Rencontre

Le 28/02/2006
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par Ryolait
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Thèmes / Obscur / Anticipation
On dirait que c'est la semaine de l'anticipation. Ce texte relate la rencontre du dernier humain avec la créature qui a exterminé notre espèce. Plein de questions intéressantes soulevées et juste survolées. C'est frustrant parce que ça manque clairement de développement.
Ma rencontre avec la créature est soudaine et, après tout, sans but.
Je marche à travers le sombre couloir d'acier, m'attendant à une mort désormais inéluctable, mais heureusement rapide. J'arrive près d'elle, je l'observe. Elle aussi. Mon impression d'elle me paraît floue : Elle est, évidemment, supérieure en tout points à mon organisme. Mais, se rend elle compte de ce qu'elle va faire ? Étant le dernier représentant de mon espèce, elle pourrait, au moins, y mettre les formes. En signe de respect. Elle va avoir l'immense honneur de détruire un ensemble de civilisations, d'esprits, de pensées. De tout ce qui a pu être produit avant moi, par quelqu'un d'autre désormais oublié. C'est la suite d'un long processus, et, finalement, ma mort n'est qu'une formalité : Tout est inévitable.
Je ne sais que répondre à ma propre question. Elle ne fait rien, semble s'intéresser à moi, peut-être un réflexe de curiosité. En réalité, je me sens supérieur. Si elle ne comprend pas ce qui se passe, ici, en ce moment, alors ce serait pour moi une victoire. Une victoire brève, oui, mais ma dernière victoire, et donc celle de l'humanité. Je ris. Elle grogne, elle s'impatiente.

Je ris de plus belle. Je me demande ce qui se passerait si on inversait les rôles : Elle, en tant que dernière créature hostile, et moi, glorieux représentant du genre humain, n'ayant plus qu'un geste pour en finir avec tout cela. Par la suite, il y aurait eu des écrits sur mon acte, des films. Des débats seraient organisés : Devais-je tuer le dernier spécimen d'une espèce désormais disparue ? On se serait mis en colère, disant qu'après tout, c'était la fin, on s'en fout, tant qu'à faire, autant ne rien faire, et ne pas tuer ce spécimen aurait été la juste chose au final. Ce qui avait été fait aurait été fait, et il n'y aurait plus rien à redire. C'est une notion dont se foutait pas mal ces créatures.

Elle m'observe, encore. Elle ne semble pas s'interroger, en réalité, sur l'acte qu'elle va accomplir, mais plutôt sur la façon dont elle va l'accomplir. Est-elle seule, ou est-ce que sa petite famille attend, patiemment ou non, dans un quelconque endroit ? Peut être aussi n'a-t-elle jamais vu un être humain. Cela semblerait logique, plus nous étions massacrés, plus vite ces créatures se reproduisaient, continuant de coloniser peu à peu l'ensemble de l'Univers, pour leur survie. J'aime à espérer qu'une race dominera un jour celle qui a exterminé la mienne. Ce serait un long cycle de violence, de haine vouée à la survie de la race des prédateurs, continuant encore et toujours sans jamais s'arrêter. Malheureusement, cet espoir, je ne pourrais jamais le voir se réaliser. Je devrais mourir, sans gloire et sans autre attente qu'une mort rapide.

Elle s'avance, lentement, grogne un peu. Elle continue de m'observer, enfin, je crois. Je ferme les yeux, puis les rouvre. Cela n'a plus aucune importance. Elle me soulève, et, avec ses pattes, elle m'ouvre le ventre. Elle me laisse tomber à terre, regarde un peu à l'intérieur de moi. Cela ne semble guère l'intéresser, la vue de ces ridicules bouts de chair, d'organes "vitaux", d'os, devait être purement banale à ses yeux. Elle bouge un peu ma cage thoracique, puis se désintéresse totalement de moi, se relève et s'en va vers l'entrée par où je suis arrivé.