Testament

Le 17/12/2005
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par Aethra
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Thèmes / Obscur / Triste
Ce texte c'est le texte dépressif par excellence. Cette complainte endeuillée, très bien écrite, condense bien les pensées mélancoliques et souffreteuses de ceux qui broient du noir. Pour les autres, c'est surtout très larmoyant et assez traînant.
Quel est le but de cette existence?
....
A toi de savoir me répondra-t-on. Je n'en sais rien. Je croyais tout connaître et mon bonheur m'échappe.... Ce petit bonheur fade que je croyais intense, plongée dans l'océan, vol de particules, odeur de thé à la menthe... C'est fini, tout ça, bien fini.
Je me demande pourquoi les cachets n'ont pas glissé. Pourquoi ne les ai-je pas avalés? Quel est le but de tout ça, cette fatigue, cette faim d'avoir faim, ce coeur qui se noie sous la volonté d'en trop faire....? Ces amours qui sont loins, ces anonymes autour de moi -- la solitude est mon fardeau, mon lot quotidien, je marche dans le vague en arrachant ma langue....
Ici c'est chacun pour soi, vous pleurez et personne ne le voit, perdue dans la foule je tourbillonne et la folie m'égare, je ne sais même plus, j'ai envie de partir et de tout laisser, où est le courage? Où est ce courage dont la plume me protégeait, il y a si peu? Où es-tu, toi l'amie qui m'aime, toi la grande soeur dont j'ai mal à la présence?
Ma chair me pèse, ce corps sans volonté, ces yeux qui se ferment, ce dos trop droit, ces bâtiments grisâtres dont la saleté ne nous saute plus aux yeux.
Quelle est cette existence dont on nous impose les entraves, quel est le cri de ce coeur que l'on baîllonne, quelle est cette idiotie qui me fait aimer alors qu'ils sont si loins, tous si loins.... eux que je ne verrai peut-être jamais?
Ce matin on chantait:

Il n'y a pas d'ailleurs
Il n'y a pas d'ailleurs
Tu sais que ta vie
C'est ici
Il n'y a pas d'ailleurs
Il n'y a pas d'ailleurs
Tu sais que ta vie
C'est la mienne aussi...

C'est la sienne aussi, mais elle ne parle plus, l'Aphone si chérie, elle ne le veut pas mais elle s'éloigne...
J'ai mal à mon âme, mal à ma gémellité, on croit que le temps est ami mais le temps est folie, le temps détruit les vies, le temps détruit les coeurs et assèche les larmes, le temps est la pourriture qui vous ronge de l'intérieur -- devenir vautour, se nourrir et grandir à partir de la mort, se donner au morbide et virer corbeau, un soir de pleine lune -- les larmes sont le ruisseau qui tourbillonne autour de mes jours, et la nuit est mon lot, la nuit est mon amie, oublier tout le reste, se donner à la nuit, s'élever à la nuit, la douleur s'est éteinte et je redeviens bulle.
Dans la nuit je hurlerai à la lumière, je deviendrai vampire, je détruirai ce coeur qui fait si mal et que personne ne protège, plus personne.... L'amie est partie, grande soeur si chérie

et je suis seule sur terre, si seule, que même mon coeur m'oublie