Blogule rouge - 23 Janvier

Le 23/01/2006
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par Lapinchien, Aka
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Rubriques / Blogule Rouge
Notre nouvel ami Jack est du genre inspiré et il a déjà un premier projet de home-made court-métrage à nous présenter, Organicratia. C'est de la Science-Fiction visionnaire et poisseuse et ce sera réalisé avec les moyens du bord, apparemment. On a hâte de télécharger ça.
23 janvier 2006

Organicratia

Internaute chanceux, bientôt tu pourras télécharger ici un épisode de mon premier chef-d’œuvre, et ce gratos ! Ça s’appelle Organicratia, et c’est grosso merdo comme ça que j’conçois le futur (enfin c’est une de mes visions parmi d’autres)…
J’te fais un descriptif avant de te parler de l’avancement : 2044, Bruxelles, capitale de l’Europe… Les lois bioéthiques sont vigoureusement remises en cause au parlement, jugées archaïques… D’autres pays comme la Chine ou l’Inde ne s’embarrassent pas de problèmes déontologiques et font de fabuleuses percées dans le domaine de l’armement en pratiquant des recherches intensives sur des embryons humains… Un fossé se creuse et les technocrates européens de la défense font le forcing sur les sages qui font passer des réformes dangereuses… C’est alors qu’en réaction, des néo-moralistes débarquent dans un laboratoire de biotechnologies et saccagent les lieux… (C’est le point de départ, hein ? T’imagines bien que c’est un commentaire dans le film, j’ai pas un budget Hollywoodien…) Une de leurs bombes va malencontreusement initier une réaction en chaîne incontrôlable qui va plonger le monde des hommes dans un chaos organique sans précédant (J’ai utilisé un texte que j’ai fait défilé à la façon des intros dans Star Wars… ça fait classe pour pas un rond !) Les villes mutent en de gigantesques organismes qui se répandent en se reproduisant frénétiquement… Toute une nouvelle faune apparaît…

Voila le cadre de mon histoire. Tout le reste est commenté comme un documentaire animalier. Et c’est là que réside tout l’intérêt du court-métrage. C’est déroutant de réalisme, s’en est limite dérangeant. Pour l’instant, j’ai construit tous mes décors à l’aide de bidoche que j’ai empruntée à la boucherie… Tout un bœuf y est passé et c’est une magnifique parabole en réalité sur la vie au-delà même du sujet du film : tout se transforme, rien ne se perd…
J’ai abattu un mur chez moi cette nuit, pour faire les ruines des anciennes mégalopoles (en gros plan on n’y voit que du feu…) J’ai balancé un seau de sang que je conservais au frais par-dessus les gravas. En se coagulant par endroits il a donné les teintes pourpres intéressantes que je recherchais, ailleurs j’ai exploité son apparente viscosité pour d’autres plans… C’était totale impro mais je suis pas peu fier du résultat. J’ai broyé le collier de l’animal en le mêlant dans mon mixeur à une bavette de flanchet… J’ai ajouté un peu de sang pour rendre le tout plus onctueux. Ensuite j’ai finement haché quelques côtes que j’ai incorporées dans le mélange. J’ai mixé le tout à nouveau avec de gros bouts de macreuse à pot-au-feu. Ça m’a donné une sorte de mortier dont je me suis servi pour solidariser d’autres pièces de viandes entre-elles… C’était aussi très utile pour colmater des interstices qui ne seraient pas trop crédibles pour les plans larges. J’ai pas trop touché à la carcasse osseuse de la bête que j’ai exploitée presque dans sa configuration d’origine. Je l’ai juste un peu esquintée avec un maillet, j’ai provoqué des fractures par endroits pour donner une histoire au décor, pour qu’il paraisse érodé par le temps, et non pas lisse et artificiel… Ensuite j’ai passé une heure à projeter violement des abats sur ma scène, comme s’il s’agissait d’improbables météorites vivants… J’ai pris un soin tout particulier à ce qu’à leur impact, il se déchirent et éclatent, qu’ils se répandent tout autour des cratères, séquelles de leurs collisions… Tous ces efforts m’ont procuré une jouissance sans commune mesure.

J’ai utilisé la lampe halogène de la chambre pour faire l’éclairage… Je voulais les images saturées, je n’aime pas le grain inexistant des images numériques. Mais après les premiers rushs, je n’étais pas satisfait… La chair ne brillait pas assez, elle s’était asséchée à l’air comme la phase de création m’avait pris un temps certain… L’idée m’est venue naturellement d’y pisser dessus… Je n’ai pas tenté de lutter contre mon intuition géniale, pas question de vexer les muses… Sans retenue je m’suis lâché pour parfaire le décor, le rendre plus organique que nature, suintant de vie…