Alors regarde

Le 08/12/2005
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par Caligula
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Thèmes / Obscur / Psychopathologique
Caligula délaisse pour un temps la poésie merdique. Le thème reste habituel : l'amour agressif, méprisant, violent. Rien à voir avec l'harmonie tranquille qui règne en général dans les scènes de cul. Malgré des tournures bizarroïdes et un style très moyen, les obsessions de Caligula atteignent enfin leur potentiel. Le texte est loin d'être monumental mais beaucoup plus agréable qu'un des habituels poèmes, et assez marrant dans le déjanté.
Je lime dans une vie sans soleil, puisqu’à bander sans âme, on éjacule sans grande conviction.
Bizarre ! Mais, le constat est sans équivoque : même la toute première fois où ma sève a bénit un corps adverse, je n’ai jamais réussit à les regarder dans les yeux.
                     Comme cette nouvelle partenaire jetable, allongée à côté, me fixant l’air béat… Enfin bête surtout ! Sa vulve encore chaude et dégoulinante du jus de mes bourses. Alors, je matte ailleurs, prend l’air grave et sévère. Mais, elle me questionne quand même : « Pourquoi tu regardais de côté pendant qu’on faisait l’amour ?Je te fais peur? Hihihi! »
    L’amour ? Mais, qu’est-ce qu’elle croit cette traînée ? Ca n’est juste qu’un puit sans fond de plus où je me suis dégorgé. Tu n’auras pas de considérations supplémentaires, cette blague !
    Réflexion faite : ce qui me gêne réellement doit résider dans le fait qu’au point de non retour, où elles supplient de recevoir l’absolution de mes entrailles, je perd une partie de moi, je me gâche dans un corps inférieur ! Elles devraient être déjà honorées, mais non ! Il faut en plus que je me perde dans leurs yeux.
    Alors, je feins de ne rien comprendre. Pour avoir la paix. Mais, elle insiste ! Une de plus qui aimerait tant me connaître… Quelle belle hypocrisie romantique venant d’une femme qui ne connaissait même pas mon prénom au moment où elle salivait abondamment sur mon bout de chair, affalée sur les fauteuils du Duplex.
    « J’ai envie que tu me pénètre lentement en me fixant. Les yeux dans les yeux, ça m’excite ! Allez…. Viens ! ». Je réfléchis un instant. Ecrase ma cigarette sur le mur de la chambre d’hôtel. Lui écarte les jambes et m’introduit tant mou que mal. Et je la fixe.

    Au départ, je fuis, n’arrive pas à fixer ce regard vide. Ca me dégoûte presque, mais, j’insiste, je me force par fierté, pour ne pas débander maintenant. Plus ses yeux me cherchent et plus je me sens traqué, mal à l’aise, en danger ! La panique grimpe au rythme de mes coups de butoirs, qui montent en cadence, de plus en plus violent. Une bonne baise bien viscérale, avec les bruits crades de nos muqueuses qui se collent.
    Son visage se crispe. Ses yeux prennent une nouvelle lueur, celle de la peur. Après m’avoir encore demander d’être plus tendre, réalisant mon délire, elle m’attrape les cheveux et me crie d’arrêter, l’air furieuse. Son regard cherche une fois de trop à pénétrer mon cerveau, m’irrite de plus en plus, me provoque, alors je cogne violemment ma tête sur son nez qui éclate, avec un mélodieux bruit de craquement. Le sang en coule abondamment et noirci le drap immaculé.
    Après une nouvelle série d’assauts forcenés, elle perd conscience. Ses yeux se ferment. Je peux enfin jouir tranquillement, son regard ne me trouble plus. Alors, je la lime de plus belle. Mes coups de reins s’accélèrent. Puis, je me tétanise, éjacule dans ce corps inerte quelques gouttes de spermes, mais…. Les yeux de cette salope sont ouverts, me narguent, me transperce. Mes poils se hérissent, la haine fait courir un frisson étrange. J’attrape violemment sa gorge pleine de sang et serre de toute mes forces : « Crève ! Putain, crève ! ». Les convulsions anime un temps son corps, la terreur, ses yeux, et puis, en un instant, plus rien et deux filet de sang perle à ses lèvres. L’agression dans ses yeux laisse place à une expression de paix.
    Je respire un coup, le calme est revenu dans ma tête. Je me retire d’elle. Du sang s’échappe alors de sa fente. Je prend l’oreiller sous sa tête, m’essuie les caillots et le sperme sur mon sexe avec. Puis le dépose sur sa figure, afin de masquer son regard.

    Une fois rhabillé, je sors de la chambre du Balladins et laisse la porte ouverte. Qu’on puisse admirer mon œuvre. Amusant, je n’aurais cru qu’une de ces paumées me permettrait d’être créatif…. Artiste même !

    En roulant sur la francilienne, j’allume une clope et met la radio. Coïncidence troublante : ils passent Les yeux de ma mère, titre d’Arno, sur Europe 1. Quand j’y réfléchis, cela reste le seul regard qui ne m’a jamais troublé. Peut-être parce qu’il était pur et désintéressé. Qui sait ? Personne !
    En portant la cigarette à ma bouche, l’odeur des sécrétions de sa chatte morte, encore présente sur mes doigts, m’agresse par surprise, me révulse. La sensation attaque mon cerveau comme un coup de couteau. Je laisse tomber le mégot dans l’habitacle. L’odeur de mort se diffuse dans mes veines, crispe mes neurones, brûle mon estomac. Je commence à voir des étoiles, puis plus rien. Ma tête devient lourde, trop lourde. Je perds le contrôle de la voiture. M’écrase contre un arbre. Et sombre.
    Le choc a été violent et je reprends peu à peu mes esprits, car une autre odeur a pris le dessus : celui du siège qui crame et d’essence. Je m’extrais difficilement de la voiture, gêné par l’airbag. Parcours quelques mètres, tombe, épuisé par les événements et perd connaissance.

    Je ne sais pas si ce sont les voix des flics ou les bruits d’explosions de ma voiture, prise sous les jets d’eaux des pompiers, qui m’ont réveillé en premier. Peu importe : je suis en vie.
    Au bout de quelques minutes, je commence à discerner les paroles de l’agent : « Que s’est il passé ? ». Alors, pris dans mon délire, je raconte la soirée, la pipe dans la boite, les yeux de ma mère, la baise de forcené dans l’hôtel et l’odeur de mouille funèbre. Pris d’un accès violent, réalisant ma connerie, je dégueule sur le flic.

    Tranquillement allongé sur mon matelas, je finis de me branler en repassant la nuit dans ma tête. Quel pied quand même ! Ca en valait presque les conséquences ! Puis, j’essuie ma main sur le mur de ma cellule, bien maculé de spermatozoïde mort. Deux ans déjà, comme le temps passe vite.
    Le tribunal a jugé mon cas de folie passagère. Quelle bêtise de rabaisser ainsi mon œuvre. Mais, mon avocat m’a précisé que c’était plus simple. Que cela soit ainsi ! Le psy qui me suit m’a conseillé de me masturber devant un miroir, en me regardant dans les yeux. Cela devrait m’aider à combattre ma pathologie au moment de l’éjaculation. C’était si simple que cela en est insultant ! Faire l’amour avec moi-même, plus de gâchis. Une fois le sperme lâché, je lèche mes doigts et ravale le nectar de mes couilles.

    Une semaine est passée depuis ma sortie. Je reprends doucement mes marques. En fait, rien n’a changé. Le Balladins est toujours là. J’y suis allé, j’ai louer la même chambre et me suis branler devant le miroir de la salle de bains. Je devais bien ça à cet hôtel.
    Cette petite cérémonie m’a ouvert l’appétit. Je rentre dans le Mac do à côté de l’hôtel. M’insère dans la file d’attente et attend mon tour.
Dans la queue à ma droite, un petit BB joufflu, dans une poussette, tête goulûment son biberon en me fixant. Comme c’est attendrissant, excitant même… Non, c’est ignoble ! Je détourne le regard. Qu’est-ce qu’il a ce petit con à me mater comme ça. Je rejette un coup d’œil, il me regarde, l’air encore plus narquois. J’ai chaud. La fièvre monte. Ca vient de naître et ça se permet de me dévisager. Le sang cogne à mes tempes, la salle commence à tourner. J’oubli tout le reste, seul m’obsède le regard innocent du mollusque sur roulette qui fouille mon esprit. Pris d’un vertige affreux, je perd contenance, bouscule la poussette, qui renverse le nourrisson. Il ne crie pas, me fixe avec soin air calme. Je le regarde alors bien dans les yeux, la nausée me prend. Alors je lève la jambe et vise la tête.



5/11/05 5 : 56     « pourquoi tu regardes à côté ? ».