Blogule rouge : 18 Mars 2006

Le 18/03/2006
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par Lapinchien, Aka
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Rubriques / Blogule Rouge
Jack perd peu à peu les pédales et voit la confirmation de ses pires craintes : le monde se décompose sous ses yeux. Son blog s'enfonce dans la psychopathologie la plus furieuse.
18 Mars 2006

Über art

La vie est bizarrement faite lecteur, mais toi tu ne peux pas le savoir. Je te suis tellement supérieur, et ce au-delà de mon unique conviction personnelle. J’en ai désormais la preuve. Il m’est arrivé quelque chose, j’ai passé une sorte de niveau. Un niveau de perception que j’avais jusque là entraperçu mais qui désormais s’est révélé dans sa totalité. Je sais maintenant que mon art ne peut être que supérieur à tous les autres, tout simplement parce que c’est l’univers entier qui me le dit.
Je sais, tu crois que je divague, mais non : tu es juste un putain de frustré complètement fermé d’esprit, et je m’en vais t’éclairer.
Aujourd’hui donc, je me rendais à mon travail (du moins ce par quoi je peux subvenir à mes besoins), la journée me paraissait étrange. Mon sixième sens était déjà en éveil. Je sentais que quelque chose de particulier allait arriver. J’étais là sans l’être, mes pas résonnaient étrangement en moi. Puis j’ai senti comme une douce fraîcheur commencer à parsemer mon corps. Au début, j’ai cru que c’était une sorte d’hallucination sensorielle. Et bien non, c’était de la neige. C’est le moment où tu me prends pour un con, ça tombe bien, c’est le moment où je t’emmerde. Cette neige, elle était pas pour toi connard. Tu aurais été au même endroit au même moment, tu ne l’aurais pas vue, tu ne l’aurais pas sentie. Cette neige, c’était un message et crois-moi, c’était pas la Bonne Nouvelle. Je me suis vite rendu à l’évidence que ces flocons laissaient des traces noirâtres sur ma peau. Cette neige était sale, sale de tout. Elle me montrait directement la pourriture de tout ce qui m’entoure, de tout ce qui fait la Vie, ou du moins la tienne. En un instant, j’ai saisi toute la substance de ce Message. Et je ne me suis pas trompé. Immobilisé au milieu de la place, je la regardais tomber. Et elle m’a parlé. Dans chaque flocon j’ai pu lire toute la menace environnante. Au sens propre. Ces flocons n’étaient pas seulement de la flotte, c’était des visages. Ces visages m’agressaient, me torturaient tour à tour. Ces milliers d’individus répugnants m’ont montré la noirceur du monde alors, pris de panique, je me suis enfui vers quelque chose de pur.

L’un des seuls véritables moments de pureté que j’ai ressenti dernièrement, il me faut me l’avouer, c’était avec Juliette. Mais Juliette c’était une introduction à la véritable communion. Parce que bon, y a pas à chier, avec le recul, c’était qu’un vagin même pas sur pattes.
J’ai tout de suite su ce qu’il y avait à faire. Dès que j’ai vu ces visages en fait. Arrivé au boulot, je me suis précipité dans la chambre froide. Pour retrouver cet instant de magie, de sérénité pure, il fallait que je me tape une carcasse de viande morte. Il fallait que je sente un corps entier entre mes bras, que je le fasse vibrer. Mes yeux devaient rencontrer un regard. Ma queue devait pénétrer un véritable con. Il y avait un truc quasi mystique dans cette pulsion et déjà, en enfonçant la lourde porte qui allait me mener au Bonheur, je bandais.

Alors je cru devenir fou. Là devant mes yeux se jouait un de mes films, mais cette fois-ci sans que j’aie mon mot à dire. La beauté de ces corps que quelques secondes je désirais encore était souillée. Il était trop tard. Ils grouillaient. Comme dans mon salon, ils grouillaient. Animés d’une vie qu’il n’avait normalement plus, les cadavres semblaient frémir sous mon regard. La vermine pullulait, recouvrant chaque parcelle de ces corps que j’aurais voulu découvrir de mes mains. Cette vision ne me fascinait pas ce coup-ci, elle m’oppressait. Tout était donc pourri dans ce Monde ! En réprimant un haut-le-cœur, je suis sorti en courant et je suis rentré direct écrire ces lignes. Rien à foutre du boulot !

Putain mais qu’est ce qui m’arrive ? Ma perception d’artiste n’arrive plus à me faire savoir si je vis quelque chose au-delà de ce que vous pouvez ressentir vous, pauvres ignorants, ou si je débloque à fond.