Le docteur

Le 14/03/2006
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par Groumf
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Thèmes / Débile / Disjoncte
Le docteur de ce texte pratique la médecine artisanale et soigne des paumés qui évitent les institutions officielles. Bon prétexte pour des dérives débiles et sanguinolentes. Le style est digne d'un M. Goret sous acide, l'histoire est un genre de cartoon boursouflé et chaotique, perclus de vannes faciles. Mal écrit, inutile, c'est toutefois suffisamment entrainant et déjanté pour se laisser lire.
Dans les cartiers sombres et mal famés de Nancy, ou un lampadaire n’a jamais vu ni le jour ni un électricien, il est une véritable jungle masculine ou seul les plus forts survivent…ou les femmes avec du muscle ou celles protégées par un bon mac’.
Quoi qu’il en soit, c’est en plein cœur de la vieille ville, où les bars ne semblent pas connaître les heures légales de fermeture qu’au détour d’un corridor crasseux d’un escalier glissant et d’une porte en bronze qui fait mal la gueule quand t’as glissé dans les escaliers, l’on peut rencontrer celui qu’on appelle sobrement « le docteur », ou « doc » pour les habitués.
Médecin trois fois recalé et condamné pour exercice illégal de la médecine au C.H.U Brabois où il détroussait les patients et violait les infirmières, Le docteur, c’es un homme à part. La cinquantaine bien portante, chauve et bedonnant, habitué des bars à putes, de la débauche et du whisky, il est venu s’installer en vieille ville pour exercer ses talents auprès d’une clientèle qui, pour des raisons pratiques, évite les soins médicaux classiques. En cette belle nuit d’été, alors que la chaleur étouffante diurne fait lentement place à une chaleur étouffante nocturne, ce qui ne fait sensiblement pas varier la température extérieur, un homme marche, ou boitille plutôt… non il me semble même qu’il avance à cloche pied.
Il s’enfonce dans les ruelles sombres et crasseuses de la vieille ville, sautille quelques centaines de mettre avant d’emprunté un corridor, une petite ruelle aux pavés moyenâgeux, un petit escalier puant la merde et la dégueulure d’ivrogne, dans lequel il glisse avant de s’exploser le crâne contre une lourde porte en bronze et de gémir quelque chose du genre « putain de merde de saloperie d’escalier à la con »
Une voix lui rétorque
« Dégage c’est pas un abris pour clodo ici, je travaille moi »
Notre maladroit sautillant tente d’ajouter quelque chose mais la voix derrière la porte enchaîne de suite.
« Et mon escalier c’est pas un chiotte pour pouilleux, pour ca y a la devanture du boucher en face !
- Mais doc’, c’est moi, Fred dit « les pieds gauche », ou « l’ahurit » ou encore « le poissard » ou aussi, une fois, quand j’étais en maternelle on m’a surnommé…
- C’est bon ! C’est bon ! J’ai compris. Entre c’est ouvert.
»

Fred entre alors dans la cave du docteur, ou comme le docteur dit « son cabinet ». Une cave de moins de vingt mètre carrés au sol de terre humide, une table en bois en guise de table d’opération, et des outils rouillés de garagistes ainsi que divers instruments volés à l’hôpital en guise de matériel. Fred s’avance vers le docteur, qui l’installe sur la table d’opération, sous une ampoule vacillante.
« Alors mon vieux Freddy, qu’est ce qui t’arrive encore ?
- J’ai un bout de véranda dans le cul.
- Hum ce n’est pas banal ça ; Bon baisse ton froc et allonge toi sur le bide.
»
Fred obéit, une fois installé le docteur se penche sur le problème. On sent immédiatement la grande expérience dont bénéficie cet éminent praticien, qui en moins de trois minutes recoud la plaie.
« Et voila Fred, c’est réparé
- Ouais mais j’ai toujours mal, et pourquoi ça pisse le sang comme ça ?
»

Le docteur se penche à nouveau sur le problème.
« Heu je me suis gouré j’ai confondu la plaie avec ton anus…attend je vais tout de suite rectifier ça, j’me disais aussi que c’était pas normal cet entaille dans la fesse droite.
- C’est ce que j’me suis dit aussi…
- T’es sur que c’est un bout de la véranda et pas la véranda entière que tu t’es mise dans le cul ? Rah c’est pas beau à voir, y’a même un bout de métal… Bon bouge pas je vais retirer ça à la pince.
- Heu doc, j’peux être anesthésié avant ?
- Y’a une bouteille de Jack Daniel’ s à ta gauche par terre, mais d’ici à ce que tu sois assez bourré pour rien sentir j’aurai terminé.
»
A ces mots, le docteur retire un long bout de métal garnit de morceaux de verre de la fesse du bon Fred qui hurle comme un gonzesse. Tout en douceur et en délicatesse, le docteur pose un fer a repassé brûlant qu’il avait laissé chauffer afin de stopper le flot de sang. Fred hurle toujours. La blessure n’étant pas entièrement cicatrisée, et par précaution propre au corps médical, le docteur pose à nouveau le fer a repassé. Fred n’a pas cessé une seconde de hurler. Toujours comme une fillette.
« Mais t’as fini de braire comme un veau, même l’auteur de ce texte de merde qui est une foutue chochotte se fout de ta gueule »
Fred ne répond qu’un vague murmure plaintif. Le docteur le remet debout et l’aide à enfiler son pantalon.
« Faut quand même que tu m’expliques Fred, comment il est arrivé dans ton cul ce truc ?
Ben, en fait, je voulais faire un casse comme d’hab’, tu sais cette baraque dont l’entrée donne sur la place Carnot, celle avec une putain de véranda ?
- Ouais je vois, c’est un toubib qu’habite là.
- Ouais ben le toubib est en vacance, alors j’ai voulu aller y faire un petit tour dans sa baraque. J’suis monté sur un pylône électrique pour provoquer une panne et me débarrasser du système de sécurité. J’ai réussi à faire sauter le courant mais, pas de bol, j’me suis mangé un coup de jus du tonnerre de dieu, et j’ai atterris le cul sur la véranda du toubib. C’est là que j’ai constaté que le système d’alarme fonctionne indépendamment du circuit électrique. Et quand j’ai vu l’entaille que j’avais au cul, j’ai préféré me barrer avant que les flics se pointent.
- Idée judicieuse. Bon ça fera 100 euros payable immédiatement.
- Pour cinq minutes passées sur le billard ? T’exagères doc’
- Si t’es pas content la prochaine fois va aux urgences, c’est remboursé par la sécu au moins.
- Très drôle.
- Bon allez bouge toi, Fred, je rentre chez moi.
- Moi aussi, une bonne nuit de sommeil ça fera du bien. Tu m’accompagnes doc’ ?
- Si tu veux c’est sur mon chemin.
»

Les deux hommes entament alors une balade nocturne afin de regagner leurs domiciles respectifs, et une fois arrivé devant chez Fred, quelque chose attire l’attention du docteur.
« Tiens. T’es passé chez toi avant de venir me consulter ?
- Ouais pour mettre un autre froc… comment tu sais ça ?
- Y’à des grosses gouttes de sang sur la chaussée qui viennent tout droit de la place Carnot et qui s’arrêtent devant ta porte…
- Bah, j’ai perdu un peu de sang et alors ?
- Et bien… Non rien, laisse tomber. Bonne nuit « le poissard »
- Bonne nuit Doc’.
»

Les deux hommes se quittent, Le docteur rentre chez lui. Au petit matin, il lira dans le journal que l’auteur d’un cambriolage maladroit chez un médecin place Carnot a été capturé dans la nuit. Les policiers, hilares, affirment que le cambrioleur, Fred « le poissard », a joué au petit pousset avec son propre sang, l’individu s’est en effet blessé au postérieur et à conduit les forces de police depuis la maison de la victime jusqu’à chez lui sans le savoir.
Trempant son pain dur dans un café immonde, Le docteur pense que Fred n’a pas volé son surnom de « poissard », ni même celui d’ « ahuri »… et qu’il va certainement en chier pour couler un bronze. Le doc vient de se rappeler qu’il n’a guère enlevé les fils de l’anus de son patient.
Il s’en rendra bien compte le moment venu. Remarque ça lui évitera des embrouilles si on lui fait tomber sa savonnette en prison.