Ces connards de poulets

Le 18/12/2005
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par Obn
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Thèmes / Débile / Divers
Ce premier texte d'Obn, choisi pifométriquement parmi les cinq qu'il a postés d'un coup est plutôt inconfru, puisqu'il présente l'achat d'une trotinette par le narrateur, et l'attachement sentimental pour les deux-roues qu'il ressent. Totalement bizarroïde donc, sans chute ni rien, limite mongolien, ce qui est une qualité majeure.
Achat d'une trottinette
Tout à l’heure je suis allé m’acheter une trottinette. Elle est là, près de moi. Elle bouge pas. Il faut encore qu’elle s’habitue. Je vous ferai une photo plus tard pour vous présenter.

C’est ma toute première trottinette. Il m’a semblé préférable, sur le plan symbolique, de faire cette acquisition à 26 ans plutôt qu’à 27, de sorte qu’il m’a fallu précipiter un peu mon achat.

J’avais vu sur le web qu’il y a un Go Sport au centre commercial du Passage. On y trouve aussi une Fnac, Hugo Boss, Naf Naf, une boulangerie Paul, Inno…C’est un paradis du samedi après midi. Autant s’y rendre en dehors des horaires trop paradisiaques, quand on a la chance de vivre l’enfer du chômage. Un vendredi matin par exemple, c’est parfait. Ca vous laisse plus de temps ensuite pour profiter de la sensation d’inanité.

Je possédais un vélo il y a trois jours. C’est bien les vélos aussi. J’y étais attaché sentimentalement, mais de nos jours à Paris, c’est insuffisant l’attachement sentimental. Il vaut mieux pratiquer l’attachement classique, avec double U.

Et c’est bien ainsi que je procédais : deux U, plus l’attachement sentimental. J’avais même un troisième cadenas, plus léger, pour les arrêts express. L’autre soir je suis passé chez une amie, dix minutes simplement. Je passais juste. C’était pour dire coucou juste. Ca prend pas longtemps un coucou. Coucou, et c’est déjà fini. J’avais attaché mon vélo à un poteau, en me contentant du petit cadenas d’urgence très adapté aux coucous brefs. C’est bien moins chiant à mettre. C’est bien moins chiant à enlever aussi. Dans les deux sens c’est pratique, si bien que j’étais content au moment de le mettre en place et eux ils ont du être tout aussi contents au moment d’embarquer mon vélo. C’était content partout. Match nul des contents. Lorsque je suis revenu le cadenas gisait, petit squelette sur le sol, près d’une merde de chien. Les arbres de Paris sont l’objet de multiples soulagements. Ce vestige, mon cadenas, témoignait de ce temps pas si éloigné où je figurais encore au rang des cyclistes. Ca remontait à un coucou d’âge.
Je l’ai ramassé, et je suis rentré chez moi en le triturant. J’étais stupéfait. « Ben dis donc ! », je me disais. Tout en me disant ben dis donc je plaçais bout à bout les deux extrémités du cadenas pour voir si c’était bien le même des deux cotés ; c’était bien le même en effet. Je me demandais si c’était pas recollable, c’est un peu l’impression que ça donnait tellement c’était coupé avec délicatesse. Ca donnait l’impression qu’on l’avait pas véritablement brusqué pour qu’il s’ouvre, qu’il s’agissait d’une ouverture naturelle prévue par le fabricant tellement c’était propre et bien élevé, et peut être qu’il suffirait de recoller les deux bouts pour qu’ainsi mon vélo réapparaisse ? « Ben dis donc », que je faisais, vraiment épaté dis donc par l’organisation de nos jours. Les mecs qui avaient fait le coup ne possédaient aucun moyen de savoir que je laisserais mon vélo dix minutes contre ce poteau, ce soir là. On était donc obligé de supposer qu’ils écumaient les rues, armés d’une pince, ce genre de plan. «Ben dis donc » que je me disais moi en montant les escaliers. Leur professionnalisme m’étonnait. Nous étions en 2005, un grand millésime.

Parvenu chez moi, le cadenas toujours entre les mains, j’ai regretté de ne pas l’avoir laissé en bas dans la poubelle où, de toute manière, je serais obligé de le redescendre. Et puis non, c’était une bonne chose, j’ai songé aux flics, qui en auraient besoin pour relever les empreintes.
Je dis ça, c’est pour déconner... Ils sont déjà très joyeux avec leurs flashballs ces connards de flics, ça sert à rien de les encombrer d’objets.