Culpabilité

Le 21/01/2006
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par Kirunaa
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Thèmes / Obscur / Introspection
Le remords et la confusion mentale rongent ce texte dans la grande tradition de l'introspection douloureuse. On comprends que dalle à ce qu'il se passe, mais l'empathie est totale, on ressent complètement la souffrance de la narrateuse.
J’ai froid.
Une fois de plus j’ai jeté ma vie aux orties. Une fois de plus j’ai ruiné tout ce qui aurait pu avoir une chance de fonctionner. En fait, je crois même avoir tout sabordé avant même que quoi que ce soit puisse commencer à se former. Et cette fois, j’ai même pris le luxe de risquer une vie.
Je crois que je peux être fière de moi, c’est du grand art. Du très grand art. Quelle conne.
J’aurai bien dû le savoir pourtant, ça fait des années que c’est pas une nouveauté. Y a des gens qui doivent rester seuls, qui ne peuvent rien apporter à qui que ce soit et je suis de ceux-là. Je suis incapable de m’occuper un tant soit peu de quelqu’un. Vous entendez ? Vous entendez ce que je vous dis ? Laissez moi pourrir dans mon coin. Arrêtez de me tenter et de me faire espérer ! J’en peux plus ! J’EN PEUX PLUS !

J’en peux plus.

Je suis fatiguée. Et j’ai froid.

Je l’ai laissé malade et souffrant, abandonné comme un chien agonisant, juste parce que je ne pouvais pas faire face à la situation. Il aurait pu se passer n’importe quoi, il aurait pu y rester. J’ai froid. Je n’aurai pas pu choisir de pire moment pour avoir peur, pour fuir. Comment me pardonner ça, comment ?
N’importe quoi aurait pu lui arriver.

Pourquoi faut-il toujours que tout s’écroule quand j’imagine avoir trouvé une solution pour poser une deuxième pierre sur la première ? Pourquoi faut-il toujours que ce soient les autres qui souffrent ? Pourquoi est ce que je peux pas être fiable ? Pourquoi est ce qu’à chaque fois je retombe dans ce piège ridicule d’espérer ? Pourquoi ?
Le bonheur est un mythe, une chimère. Un Graal inaccessible.

Je mérite pas d’avoir le droit de partager quoi que ce soit avec qui que ce soit, je le sais. Mais je ne mérite pas non plus le mal que m’apporte à chaque fois cette illusion de rémission.

Je ne veux plus croire.
Je n’en peux plus.
Je suis fatiguée.
Et j’ai froid.