Blogule rouge : 02 Avril 2006

Le 02/04/2006
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par Lapinchien, Aka
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Rubriques / Blogule Rouge
Jack patine dans la semoule et se traîne aux frontières de la folie, en essayant de la canaliser et d'en tirer une énrgie créative. Il se débat dans son appartement en décomposition pour gérer l'afflux terrifiant d'inspiration. La réflexion sur l'art est excellente et l'ensemble déjanté à souhait.
02 Avril 2006

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Arrrggggh ! Je crois que j’vais sérieusement péter un câble si je n’évacue pas toutes ses pensées morbides qui tambourinent dans mon crâne… Toutes ces saloperies d’insectes dans ma piaule n’arrangent en rien les choses ! J’arrive pas à les chasser… Du coup, je pense sans cesse à la mort… à la décomposition… à cette saloperie de reportage à la con que jamais je n’aurais dû mater… Et dire que je me suis tapé une queue en plus… çà m’obnubile, çà pourri ma réflexion artistique… Quel sentiment de culpabilité de merde ! Quel manque de respect évident pour ces pauvres gens morts sur l’écran…Arrrggggh ! Je crois que j’vais sérieusement péter un câble si je n’évacue pas toutes ses pensées morbides qui tambourinent dans mon crâne… Toutes ces saloperies d’insectes dans ma piaule n’arrangent en rien les choses ! J’arrive pas à les chasser… Du coup, je pense sans cesse à la mort… à la décomposition… à cette saloperie de reportage à la con que jamais je n’aurais dû mater… Et dire que je me suis tapé une queue en plus… çà m’obnubile, çà pourri ma réflexion artistique… Quel sentiment de culpabilité de merde ! Quel manque de respect évident pour ces pauvres gens morts sur l’écran…
Organicratia est fini ! Que tous ces morts aillent se faire foutre ! J’ai trouvé la chute de mon court… Ou plutôt non, elle s’est imposée à moi et c’est frustrant en réalité… Je n’ai pas eu prise sur la chose… Je pensais la dernière fois que j'ai posté ici avoir mis le doigt sur une sorte de vérité universelle dont l’évidence s’imposait d’elle-même, mais maintenant je doute, je pense plutôt que j’ai succombé par faiblesse à la facilité… Que j’ai capturé ce que j’avais sous les yeux au lieu de transcender le réel et d’imposer autoritairement mon imaginaire… Pour le coup, j’ai été qu’une ptite bitte pas inspirée… Mais je m’en fous, Organicratia me gave ! Tout est dans la boîte à présent… Voilà une bonne chose de faite finalement, faut que j’ passe à autre chose… Je ferais le montage bientôt, et je mettrais dans la foulée, les premières images en ligne… mais faut que je change vite d’air en attendant… çà pue ! Au sens propre comme au sens sale ! çà schlingue ! J’ai beau avoir les naseaux insensibilisés à force de turbiner au milieu de la barbaque et de collègues qui refoulent et qui fouettent du bec, là çà n’est plus possible… La carcasse du bœuf qui me servait de décor s’est répandue dans toute ma chambre… d’elle, émanent des effluves mortifères qui empestent tout mon appartement… J’ai tout essayé après avoir foutu les gros morceaux de viande putréfiée à la poubelle (j’ai descendu 4 gros sacs plastiques à la benne vers une heure du mat de peur de croiser un de mes voisins dans l’ascenseur…) Mais rien y fait ! La mort s’est incrustée dans toutes les parois de ma chambre… Et les insectes restent, excités et à l’affût…

J’ai profité de mon escapade nocturne pour dévaliser l’arabe du coin, il était sur le point de fermer sa boutique mais de justesse, j’ai pu emporter une vingtaine de bombes aérosols en tous types en passant sous le rideau de fer à moitié baissé… insecticides, désodorisants d’intérieur… j’ai fait une razzia sur tout ce qu’il avait en stock, avec aussi tous les détergents et produits ménagers que j’ai pu dégoter. J’ai pris un blâme au taf aujourd’hui pour retard… C’est pas grave… Fallait que je nettoie ma putain de chambre du sol au plafond et çà m’a pris toute la nuit… Malheureusement les insectes et les odeurs sont toujours là… J’ai pourtant mené une bataille acharnée à grands renforts de Baygon et de Domestos ! Peine perdue… J’ai l’impression qu’au petit matin, il y avait encore plus d’insectes sur mes murs qu’avant de commencer mon travail herculéen…

A 6h, mon réveil a sonné et je n’avais pas fermé l’œil de la nuit… « Bordel… », je suffoquais, j’avais vaporisé la totalité des contenus de tous les aérosols depuis un bon moment mais leur odeur était toujours présente, persistante, couplée à celle de la barbaque putréfiée. «C’est pas censé neutraliser ou cacher la puanteur normalement ? » Le nez et la gorge me piquaient atrocement… C’est un peu comme si j’émergeais d’une saloperie de transe hystérique… Comme si mon réveille-matin, m’en avait mystérieusement soustrait et que je prenais conscience des choses… Je me suis gerbé dessus, et dans l’heure qui a suivi, je n’ai cessé de répandre ma bille dans tout mon appartement en toussant mes poumons et ma race… « Bordel de merde… Mais qu’est ce qu’ils foutent dans les insecticides et les désodorisants ? C’est du phosgène ? Une saloperie de gaz moutarde de merde qu’on dirait…» Le linoléum de ma chambre était constellé de centaines de petites tâches noires… des centaines d’insectes morts qui formaient par endroits des sortes de galaxies en se conglomérant en petits tas… à toute ma nouvelle déco « charniers de nécrophages à ciel ouvert » s’ajoutaient de petites flaques de gerbe que j’évitais précautionneusement à tâtons pour pas glisser comme une merde, un bonne grosse merde bien fatiguée que j’étais… « Laisse béton, on nettoiera tout ce merdier plus tard…» Je me suis dirigé vers la cuisine et j’ai pris une mégatonne de café, j’ai constaté ma défaite face aux nécrophages et j’ai capitulé. Y en avait encore des centaines un peu partout dans tous les recoins de l’appart occultés par l’obscurité et révélés par les premiers rayons de soleil… Ils semblaient complètement immunisés contre ces produits à la con que j’avais passé la nuit à vaporiser… « saloperie de sélection naturelle de mes deux ! Tant que tu ne mènes pas une guerre totale, une guerre pour l’annihilation complète de ton adversaire, tant que tu lances des petites attaques de merde pour l’intimider, des coups de semonce pour le faire fuir, tant que tu te contentes de guérillas à la con, que tu tolères ses incursions et son existence en définitive, et ben tu ne fais rien d’autre que de le rendre plus fort… T’élimines les plus faibles dans son camp et il s’adapte et il mute… Et plus tu perds de temps à chercher le consensus et plus t’auras de mal à t’en défaire le jour où tu capteras que la paix n’est qu’une illusion…» Bordel de merde… Mais qu’est ce que j’ pouvais bien raconter là ? « Tu dois changer d’air », Que je me suis fortement conseillé, « Va prendre une putain de douche et va turbiner, Connard… », Que j’ai insisté…

« Faut voir comment qu’évolue la chose… J’ai fait tout mon possible pour tenter d’infléchir le cours des événements… », J’étais sous des torrents d’eau chaude à chantonner des résolutions qui me semblent incompréhensibles avec le recul, à siffloter comme un con sur un air d’Ave Maria… J’ai de grosses plaques rouges sur tout le corps, faut croire que l’eau était un peu plus chaude que ce que mes capteurs sensoriels pouvaient bien me restituer au moment où j’ai pris ma douche… « Tu pars en couille, mec… », Que j’ai réalisé, « Tu pars en sucette grave… Canalise toute cette énergie… Fais-en quelque chose de construit… Ne laisse pas l’hystérie prendre le dessus… Ne laisse pas le chaos te dominer… » Je me revois me gargariser dans la glace embuée au moment où j’ai heureusement retouché terre… J’ai failli décrocher et sombrer dans les limbes de folie, avec le recul, c’est comme si j’étais en surchauffe, qu’un flux incommensurable d’inspiration me traversait, un flux de données divines impossible à traiter par ma petite raison humaine, une dictée récitée à cent à l’heure qu’il aurait fallu restituer sur papier avec un plume en rupture d’encre à moitié bousillé… « STOP ! CONNARD ! TA GUEULE ! TA GUEULE ! TA GUEULE ! » J’ai empoigné mon rideau de douche des deux mains quand j’ai glissé sur les rebords savonneux de mon bain… Les tringles ont pété aléatoirement une à une et ma chute s’est rapidement poursuivie en aveugle… ma tête empêtrée dans le rideau imperméable, je n’ai rien vu venir… le sol carrelé que ma tempe droite à violement impacté… Le trou noir ensuite… La sérénité… La sérénité… La sérénité…

Voilà ce qu’il fallait que je fasse… Ne pas lutter contre les Muses… Inconsciemment, lorsque j’étais éveillé, je m’épuisais à filtrer ce qu’elles me balançaient, je m’épuisais à leur tenir tête alors que de toute évidence je ne faisais pas le poids… Mais pour qui me suis-je pris avec ma morale à deux balles ? Pour qui me suis-je pris avec mes prises de conscience, mon sentiment de culpabilité ? De la pollution ! Voilà ce que tout cela était ! une putain d’autocensure à la con, des toxines secrétées par ma petite raison humaine… Je dois laisser les Muses me pénétrer… çà sert à rien de vouloir s’affirmer face à elles, nous ne sommes que des outils pour elles, des haut-parleurs, et si elles vous élisent, et si elles veulent se servir de votre petite personne à la con pour agir sur le monde, agir sur l’imperfection de l’œuvre divine, infléchir toute la médiocrité de la création, il faut les laisser faire, ne pas se braquer, ne pas s’offusquer de leur supériorité évidente et vouloir à tout prix les dompter…

Putain de trip de ouf que j’ai fait ce matin, affalé de tout mon corps sur le carrelage de ma salle de bain, alors que ma tempe droite pissait le sang, alors que mes collègues allaient pointer comme des cons, alors que ma douche continuait à cracher de l’eau chaude et à convertir toute ma salle de bain en sauna embrumé… Je suis à moitié conscient des choses lorsque çà se produit… de la brume émerge une femme à poil qui ressemble étrangement à la connasse qui s’est violement doigté l’autre jour devant sa webcam… y en a une seconde qui apparaît soudain, drapée de voiles translucides hyper excitants… putain mais où que j’ai d’jà vu cette pute avant ? p’tête bien sur GrosseTruieQuiMouille.com ? En voilà d’autres qui déboulent émergeant de nulle part… Bordel, mais c’est les pétasses de mes mags de boules, j’en suis sûr ! Mais qu’est ce qu’elles tiennent à la main ? Des sortes de serpents qui sifflent et se tortillent… Toutes ces femmes forment un cercle autour de mon corps désarticulé sur le carrelage, autour de mon sang qui se répand… « Aidez-moi, bande de grognasses mal baisées ! », Que je leur gueule, « Vous voyez pas que je clamse ? Vous n’ voyez pas que je n’ peux plus bouger ? » Elles me fixent amusées… Elles sont neuf, leur effectif est au complet lorsque je les reconnais… Clio, Euterpe, Thalie, Melpomène, Terpsichore, Erato, Polymnie, Uranie et Calliope… Elles se délestent de leurs voiles et se jettent alors sur moi… Elles ne désemplissent pas de bonnes intensions à mon égard, me couvrant de baisés et de caresses… Cela ne dure que quelques secondes, comme pour me consoler et me préparer à l’inévitable torture qui allait suivre, me faire lâcher prise et abandonner… Voilà que les Muses se mettent à me goder par tous les trous avec leur serpents qui sifflent et se tortillent dans mes entrailles, et je hurle et je cris, et elles rient et elles me pénètrent avec de plus en plus de hargne et d’acharnement, avec de plus en plus de plaisir et d’affairement à la chose…

« Faut que j’ change d’air… Faut que j’ change d’air… », Que j’ me surprends à répéter en faisant des bulles dans mon sang lorsque j’émerge après le choc… Je me dépêtre du mieux que je peux de mon rideau de douche et me relève avec peine… Lecteur de mes deux, penses-en ce que tu veux, crois moi ou pas, comme tu le sens, de toutes façons j’ m’ en bas les glawouis, mais saches que j’en ai encore mal au cul de c’ te rêve… J’ai pas pu m’asseoir plus de 2 minutes dans la journée…