n3rDz 6 : mort aux pizzadroïdes !

Le 29/12/2005
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par Lapinchien, Nounourz, nihil, Glaüx-le-Chouette
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Rubriques / n3rDz
Preacher coincé par son gros cul dans des canalisations et Kikoolol84 en pleine montée de LSD, ça le fait, mais la vedette de cet épisode reste Akaiô. Toujours aussi loquace et stupide, notre surlittéraire qui se la pète est bien. Episode dans la bonne moyenne, qui satisfera les fans. Suffisamment rempli de gags pour tenir en haleine et trancher avec le total manque d'action.
Résumé des épisodes précédents : nos quatre Nerdz tentent de se réunir pour mettre fin à la dictature des Bots sur Internet. Puisque leur connexion est coupée ils doivent sortir, épreuve forcément héroïque pour des personnes qui ne se souviennent pas de la dernière fois où ils ont vu le monde extérieur. Bigchief finit pars'y résoudre pour pouvoir retrouver la chaude Selena, mais il se retrouve confronté à un étrange robot livreur de pizzas. Arrivés sur les lieux du drame, Kikoolol et Akaîo ne sont d'aucune utilité jusqu'à présent. De son côté Preacher, incapable de passer sa porte d'entrée, quitte son appartement par les conduits d'aération...
PREACHER

Me voilà à quatre pattes dans l’obscurité la plus totale à traîner mes guêtres dans la poussière poisseuse et suffocante des conduits d’aérations de l’immeuble… Un peu plus tôt, j’ai dévissé la grille de ventilation de ma salle de bain avec les dents… Peut être même que j’en ai bouffé un morceau car j’ai un horrible mal de bide maintenant. « Y avait un putain de robot derrière ma porte ! Y avait un putain de robot à la con de sa mère derrière ma putain de porte ! J’avais raison d’avoir peur de sortir… Il a toujours raison le Preacher… C’est un génie incompris, le Preacher… C’est un messie que dieu à envoyé sur Terre pour libérer les humains d’un horrible avenir, le Preacher… C’est pour çà qu’il a des super intuitions, le Preacher, des prémonitions… » J’y vois que dalle et j’avance en faisant gondoler la taule des conduits chaque fois que je me tape la tête dessus… «J’avais tout bon depuis le début… Je suis pas un de ses cons d’agoraphobes de mes deux… La porte de ma piaule était une saloperie d’ennemie… Et y avait un garde derrière… Le robot est venu pour me buter ! çà c’est sûr… Je suis la Sarah Connors de mon époque. Çà doit être çà ! et le robot c’était un émissaire d’AdminBot, un Terminator qu’il a envoyé depuis le futur pour m’empêcher de lui griller sa race en nukant le cœur… » Je fais en sorte de passer en revue les hypothèses les plus probables pour retrouver un cadre logique et endiguer mon attaque panique… « Mais pourquoi qu’il était habillé en livreur de pizza, le Terminator ? On s’en fout ! Il est arrivé trop tard le con ! J’ai niqué la source du déclin de l’humanité dans son berceau… avant que le fléau ne se propage… Mais alors ? Pourquoi qu’il est là à notre époque le Terminator ? Fini l’AdminBot… C’est plus qu’une flopée d’informations mortes sur les clusters d’un disque dur, des informations qui n’attendent qu’à être écrasées par les prochains fichiers qui seront copiés sur le disque ! Mais putain c’est çàaaaaaaaaaa !!! » Je viens de tomber dans un conduit vertical et chuter d’au moins deux étages sur mon gros cul… J’ai l’horrible sensation d’avoir des hémorroïdes surinfectées ayant entraîné un cancer de l’anus… j’ai mal… Mais la joie d’avoir trouvé la raison de tout ce merdier dissipe la douleur rapidement. « C’est çà ! AdminBot n’est pas encore tout à fait mort ! Il est encore présent sur le disque dur des serveurs d’AlphaSoft et il suffirait qu’une personne mal attentionnée utilise un logiciel de récupération de données effacées pour qu’il revienne à la vie ! C’est horrible ! Voilà la raison pour laquelle le robot est là ! Je dois me rendre à la chambre des serveurs avant qu’il n’y accède et formater les disques ! » C’est à ce moment précis que j’prends conscience que j’ai oublié mes Xanax à l’appart… « Non ! Je peux pas sortir sans mes Xanax ! J’ai besoin de mes anxiolytiques pour apaiser mes angoisses et affronter ma peur des foules… Je dois retourner chez moi pour récupérer mes pilules… Mais le robot m’y attend sûrement ? Il connaît mes points faibles ! Il vient du futur…»

***

KIKOOLOL84

Hallu3000 2.5mg - Acide lysergique pour hippies
Ca fait dix-sept mille fois que je relis la mention sur le blister, à l’endroit, à l’envers, une lettre sur deux. En fermant un œil. En dansant à cloche-pied. Mais rien à faire, j’ai bien gloupsé trois quart d’une boite de Hallu3000 2.5mg - Acide lysergique pour hippies. Le cul de ce salopard de merde d’Akaîo recèle décidément bien des surprises ahahahaaaaaaah. Ouargh. J’essaie d’imiter le cri de différents animaux dans ma tête pour trouver celui qui correspondrait le mieux à mon désarroi, et celui qui s’en approche le plus pour le moment est celui de l’éléphanteau de mer. C’est très mignon un éléphanteau de mer, mais ce serait encore mieux sans la barbe et avec des pattes de singe bonobo greffées dans le dos, rasées à la cire de mais que quoi ?

Je revois la scène encore et encore : moi, mon besoin vital de Lexocalm, le corps affalé de mon ami Akaiô, inconscient. Et son cul, qui enfle et se distend sous mes yeux, qui devient peu à peu énorme comme une montagne. J’emprunte la voie sacrée. Le sphincter admirablement rond, comme une porte vers le paradis, qui aspire lentement mes deux bras, ma tête, mon torse. Je me laisse emporter, je plonge dans les tréfonds du rectum sinueux, aux contours étroits et mouvants. Le bonheur du plaisir de la vie m’emplit de sa douce merveilleuse chaleur. Le monde est merveilleux.
J’accomplis un voyage interne mystique au cœur des entrailles lumineuses d’Akaîo, guidé par la voix de mon lapin en peluche, qui résonne de partout à la fois. Des replis de chair suintants de suc s’enroulent délicatement autour de moi, pour mieux me retenir. Tout cet univers est empli d’une intense vibration d’amour, et je, moi, nous, ronronnons de bonheur. Les muqueuses phosphorescentes me dorlotent adorablement, mais je m’extirpe de ce bonheur sucré pour poursuivre ma quête mystique : je dois trouver le Lexocalm sacré, qui me sert d’âme de rechange depuis mon enfance. Je suis un prophète itinérant, un visionnaire enfermé dans le carcan doucereux du cul d’Akaîo.

Des repères, il faut que je me raccroche à des repères. Slt. ASV. :). Gros poutous. Mdrrr. Kikoo. Looool.
Il ne faut pas que je me dilue dans l’éternité rose et vibrante de chaleur, il faut que je me regroupe, que je me concentre. Il ne faut pas que. Je. Perde. Mon. Identitééééé. Mon nom est Kikoolol. Kikoo. Lol. Kikoo-Lol. Lol-Kikoo. Klol-kooki. Klik-Klook-Klok. Soudain m’apparaît le .jpg de maman, grandeur nature, son beau visage d’ange, ses bras largement ouverts, accueillants. Maman. Je me noie dans son amour maternel et dans la félicité de l’inconscience béate, mais son placenta est soudainement envahi de machines aux contours flous. Des membres articulés glacés prennent possession de son utérus géant, glissent sur moi, plantent leurs putain de crocs rampants dans ma poitrine pour me traîner dehors. Ils ouvrent le cercle harmonieux, déchirent les membranes et vidangent le placenta. Je, nous, on tombe lamentablement dans un tas de viscères morts dans un nouvel univers hostile. La douleur de l’oxygène qui se fraie un chemin dans mes poumons, la lumière blanche qui m’inonde, le froid glacial d’un monde d’acier. Je hurle. La rage est comme de l’essence qui entre en moi par un entonnoir planté dans ma tête. Tout devient rouge et brûlant. Des messages instantanés s’affichent sous mes yeux, de plus en plus rapidement, mais alors que j’attendais des mots de réconfort de la part de mes amis, ce ne sont qu’anathèmes de bordel de pute écrits par des démons. Et ma tête à la con est comme un écran d’ordinateur bloqué sur un écran bleu d’erreur fatale. Je me reboote la gueule en me tirant sur la bite et je m’enfonce dans l’obscurité de la panne irréversible. Erreur système, bordel de merde, erreur système. Euh… lol ?
Me calmer, je dois me calmer. Il me faut, putain, je sais pas moi, un calin ? Un Lexocalm ? Une perceuse anale à double percussion ? Je ne sais plus jeARGH oh j’entends une voix rose et jaune, je n’arrive pas à comprendre ce que me dit cette voix muette qui s’adresse directement à mes pensées - une voix ou de la musique ? Des notes qui dégoulinent dans ma tête dilatée, mes idées coulent comme du, comme du quoi ? Blurb comme ce principe cosmique circulaire qui englobe nos existences, vibrant, bleu, anthropomorphe, bilboquet. BILBOQUET ! Je veux un bisou ! wahaha ! Je veux qu’on me cajole et qu’on m’explose les entrailles à la dynamite de chantier ! OUAAHAHA LOL MDRRR PTDRRR XPDRRRR ! Bisou ! Bisou !! ROFL de LOL !! DTC ! Bisou !!! Ouarf, y’a rien de plus drôle qu’un bisou ! Un bisou en mi et sol, ultime, universel, baiser maternel, à la fraise, à la viande, viande d’agneau saint en putréfaction, ouais, avec des mouches qui tournent autour, mouches à milles yeux, je voudrais avoir mille yeux moi aussi pour voir le monde mille fois en mille couleurs je dois me calmer mille pattes oh la chenille - c’eeeest la chenille qui redémaaarre - je - gnihi - huhu - bisou ! arkh - eukeukeuk - gouzigouza - enlarge your penis - looool kooki niaha free XXX vidz bzzzt gzzz…

***

AKAIO

« Mmmmh Cassandra, grosse salope, aaahhmmmmh oui vas-y bourre-moi le cul ooooooOOOOH OUAIS VAS-Y PRENDS LA TABLE BASSE AAAAHRH OUAIS DANS MON CUL OUAIS, HAAAANRHAAA METS-MOI TOUT LE PIED DE TABLE SALOPE OUAIS JE... »
Euh... hrm

Je reprends mes esprits. Check log. Akaiô, alias Jean Delesquif. Enter password. Nicolas26969. Goto channel #conscience claire d’Akaiô. Je boote. OK. On y est.
Je me réveille, donc. Et immédiatement, je me rends compte très nettement que je viens de hurler des phrases que la morale réprouve. J’en ai encore le pharynx qui démange. Nous voila beaux. Et si mes souvenirs sont bons, je devrais être en compagnie de deux témoins humains. Je me prépare donc à prononcer cette phrase d’excuses imparable :

« Mon subconscient, victime innocente du préformatage esthético-représentationnel et de la morale judéo-chrétienne décadente aujourd’hui mais néanmoins déguisée sous les espèces d’un conformisme relationnel sage et mesuré alors même qu’elle masque plutôt une forme de normalopathie couplée comme de juste à la conséquence logique dans l’ordre de l’ethos de la société du spectacle, à savoir une putain de fascination du déviant et du vice, aura seul à répondre à vos éventuelles réprimandes, imméritées comme on le voit, bande de tanches, je vous encule »

Je la répète deux ou trois fois dans ma tête, pour y mettre le ton idoine. Puis je me décide à ouvrir les yeux en grand :
- « Mon subc... »
Je m’arrête. La situation a changé, et n’a plus grand-chose à voir avec celle à laquelle je me préparais. Je me suis évanoui pendant un combat entre moi, un robot risible à roulettes à pizza intégrée, et un humain d’état-civil indéterminé. Kikoolol84 couinait comme un hamster dans un appareil à gaufres, avant d’être abordé par un robot-mécano qui lui a transformé la face en beignet frit. Bien. Superbe récapitulatif, je m’en félicite intérieurement.

A présent, je suis couché sur le ventre, la joue contre la moquette; mes vêtements sont arrachés en désordre, mon pantalon est baissé - j’ai peur que Kikoolol ait trouvé la cachette des pilules - et le sang de ma blessure est figé sur mon front. Le robot, lui, est plié gentiment contre un mur, je pense qu’il se repose. A moins que la fourchette rouillée plantée dans sa gorge y soit pour quelque chose. Le robot-mécano a disparu. Quant aux humains, ils sont bien au nombre de deux, mais...

Kikoolol ressemble physiquement à mon kikoololounet d’autrefois. Mais il agit d’une façon... akikoololienne. Il me tourne le dos, tourné vers le couloir vide. Mon réveil l’indiffére au plus haut point, ce qui me blesse, je le priverai de Lexocalm une heure de plus, ça lui apprendra à chérir son idole. Il bouge curieusement. Il semble s’exercer à une sorte d’aka répétitif. Il murmure quelque chose de très rapide, de très sourd et de très grave avec une voix de basse grinçante ; il bouge lentement ses bras et ses jambes, frappant le sol avec une violence contenue, crispant ses doigts, et les veines de l’arrière de son cou sont gonflées d’un sang violet. Il pourrait bien s'être décidé à jouer au rugby avec les All-Blacks néo-zélandais. A moins qu'il soit fâché.
Sa danse du ventre néanderthalienne s'entrecoupe d'éclats de fureur : « on va tous crever, on va tous finir en putain de steaks tartare pour pizza, aHahaHA, AHAahahAAAaah ! ». Alors il se met à bondir joyeusement à pieds joints, en levant les poings au ciel et en faisant des bruits de ressort.
Je crois qu’il m’inquiète.

Je tourne la tête de l’autre côté, pour voir le second humain. Lui est accroupi à côté du robot, et occupé à en détailler toutes ses parties. Il murmure aussi, mais dans le plus grand calme. Il est assez grand, semble en bonne santé, il me plairait presque. Enfin je veux dire, si j'étais gay. Bien entendu.
On dirait qu’il numérote les abattis du robot. Je l’entends chantonner : « Il faut touuuujours fouiller un ennemi mort avant d’aller à la taverne, il peut avoiiiiir, mmmmmmm, des pièces d’oooooor, des aaaaarmes, des sortilèèèèges... Il faut touuuujours noter ses staaaaats... ». Nous voilà beaux, une fois encore. Kikoolol qui a fait un accident de décompression entre le pallier "vie virtuelle" et le pallier "vie réelle", et un individu du type g4µ3rZ qui a grillé la carte-mère. Ceci dit, il est beau, le g4µ3rZ .

- « Bonjour, sympathique éphèbe ».
Il se retourne vers moi. Il semble jovial.
- Quoi ? Aiee j'ai des bleus partout bordel.
- Je disais, bonjour, bel inconnu.
- Ah ! ok... Bonjour Akaiô ! Tu veux un hématol ?
- Que ?...
- Ce sont des gélules pour soigner les hématomes.
Il connaît mon pseudo. Kikoolol a parlé ? Sait-il encore seulement parler ? Je cherche à me souvenir ; mais je ne crois pas l’avoir jamais vu. D’ailleurs je ne me souviens pas avoir déjà vu qui que ce soit, d’un point de vue global, si j’y réfléchis bien. Kikoolol serait donc le premier être humain que j’aie jamais croisé ? La référence, le paradigme ? Celui qui à jamais portera dans mon esprit l’étiquette « je suis l'être humain » ? Gasp. Merde et foutre en boîte. Bref bref. J’engage civilement la conversation, on est pas chez les ours :
- A quel jeu surprenant te livres-tu, admirable jeune sportif au teint hâlé, et surtout, aurais-tu l’obligeance de laisser cette carcasse métallique où elle se trouve, je te prie, et de venir m’aider à me relever de tes bras sveltes ?
- Quoi ? Attends, je prends un antalgézyl pour les douleurs. T'en veux un ?
- Non merci... Est-ce que tu peux venir ici et te servir de tes bras de discobole pour me prendre et me relever, je te prie, et vite, bordel ?
- Laisse tomber man, je suis pas gay. Attends, je me mets ce suppositoire...
- Enculé.
- Quoi ?
- Non, je disais, à Dieu ne plaise, viens néanmoins m’aider à me lever, bordel de putain, ET VIIITE !
- Bon ouais mais tu me touches pas trop, hein, j’ai pas beaucoup aimé ce que tu as dit en dormant. Bon j'arrive, minute, je ne trouve pas mes gouttes de décontractyl...
- Je ne dormais pas, grand ami au teint hâlé, j’étais évanoui.
- Oui bon. Relève ton pantalon tout seul, je t’aiderai ensuite. Sept gouttes...huit...neuf...dix.
Je m’assieds à grand-peine. Mon sphincter me brûle atrocement, j’ai l’impression qu’il saigne, à moins que je ne me sois lâché complètement pendant ma perte de conscience. En tout cas, un liquide tiède couvre l’intérieur de mes fesses. Je remonte mon pantalon. L’humain a sorti une trousse à pharmacie pleine de remèdes divers et variés, et en a sorti une douzaine de boites, voire plus.
- Voilà. Viens m’aider.
- Oui maître.
- Senté-je une once d’ironie dans ta phrase ?
- De quoi ? Oh, vous saignez... j'ai des pansements anti-infectieux pour cela.
- D’ironie. Eironéia en grec.
- Quoi ?
- Rien. Aide-moi.
- Ouais d’accord man. Les pansements, tu les veux ou pas ?
- Non j'te dis... Ouaaaaaïe !!!
- T’as mal ?
- Un peu. Force est de constater que *hgniiiii* j’ai l’anus en lambeaux. Qu’as-tu donc fait pendant mon sommeil, joli farceur à l’espiègle libido ?
- Quoi ? Ah ouais non, c’est Kikoolol, pas moi. Il cherchait ses pilules dans ton cul. Prends un antalgézyl aussi tu vas voir ça ira mieux.
- C’est ce que je *hrgnaïe* craignais. Laisse-moi m’appuyer sur ton épaule statuaire, frère.
- Je suis pas ton frère. Du moins je ne pense pas. Si tu veux pas des pansements, j'ai des antibiotiques à large spectre...
- Ah, fort bien. Il demeure que je vais m’appuyer, sinon je tombe. Dis-moi, tu connais tout le monde, toi. Qui es-tu ?
- Ben, Bigchief...
- Tu... Bigchief ?
- Ben oui. Lol.
Je passe en revue, en esprit, toutes les conversations que j’ai pu avoir avec Bigchief. Toutes les fois où je lui passais en « webcam », à la place de ma tronche, des vidéos de Bruce Lee, un maître du kung fu que plus personne ne connaît (surtout pas ce décérébré, d’ailleurs ils sont tous décérébrés, il n’y a qu’à voir, QUI écrit pour kikipédia, hein ? Moi, et pas eux. Bon). Je me souviens aussi de tous ces dialogues où je passais pour le roi du monde. Il m’adulait, il me couvrait de lol et de : *, voire de : x, j’en venais à concevoir certains espoirs, même si je ne suis pas gay, bien entendu, bien entendu.
Tout ce travail abattu, et tout ce travail ruiné en une seconde par un pantalon baissé et un sphincter en feu.
- Hrm. Content de te voir, Bigchief.
- Ben moi aussi, hein. Bon, t'es sur tu veux rien pour te soigner ?
- Non, ça ira. Bon, trêve de familiarités. Passons à l’essentiel. Qu’est-ce qu’on fait ? Une idée ?
- Oh tu sais, moi, si je suis là, c’est de passage, je vais retrouver Séléna.
- Séléna ?
- Séléna.
- Sais-tu qu’en grec sélénè désigne la lune ?
- Quoi ? En fait c’est surtout une putain de bonnasse qui me veut dans son pieu. Oh, est-ce que j'ai toujours mes Durerexion ? Ok, les pilules sont bien là.
- Ton pragmatisme me décevra toujours.
- Mon quoi ?
- Non rien. Bon. Je propose pour la suite des événements que nous descendions tant bien que mal au rez-de-chaussée et que nous trouvions un citoyen civil au-dehors pour nous guider jusqu’au building d’Alphasoft. J’, tu, nous, avons à y faire.
- Je vais voir Séléna, t’écoutes pas, toi, hein, haha.
- Ta gueule, connard, je te le demande avec toute la bonhomie du monde espèce de sac à foutre !!!
- Hum. Je crois que je ferais mieux de prendre un Ducalmectol avant d'avoir envie d'éclater ta gueule de connard...
- VOS GUEUUUUUULES ! Brûlez en Enfer tas de putain de gentils et mignons qui se font des bisoux dans les profondeurs infames du septième cercle de la tendresse amoureuse de merde dans ton cul bâtard bite couille COQUELICOT !
Kikoolol vient de se retourner, et de hurler comme une Erynnie. Quoi ? Il est tout rouge, autant de colère que de l’ébouillantage violent à la vaseline. Je crois que je vais lui obéir, pour le coup. Il lui reste plusieurs ustensiles de cuisine tranchants ou piquants accrochés à la ceinture, et manifestement il sait se servir de couverts.
- Bon, ben je vais vous suivre, alors..., décide Bigchief.
- Excellente initiative.
- Je pensais qu’on devrait...
- Attends. Foin de précipitation. Je me propose d’échafauder une stratégie et de vous conduire au-dehors. Il nous faudrait connaître notre altitude actuelle, avant de déduire combien d’étages il nous reste à descendre, ou monter, pour arriver au niveau du sol ; puis trouver le plan de l’immeuble, pour y chercher la sortie ; puis partir tout azimut vers le building Alphasoft, après quoi j’aviserai. Pour ce faire, il ne nous faut guère, d’abord, qu’un altimètre, mais nous n’avons pas d’altimètre, je suggère donc d’en commander un sur le net, donc d’investir un appartement, tout s’enchaîne, pour y utiliser l’ordinateur du locataire désigné volontaire pour nous aider, et pour cela il nous faudra ouvrir la porte, ce qui suppose une table basse, que nous trouverons dans un appartement de volontaire, qu’il faudra ouvrir, ce pour quoi il nous faudra une table basse, diantre, nous voici à nous mordre la queue, et...
- TA GUEUUUUULE !
Kikoolol84 a bien changé. Je comprends qu’une folle relation avec mon anus puisse émouvoir une âme sensible, mais quand même. Bordel. Et Bigchief qui me regarde comme un poireau mononeuronal. Je parierais qu’il va dire « quoi ? », là.
- Ouais, on peut pas plutôt suivre un droïde pizzaiolo ?
- ...
- Nan ?
- Je...
- Genre celui qui arrive au bout du couloir derrière toi, là ?
- Quoi ?...

Je me retourne ; face à Kikoolol, un droïde à roulettes du même modèle que celui qui a été occis à la fourchette est effectivement en train d’arriver. Kikoolol, qui a repris sa danse tribale, se préparer visiblement à combattre. Il a saisi une fourche à poire dans une main et un couteau à pain dans l'autre. Il ralentit ses mouvements de Taï Chi sous X, et commence à couiner comme un ninja. Le droïde, lui, bourdonne d’un air affairé : « Espace de travail emcombré, espace de travail emcombré, espace de travail emcombré», en avançant joyeusement sur ses roulettes. Quand il arrive à deux mètres de Kikoolol, ce dernier se jette soudain contre le mur de gauche, veut s’en servir pour faire un double retourné carpé au ralenti avec arrêt rotatif sur image, s’élève un peu grâce au rebond, puis se vautre lamentablement sur le droïde. Le pizzaiolo mécanique, qui était déjà tout content et en train de s’exclamer : « Scan complete, zone dégagée », s’écroule sous le poids de Kikoolol. Lequel, apparemment fâché d’avoir raté sa prise, se met à le bourrer de fourche, en beuglant des injures à base essentiellement de zone anale, d'une voix que Satan ne renierait pas.
- Peut-être qu’on devrait les séparer ?, propose Bigchief.
- D’un point de vue pragmatique...
- Quoi ?
- Je... Oui. On les sépare.
- Ah ouais, j’avais pas compris.
Bigchief, qui décidément est musclé, va saisir Kikoolol à bras le corps et lui fait la prise de l’ours. Du bisounours, disons. Le droïde, quant à lui, est un peu customisé Mad Max, avec bosses et enfoncements divers, mais il semble fonctionner encore. Je le relève, accompagnant mon geste d'une formule de politesse haut-débit, pendant que Bigchief rend Kikoolol tout bleu à force de le serrer. Il lui envoie deux ou trois fois la tête dans le mur au passage. Le droïde me remercie par un « grdzt » jovial, et s’enfuit illico.
- Sus à l’humanoïde !
- Quoi ?
- GNIIIIAAAARH LACHE-MOI OU J’TE CHIE SUR LA GUEULE AVEC TENDRESSE ET AMOUR !
- Non je disais, on le suit, d’accord, Bigchief ?
- Ah ok, ouais d’accord. Kikoolol, tu veux un antalgézyl ?
- CARCASSES POURRIES !!!
- 'Tain mais pourquoi ces deux crétins me répondent jamais quand je veux les aider...

Putain. J’ai réussi à lancer l’ordre final. Maintenant je pourrai faire croire que c’était mon idée. Je suis un sale con, mais j’ai la classe. Le droïde avance à la vitesse d’un homme qui marche, sans plus se soucier de nous. Il couine un peu de la gauche, et le couteau à pain qui lui cisaille à demi la gorge manque d'élégance, mais il avance. Je le suis, et derrière moi Bigchief, avec Kikoolol hurlant et cyanosant de plus en plus entre ses bras. Je ne sais pas comment Bigchief arrive encore à marcher avec la quantité de coups de talon que Kikoolol lui envoie dans les jambes. Ce Bigchief est vraiment un dieu grec. Ou alors, ses anabomachins sont vraiment efficaces, peut-être que finalement je vais me laisser tenter...