retrouvée recroquevillée,
A balbutier « Philémon ! »
Dans son p’tit squat assiégé
Couvert du sol au plafond
Du sang de l’infortuné.

On l’arrête, on l’incarcère,
Elle avoue sous la pression :
« J’ai étripé Lucifer !
Je mérite le pardon…
Ce que j’ai fait, j’en suis fière,
Cette merde n’était qu’un pauv’con ! »

Voilà donc pliée l’enquête,
Mais c’est compter sans Prosper,
Un avocat d’opérette,
Qui compte profiter d’l’affaire,
Pour se faire dorer l’entête,
Sous le feu des reporters.

Il contacte l’Homélie,
Qui refuse tout argument :
« S’il le faut que j’sois punie,
C’que j’ai fait, j’l’assume pleinement.
Philémon était pourri,
C’est de l’engrais maintenant… »

Mais Prosper qui manigance,
Lui fait vite changer d’avis :
« C’est direct la potence,
Si tu trouves pas d’alibi…
Ce mec a tant d’importance,
Que t’y veuilles donner ta vie ? »

La belle se gratte le menton,
Pis bondit, conquise, elle crie :
« Prends ma défense, t’as raison !
J’ai bien trop souffert pour lui,
Il n’a pas voulu d’mon fion,
L’aura     pas au Paradis… »

Prosper se frotte les mains,
Il se fout d’l’issue d’l’histoire,
Tout ce qui compte pour le vaurien :
Impressionner l’auditoire.
« Pour assurer son gagne-pain,
Ya rien d’mieux qu’un moment d’ gloire ! »

Il a bien flairé son coup,
Faire scandale au tribunal
Est devenu son maître atout.
« J’finirais dans les annales,
Même si j’dois sacrifier tout…
Attention ! çà va faire mal !»

Le procès commence enfin,
Et pour la partie civile,
C’est l’procureur Saturnin,
Qui défendra, fort habile,
Les veuves et les orphelins :
« J’vais niquer l’autr’imbécile !»

Le juge donne la parole
A la défense, amusé :
« J’me demande quelle carambole,
Vous allez pouvoir plaider…
La groupie me semble folle,
L’est juste bonne à interner ! »

Prosper s’avance à la barre,
Et sans sourciller, lucide :
« Non coupable ! Et on va voir
Que tout cela n’est qu’un suicide…
Philémon de son vouloir,
Nous a laissé un grand vide… »

« Un suicide ? Mais vous êtes fou ?
Allez vous nous expliquer,
Qu’ ses organes un peu partout,
Philémon les a semés,
Avant de se donner le coup
Qui de grâce, l’a emporté ?»

« Procureur scandalisé…
Auditoire abasourdi…
Le juge en train d’étouffer…
On peut dire qu’j’ai réussi
A foutre un boxon sacré ! »,
Pense l’avocat sûr de lui.

« Expliquez-vous ! », Somme le juge,
« Ou sans attendre, maintenant,
Je vous promets un déluge,
J’évacue la salle, séant !
Croyez vous qu’une telle gruge
Puisse sauver votre client ?»

« Tuer quelqu’un dans l’absolu,
C’est lui’ôter toute liberté…
Mais que dire si le foutu
De lui-même s’en est privé ?
La pichenette qui chute conclue,
Peut-elle un crime constituer ? »

« C’est facile d’extrapoler ! »,
S’exclame alors Saturnin,
« La victime, de libertés,
Prouvez qu’elle n’en avait point… »
Prosper s’en trouve enchanté :
« Très bien, j’appelle un témoin ! »

« Un témoin ? Comme c’est stupide ! »,
Sourit l’procureur bêtement,
« Où trouver un être valide
Pour faire part intégralement
Des pensées d’un corps putride,
Et ce au plus fidèlement ?»

« Mais c’est bien cela, cher confrère,
A la barre, j’appelle de suite,
Philémon, l’homme du cimetière,
Qui nous prouvera au plus vite,
Qu’libertés, il n’avait guère
Que sa fin était écrite ! »

« Je vous préviens, hypocrite…»,
Proclame le juge gentiment,
« Faudra une baguette magique
Pour que j’accepte le serment,
D’extralucides et leur clique.
Ce sont tous des charlatans ! »

« Point de vodoo, votre honneur ! »,
L’avocat se gausse de rire,
« Mais de confessions majeures
Qu’ Philémon, avant d’ mourir,
Céda à un rapporteur
Qui d’art venait s’entretenir… »

« Une interview ? C’est une honte ! »,
Tape du poing l’accusation,
« Tout le monde sait que s’qu’on raconte,
Hors contexte n’est qu’projection,
Que de rien, tout on démontre,
Par l’ biais d’interprétations ! »

« Loin de moi l’idée stupide
D’extraits courts vous assommer.
Ma démonstration s’rait vide
Si d’un interrogatoire tronqué
Je voulais prouver suicide…
Telle n’est pas ma volonté !

Je vous passerais l’entrevue,
Intégrale et sans montage,
D’un seul trait, en continu,
Suivant règles d’un témoignage
L’journaliste, il est convenu,
Jouera donc mon personnage. »

Le juge accepta requête,
Bien qu’procureur objecta
L’magistrat l’envoya paître,
Puisqu’ les usages du bon droit
Respectés à moindre lettre
En rien n’interdisaient cela.

« Philémon, hein, qu’tu t’la pètes ? »,
Provoquait le journaliste.
« Pas du tout, je suis honnête… »,
Rétorquait alors l’artiste,
« Mais j’suis esclave du paraître
C’est lui qui trace ma piste… »

L’intervieweur : « Tu rigoles ?
T’as tout le monde à tes pieds,
Et quelles que soient tes paroles,
Toute la foule envoûtée,
Boit préceptes de son idole…
T’es maître de ta destinée ! »

« Hélas non ! », Pleure Philémon,
« Je suis le jouet du système.
Parfois je voudrais faire front,
Mais affublé d’anathèmes,
Addict, je suis au renom,
J’me dis qu’çà n’vaut pas la peine… »

« T’es devenu une comète,
A trajectoire programmée… »,
Le journaliste un plomb pète,
« T’es qu’une pute, un enculé
Accro seulement aux pépètes,
T’as cramé ta volonté… »

« J’avance tel un zombie,
Je suis mort effectivement,
Je ne mérite pas ma vie,
J’ai rien à dire à ces gens
Qui en moi voient Jésus Christ,
Alors que je vends du flan… »

Ainsi se finit la bande,
Le Jury impressionné,
Maintenant sans plus attendre,
Homélie souhaite acquitter.
Mais l’procureur n’est pas tendre,
Et n’va rien laisser passer :

« Et l’contre-interrogatoire ?
Qui me le concèdera ?
Dois-je faire un réquisitoire
Sur encéphalogramme plat ?
Votre témoin n’est pas bavard…
Qu’on m’apporte donc un ouija ? »

« Mais quelles questions à un mort
Voulez-vous donc bien poser ? »,
L’avocat de ses gongs sort
Et d’un ton désabusé :
« Son suicide, il corrobore,
On n’peut pas tuer les clamsés ! »

Mais Saturnin, excédé,
Par les dires du fanfaron,
Se tourne vers les jurés,
Et tout d’un coup, hausse le ton :
« C’est Homélie qu’a causé
L’agonie de Philémon !

On peut de soi-même avoir
Perdu toute liberté,
On peut bien la mort y voir,
Pourquoi pas en vérité ?
Mais il nous reste un espoir,
Celui de ressusciter. »

« Sans liberté, revenir ? »,
S’époumone alors Prosper,
« Mais comment ? C’est du délire.
Un mort n’ ressort pas de terre,
Pour se remettre à vieillir,
Exaspéré des enfers ! »

« Et pourtant », coupe Saturnin,
« Sans libre arbitre, c’est possible.
Tant qu’un souffle nous étreint,
Une lueur dans l’invisible
Peut nous remettre sur droit chemin.
Votr’ théorie est faillible ! »

« Vous admettez, cher confrère »,
Pointe Prosper d’un air moqueur,
« Que sa vie, le suicidaire,
L’avait d’ jà cédée à l’heure
Où Homélie, tête-en-l’air,
Tentait d’ la r’ prendre par erreur ? »

« C’est pas çà », Dit l’ procureur,
« Car on pouvait le sauver… »
« Pourquoi donc, sur quelles valeurs,
Ôter dernières volontés »,
S’énerve Prosper, rageur,
« D’un homme qu’la vie a quitté ? »

Et voyant que l’ procureur,
N’a plus d’imagination,
L’avocat, dont la seule peur
Est le manque d’agitation,
Décide de reprendre sur l’heure,
Du début, l’accusation :

« Chère confrère, il y a bien
Un point faible à ma défense.
A vous voir brasser du rien,
J’n’ espère pas vous faire offense
Si je vous fais un dessin.
Avec vos attaques, je pense,
Qu’on s’ ra encore là demain !

La vie et la liberté,
On peut s’en priver soi-même.
Mais l’Homme a une qualité
Que malgré toutes les peines,
Il ne pourra pas s’ôter :
La survie est dans ses gènes…

Philémon sur le déclin,
Un sursaut pouvait sauver.
Homélie est l’assassin !
Et ce à n’en point douter.
Elle lui ôta ce p’tit rien
Qui tout pouvait basculer.»

Un brouhaha court dans la salle,
Le juge tape du marteau,
Les reporters se régalent
Et demain dans les journaux,
Sur la page principale,
Prosper s’ ra titré en gros.

C’est dans la cacophonie,
Que s’achève le procès,
Condamnée est Homélie,
De suite, placée au arrêts,
Dans l’attente qu’un Lundi,
Sur elle tombe le couperet.

Prosper, rayé du barreau,
Pour insulte à magistrat,
Coule pourtant des jours beaux,
A écrire des postulats,
Qu’il vendra comme des gâteaux
A tout connard, qui l’ lira.

Versatilité est droit
Que trop souvent, on dénigre.
On nous pousse à faire des choix,
Car en nous sommeillent des tigres
Qui’ en cage, ont meilleur aloi,
Qu’instables, dangereux et libres.

(O_____O) Lapinchien