Au coin du feu

Le 10/04/2006
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par Johnny
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Thèmes / Saint-Con / 2006
Voici la contribution de Johnny, le type qui gagne tous les concours. Ce con aurait pu participer à Serial Edit, puisque son texte est basiquement une grosse parodie absurde de l'Apocalypse de Saint-Jean avec son lot de flammes et de visions zarbis. Ceux qui n'ont pas lu l'Apocalypse n'entraveront rien, les autres trouveront ça réjouissant.
Le type arrive sur une île. Il entend une voix, se retourne, et une sorte de nain lui cause d'étoiles et d'églises, dont l'une sonne comme une ville des Etats-Corrompus d'Amérique. Il a maintenant quelques messages à passer. Sept au total. Un par jour. Ça sent le syndicat tout ça, sauf si le septième, il est obligé de l'adresser un dimanche.
Le premier pour dénoncer un problème d'endurance. Il faut aller vite et revenir au début. Sinon, c'est la mort. Le deuxième concerne quelques juifs qui seront emprisonnés pendant les dix jours de tempêtes. S'ils restent tranquilles, ils s'en sortiront. Le troisième, c'est pour une histoire de barbaque. Ils ont dû tout bouffer, les salauds. C'est mal. Le quatrième est affaire d'adultère : un dévergondage malsain, des prostituées, des malades de la peste et de la grippe aviaire. Le cinquième à cause d'une tache sur un quelconque manteau. Le sixième pour une porte que personne ne peut fermer. Le septième pour un SDF dont l'apparence tout entière est vraiment à vomir.

Et puis la trappe s'ouvre, il monte, il trouve une tripotée de vieillards zoophiles qui s'extasient devant un lion, un taureau et un aigle. Les animaux ont des yeux partout. Les vieux ont des couronnes. Ils ont dû tous avoir la fève, mais il n'y a pas de reine. On pleure, parce que personne n'arrive à ouvrir un bouquin. On égorge un mouton et hop ! Le mouton égorgé, au bord de l'agonie, laissant derrière lui des traînées de sang, arrive avec ses petites pattes à ouvrir le bouquin. Ils sont contents. C'est un livre de contes. Il y a un cavalier couronné (encore un chanceux de la galette) tagadant un cheval blanc, un méchant qui va tuer tout le monde, un nègre qui fera la justice et Shrek, ou Hulk, je ne sais plus, qui portera les cadavres. Il y a des types cramés qui hurlent encore et qu'on essaye de calmer, des tempêtes, une liste de personnes qui seront épargnées et des trompettistes barbares. Le son des trompettes fait tomber une pluie de sang, affale les montagnes, décroche les étoiles, cache la lumière, libère les sauterelles, massacre un tiers de l'humanité. Au dernier son de trompette, tout s'effondre. Une dame (Ah, enfin ! Une dame !) est poursuivie par un dragon qui veut avaler son rejeton sitôt qu'il sortira du ventre de sa mère. La dame accouche, le bébé est sauvé, elle est nourrie gratos et le dragon tombe dans une crevasse. Il n'a pas dit son dernier mot ! C'est qu'il a des potes, le dragon, et notamment une grosse bête avec des cornes partout. Tout le monde l'aime bien, la bête, parce qu'en fait, personne n'a vraiment le choix de faire autrement. En signe de reconnaissance, ils se marquent trois "six" et peuvent ainsi rester vivants. Arrive l'armée des quarante-quatre mille vierges menée par trois fous menaçants. Ils ont des faucilles et sûrement, des marteaux. Ils éclatent tout sur leur passage et font une mare de sang. Ils ont aussi des alliés bien utiles : une bande d'empoisonneurs armés jusqu'aux dents. Les poisons donnent des ulcères, vident les mers, pourrissent toutes les sources d'eau potable, accélèrent le réchauffement de la planète et le dérèglement climatique. Le temps du combat a sonné. Ils assassinent la pute et tous ceux qui l'ont sautée. La méchante bête et le dragon périssent à leur tour. Tous ceux qui moururent à cause des méchants ressuscitent pour mille ans et une nouvelle ville s'érige, triomphante.

Heureux ceux qui lavent leurs vêtements, pour avoir droit à l'arbre de vie, et entrer dans la ville par les portes. Dehors, les chiens, les empoisonneurs, les paillards, les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime et pratique le mensonge !

C'est con, ce livre.

Il jeta la bible dans la cheminée et Dieu, dont elle était censée lui prouver l'existence, brûla avec elle. Aucun ange du ciel ne vint les sauver.

Amen.