Fanfare

Le 13/04/2006
-
par Simili
-
Thèmes / Saint-Con / 2006
Simili s'interroge longuement sur le con qu'il doit brûler, et les possibilités sont nombreuses. Du coup, le mieux qu'il trouve à faire, c'est de s'imposer comme leader spirituel d'étudiants en sport contestataires. Il se dresse à la tête d'une armée de cons pour s'attaquer à la représentation de l'intelligence. Pas mal.
Il y a extrémement peu d'animations le lundi, et ce lundi 10 avril, strictement rien.
J'ai un jour lu que l'huitre était l'animal le plus con qui existe, avec un q.i de deux, un banquet d'ostréiculteurs aurait été parfait, quoi de plus con que de consacrer sa vie à élever des animaux comndamnés à être con?
Le domaine maritime est ma hantise, vous allez à la plage, vous vous baignez, vous remontez à votre serviette, vous vous asseyez, vous avez du sable plein le cul, vous mangez des petits beurres qui crissent sous les dents, et en plus vous devez partager les emmerdes avec un tas de bovins huilés.
J'ai donc pensé à incendier des véliplanchistes, mais ils se réunissaient le jour d'avant, sont pas fichus de prendre un jour de repos pour la saint con ces connards?

Puis l'idée m'est apparu, il est écrit dans les régles de la saint con:"les animateurs et les participants sont souvent largement aussi stupides et abrutis que les gens qu’ils conspuent, et ils ne s’en cachent pas." Je suis con!. Puisque je suis con, je me permets de m'intéresser à la politique, je vais à gauche! Pas bien la pauvreté! Méchant les patrons! Au bucher Villepin! A bas la précarité! Vive les gens heureux!
Il me faut une contenance, un combat à mener, une lutte à soutenir, deux solutions s'offrent à moi.
La première serait de prier, oui quand on est con dieu fait tout ce qu'on veut pour peu qu'on marmonne en ayant un air constipé, prier donc pour qu'al qaeda coule un pétrolier au large de brest. Ainsi je me rendrai au port de commerce avec une pelle et un balai, profiterai des journalistes pour jouer au révolté, me lancerai en politique dans un parti écologiste d'extrème-gauche, et je brulerai le pdg de renault parce qu'il va vendre des voitures à des chinois et couler le monde pour l'argent.

La seconde solution est plus réalisable, et plus facile aussi, je vais aller aider les chômeurs musclés, les étudiants en staps! Etant donné que je suis con, j'ai désormais toutes les capacités pour leur parler.

Mêmes les animaux les plus cons savent vivre en groupe, les étudiants en staps sont des lions, les hommes glandent, les femmes raménent la bouffe. La viande ici est faisandée, ne se mange pas, et ils la désignent sous le nom "d'idées".
Tout mon prestige est contenu dans le fabuleux tas de bouffe que je leur améne, nous allons nous en prendre à la société qui est méchante, à la dictature sur l'intelligence, au capitalisme roi.

"Ouais les gars! Ben on fait des études en sport, et on aura pas de travail à la sortie! C'est la faute des francais, ils font pas assez d'enfants, alors suivez moi! On va faire une manif' pour péter tous les distributeurs de capotes et comme ca, ben, les francais baiseront, et on aura du boulot grâce à leurs enfants, allez suivez moi!"
Pierre Desproges avait raison, les sportifs me suivent, l'ambiance est joyeuse. Mes compagnons en sont à leur septiéme semaine de grève, ils ont enfin trouvé en ma personne le leader qu'il leur manquait, le retrait du cpe vient d'être annoncé à la radio. Coup de froid parmis mes troupes, on vient de perdre 800 lavettes, tous ces enfoirés de rats puants de gauchistes de la faculté de lettres nous lachent, nous, leurs frères de lutte, il faudra en cramer un car plein.

Cette annonce n'a fait qu'accroitre la fureur de mes troupes, ils sont désormais tout seul, ils ne peuvent s'en remettre qu'à moi, la seule personne partageant leur combat volontairement. Nous avons franchi le pont séparant la faculté de sport du centre ville, il est temps de montrer à mes troupes notre véritable lutte.

"Beaucoup de gens en france ne prétendent pas comprendre l'intérêt de notre lutte, qu'ils viennent en fac de sport!
Certains disent que l'intelligence est la voie de l'avenir, qu'ils viennent en fac de sports!
D'autres encore, en france et en Navarre disent que nous pouvons travailler avec les intelligents, qu'ils viennent en fac de sport!
Il y en a même qui reconnaissent que l'intelligence est mauvaise, mais qu'elle permet de réaliser des progrès économiques, qu'ils viennent en fac de sport!
Ce qui est vrai de cette fac de sport est vrai de la France - une paix réelle et durable en France ne pourra être assurée tant qu'un étudiant en sport sur un se verra privé du droit élémentaire d'un étudiant en sport, qui est d'enseigner le sport à une classe. Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des étudiants en sport, et c'est pourquoi en tant qu'homme libre, je m'enorgueillis de dire: Ich bien ein étudiant en sports!"

Mon armée hurle sa joie, nous ne pouvons plus que gagner avec autant de confiance et de bonnes idées. Nous traversons le rond-point, nous engageons sur l'artére qui conduit à la place centrale. Les gens s'arrétent en nous contemplant, mes troupes sont toutes est engoncées dans des joggings, baskets aux pieds. Ma garde prétorienne a des dreadlocks. Comment pourrions nous ne pas voir nos exigences satisfaites avec pareille armée?

Nous passons devant la place de la liberté sans que je fasse un quelconque signe d'arrêt, ma fanfare se tait soudainement, le changement n'est visiblement pas pour eux.

"Camarades et amis!
C'est aujourd'hui la fête grandiose qui marque la septiéme semaine de notre lutte. Nous avons vu nombre de nos camarades douter, aujourd'hui n'est pourtant pas un jour de doute.
Aujourd'hui nous affirmerons notre puissance, nous affirmerons notre courage, nous affirmerons nos bonnes volontés!
Aujourd'hui nous allons régner!
Aujourd'hui nous allons changer la face du monde, en nous en prenant au capitalisme roi, en nous en prenant à la culture bourgeoise, en nous en prenant à la dictature de l'intelligence!
Nous allons aller bruler la librairie Dialogues!"

Je sens des murmures désaprobateurs se répandre dans la foule, je ne dois pas perdre mon auditoir.

"Réalisez! Réalisez que la librairie dialogues est remplie d'ouvrages immondes, de livres de philosophies, de traités économiques, de propagande adverse! Nous ne pouvons nous permettre des concessions! Nous devons frapper l'ennemi en plein coeur pour pouvoir choisir nos moyens de réflexions! Nous allons détruire toute cette architecture moderne dispendieuse! Nous allons mettre bas cette antre du démon basé sur l'échange de l'argent et de la culture! Nos ennemis se jugent supérieurs grâce à ceci! Terrassons ces deux symboles putrides! Terrasons les bases d'un systéme puant! Affirmons notre pouvoir!"

Enfin, ils sont convaincus, certains se proposent même de siphonner les réservoirs des 4*4 pour incendier la librairie.

Nous arrivons à la librairie, jai un bidon d'essence de cinq litres et mon fidéle zippo, je n'aurais même pas eu à dépenser un euro vingt pour acquérir mon outil de travail.
Mes troupes se jettent déchainés sur les étagéres, Hugo se voit piétiner par un rasta blonc d'un métre soixante, une obèse en jogging moulant brule fiévreusement un libre de Nietzsche, un sac d'os d'un métre quatre-vingt dix, jogging enfilé dans ses chaussettes, s'en prend à 1984 de Georges Orwell, tant mieux il était mal écrit.
Ah la non, si tu brules "Dans la dèche à Paris et à Londres" ca va mal se passer. Bon sang, cette pute a osé!
Il a osé bruler le plus grand récit journalistique existant! Il a osé bruler le coup de pied au cul adréssé au misérabilisme niais de Zola. La, rien ne va plus.

Je prend mon bidon, enléve le bouchon, me rapproche de lui. Je suis maintenant dans son dos, je lui projette de l'essence sur le dos, un grand coup de pied au cul. Il se retrouve allongé sur le sol, je jette mon zippo. Il y a une grande saucisse incandescente au milieu du rayon livres de poche.
Je dois agir vite, les autres n'ont pas encore repérés ce singe malgré ses cris. Il faut que je jette de l'essence sur le plus de monde possible, peu importe pour le feu, la grande saucisse s'en chargera probablement dans ses débattements désespérés et inutiles.
Ce qui est formidable avec tous ces cons, c'est qu'ils accourent vers les hurlements, il suffit qu'un homme se débatte et le voyeurisme les emporte. Ils ont bien cernés leur rôle, hurler de concert avec la victime, s'indigner, jurer, mais ne rien faire pour elle. Ils sont trop perturbés pour songer à utiliser un extincteur, tant mieux. Je projette de l'essence sur toute l'assemblée, une vingtaine de personnes, la torche se léve, s'écroule aussitôt, sa main tombée à côté d'une flaque d'essence embrase un groupe. Le reste suit.

Il est temps pour moi de faire ce que tout grand leader ferait à ce moment, me barrer avec la caisse.