Fausse revanche

Le 09/12/2005
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par Ieyasu
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Thèmes / Obscur / Nouvelles noires
Ieyasu s'essaie à la nouvelle déjantée avec un succès mitigé. Tous les éléments pour une bonne tranche de violence et de disjoncte sont réunis : un héros à coté de ses pompes et un peu mongolien, une vengeance improbable parsemée de scènes gore et quelques insultes. Mais c'est tellement mal écrit que le texte est insupportable et trop confus pour être valable. L'intrigue est incompréhensible.
Une pâle lueur brille encore dans une alcôve, et quelques rayons de lumière égarés sortent de l'ombre les aspérités du mur blanc sali, juste en face du filament incandescent.
J'ai beau fixer ce foutu mur, rien d'autre ne me parvient à l'esprit. Si la source de lumière aurait été une flamme, ses jets auraient dansé sur la poussière et la peinture, qui forme la surface que j'admire inlassablement. Mais il s'agit d'une foutue ampoule qui éclaire de quelques foutus Watts cette foutue paroi. Et j'ai beau leur demander de danser sur ce foutu mur, tout ces cons de Photons font obstinément le même trajet, et l'ombre sur la paroi refuse de bouger suffisamment pour que je puisse le voir.
J'hésite à me replonger dans mes pensées. Quand je baigne dans une image aussi immobile qu'un tableau, je perd toute notion du temps, puisque je n'ai plus rien pour l'observer. Je les hais tant ! C'est de leur faute, ils ne pensent qu’à s'amuser. C'est pour ça que je suis devenu ce que je suis, c'est donc de leur faute.
Pourquoi ai-je pris cette décision à ce moment ? J'avait tellement ressasser, ruminé, haïs qu'a ce moment, une limite fut atteinte. Pour la première fois depuis trop longtemps, la photo s'anima, l'ombre sur le mur bougea. C'est tout mon corps qui bougea, mes pieds fléchirent, mes genoux chutèrent, mon bassin s'affaissa, mon torse s'écrasa sur mes bras et mes avant-bras, jonchés sur le sol, et ma tête alla frapper le sol de tout son poids. Enfin, je ne regrettait déjà pas ma décisions : j'allait pouvoir enfin me venger :

Je me lève d'un bond, allume la lumière, puis sort en trombe de la prison qui me servait d'appartement. Je ne savait pas encore par ou j'allai commencer, mais j'étai décidé à tout essayer, puisque j'en avait le temps et les moyens. Tout en dégringolant les escaliers, je pensait commencer par trouver de quoi raser mon repère ou je me terrait, terrifié. Puis ensuite, j’irais torturer tous les cons qui me piquaient mes barres de chocolat au CP. Puis j’irais violer les filles qui s’étaient foutus de ma gueule. L'inspiration m'envahissait déjà comme l’armée rouge envahis une ferme, et je me réjouissais déjà de ce petit programme qui commençait fort bien.
-    Salut connard, lui dis-je après avoir plastiquer sans difficultés l’immeuble abritant ma demeure, je viens te péter la gueule.
Sourire débile, regard vide de sens, visage marqué d’une incapacité à comprendre quoi que ce soit lorsque l’on y explique simplement un banal programme sont autant de signes permettant de repérer un gros con à des kilomètres à la ronde ; je pris donc un soin tout particulier à le découper avec finesse. Quand j’arriva aux orteils, le plus compliqué fut de détacher les ongles sans en laisser de petits morceaux encore incrustés dans la chair, je dus pour cela utiliser un simple couteau de cuisine que j’introduisit doucement sous chacun des ongles afin de les détacher le plus proprement possible. Mais malgré mes efforts et mon professionnalisme, ma victime de m’en fut pas gré et, vexé, je du me résoudre à m’occuper de ses doigts « à la barbare ». Dans la foulée, je fis de même avec un autre de ses homologues, une variante consistant à lui ouvrir la trachée au moyen d’une lime à ongle, avant d’y introduire bon nombre de produits chimique trouvés entre la cuisine et l’atelier. Mais à présent, une question primordiale se posait : Devais-je d’abord la violer ou la torturer ? Pour répondre à cette question, j’allai la poser à la principale intéressée.
Toc, toc, fis-je en tapant sur la porte - politesse oblige.
Une seconde s’écoula… j’avait frappé sur une épaisse porte en bois massif dont les gravure verticales et horizontalement découpant la porte en rectangles de tailles inférieures semblait coïncider parfaitement avec l’ombre qui semblait être projetée par le mur de la demeure. Je fixais cette porte immobile, parfaitement dessinée reflétant une lumière semblant aussi figée que les traits tracés par la différence d’éclairement entre, d’un coté les larges bandes supérieures et gauches du bois dans l’obscurité et, de l’autre, le reste de la porte illuminée. Traits dont la coïncidence avec les gravures de la porte semblait éternelle. Pris de panique, je saute sur ma gauche pour briser, par la présence de mon corps, cette harmonie d’immobilité, cette entente tacite entre le soleil, l’entrebâillement et la porte. C’est une grande victoire, les motifs dessinés sur le bois se muent instantanément et la perfection de l’alignement s’écroule complètement. Un peu comme l’immeuble. J’ai eu peur.
Deux secondes.
Vingt-quatre secondes : La porte s’ouvre.
-    Salut, salope. J’ai un problème existentiel de la plus haute importance : je ne sais vraiment pas si, pour me venger de la manière la plus drôle possible, je devrais d’abord te violer, ou d’abord te torturer, voulais-je lui dire.
Il y avait un léger courant d’air gênant venant de la porte ouverte, transportant quelques odeurs de cuisine. Impossible de savoir exactement ce que cette salope faisait cuire, mais je m’en fout. Il y à un autre problème, c’est que ça va bientôt faire une seconde que je suis comme un con sur le seuil de la porte et qu’il m’est toujours impossible d’ouvrir ma gueule, face à un visage inconnu. Stase. Son regard commence à m’interroger et vient se fixer sur moi pendant une douloureuse éternité. Le courant d’air qui transportait les odeurs de cuisine que je ne pouvais pas identifier s’est arrêté. Le monde est noir. Noir, sauf une petite lueur se reflétant timidement sur les aspérités plastifiées du sol sur lequel je jonche misérablement, un peu comme une merde de chien sur un trottoir, que l’on n’aurait pas ramassée tellement elle pue.

Dans leur course monotone, linéaire et infinie ces connards de photons se vautrent sur le sol avant de venir s’écraser au fond de mes fovéas. La tête appuyée à même le sol, mon corps écrasant mes bras, je baignais paisiblement, immobile, sous la pluie des quelques Watts que ce foutu filament voulait bien m’éjaculer dessus.