Souvenirs de vacances

Le 21/02/2006
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par Ange Verhell
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Thèmes / Débile / Sarcastique
Ce texte n'est pas d'une clarté ultime et on a du mal à voir où son auteur voulait en venir. Nulle part sans doute puisque ce qu'il raconte est directement inspiré de la réalité. Dans le tas d'anecdotes sans intérêt se cache quelques scènes bien puantes, bien énervantes qui concernent deux connards riches et blancs en safari en Afrique. Intéressant, mais la forme est pas à la hauteur.
[note de l'auteur : Ce souvenir vrai (pas le mien ! ) est inséré dans une fiction... si ça plaît j'en ai un deuxième encore plus croustillant (vrai aussi, c'est pour ça...)]
...Ça y est, Guntak est tout à fait contrarié. Il n’en fallait pas plus, mais ce n’est pas seulement à cause du problème qui l’interpelle à l’arrivée, encore que les nouvelles de ce genre opèrent forcément une synergie dans la météo de la mauvaise humeur.
Avec tout ce qui arrive, c’est la première fois qu’il a préféré annuler ses vacances.
C’était bien normal, quand même, de faire ce sacrifice. Le crû exceptionnel annoncé par ses affaires méritait bien ça et, pour tout dire, s’évader à un tel moment équivalait à faire une pause pipi pendant une course contre la montre. Autant vouloir perdre… « Contre la montre », c’est ça le problème justement ! Ces emmerdes remplacent -moins avantageusement- les vacances sur le plan des choses à éviter pour le bon déroulement de la course. Quant à faire, valait encore mieux partir s’éclater comme prévu à Cabo Verde.
Et Merde ! Cette année il devait partir avec… Eloi, en plus. « Le salopard ! » pense t-il. Un accent circonflexe d’ironie se dessine quand même au coin de sa bouche. Obligé de reconnaître les façons d’un congénère, d’un loup, d’un requin, façon politique en sus…
C’est la treizième fois, ce devait être le treizième voyage, un chiffre fétiche pour noter l’ébullition de ses affaires, ces vacances devaient symboliser toutes les démesures, être en rapport avec le succès et des perspectives extra ordinaires, un gâteau d’anniversaire grand comme un continent, une pause nécessaire préalable à quelque chose d’incroyable.
Et là noir et blanc s’unissent pour contrarier… Ce n’est pas la sanction normale d’une réussite. Il y a des grains de sable dans les rouages :
Délectation perverse : Il calibre l’échelle de sa déception à l’aune de ses derniers souvenirs de vacances. C’était sa première virée avec Eloi, l’année dernière. Il avait estimé que ce serait l’occasion d’une mise à l’épreuve. S’il s’entendait avec lui dans l’ambiance confinée d’un safari, alors les affaires communes s’annonceraient pour le mieux. Au résultat ils s’étaient bien marrés, pour tout dire ça avait été grandiose… Les yeux de Guntak basculent dans la visualisation du souvenir… Ils étaient en pleine brousse avec quatre porteurs éclaireurs, ils transportaient un gros mâle chimpanzé étripé qu’ils avaient traqué toute la journée dans les taillis, et les voilà en vue d’un village. Le vrai village, ultime, avec des huttes, des indigènes en pagnes traditionnels, lances à la main et qui voient l’homme blanc une fois par an, un des derniers spots authentiques d’une Afrique sacrifiée. Ç’aurait pu être une réserve, un coin oublié des promoteurs et des braconniers, ou bien plus vraisemblablement un camp d’entraînement pour Disneyland. Pas de parking avec place handicapé devant chaque case ; vous voyez, c’est presque mieux qu’en Bretagne. Alors, comme ni ce chef du village, ni son sorcier, ni les autres d’ailleurs, ne savent dans quel état le blanc met l’environnement en général et la Bretagne en particulier, ils leurs font un accueil très chaleureux, organisent des réjouissances et, en préliminaire, leur offrent à disposer d’une case et de son « contenu ». Ils s’y rendent… Au milieu de la pièce une femme prépare la cuisine, une mère consternée ; blottie au fond les bras sur le visage, une jeune fille, douze ans tout au plus. Etaient-elles parias au banc du village ? Guntak et Eloi ont violé successivement la fille à deux reprises, il s’en souvient intensément, presque en 3D option érection, elle ne s’était pas défendue avec force, on ne peut pas dire non plus qu’ils lui ont fait l’amour ni qu’elle se fût offerte à eux, enfin c’est difficile à dire avec le recul et, surtout, l’excitation. C’était bon, inoubliable, une cuvée vacances exceptionnelle. Elle était vierge, un sacré cadeau de bienvenue, même pas besoin de capotes. Ensuite, comme ils étaient encore très, très énervés, ils ont quand même fini par s’occuper de la mère, une vieille de vingt neuf ans, là ils ont mis le parapluie de brousse. En même temps. Histoire d’amoindrir sa contrariété et la remercier de son hospitalité. Ils sont repartis faire la fête, trépigner au rythme du tamtam, boire la jarre et manger des grillades de singe et de gazelle, rire avec de vrais chasseurs, témoigner de leur joie et de leur gratitude. Ils ont tiré une demi douzaine de calibres 22.2 dans un totem entamé par les termites, sont revenus, enfin, finir la nuit et la fille… Et voilà… Et maintenant cet enfoiré d’Eloi vole tranquille avec le budget de PLAN NET, et avec les imprévus juridiques qui vont submerger le département, on ne va pas pouvoir le rattraper dans les temps. En effet, comment expliquer aux avocats de la compagnie qu’il faut d’abord poursuivre un complice qui a détourné une comptabilité trafiquée ? Pour couronner le tout, si ça se trouve, il est parti en vacances chez, ou avec, Sorr. Eloi serait bien assez vicieux pour pousser le raffinement de la trahison dans ce genre d’hommage en guise de bras d’honneur. Rien que de penser à ça, Guntak se fait du mal. Mal à imaginer des perspectives d’écroulement qui s’accorderaient parfaitement avec la peau de banane d’Eloi, mal à réaliser l’avalanche d’emmerdements auquel ce coup de pute a donné le coup d’envoi, mal à l’estomac pour couronner ça. Il sort prendre un verre à la Chaumine… Ils avaient bien rigolé pendant ces vacances, ah, ça oui alors... En ressassant encore sur le chemin du bar, il aurait mieux valu qu’Eloi soit à la place du laveur de la paroi de l’aquarium …