Je suis pas pédé mais j'aime sucer

Le 21/04/2006
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par Don
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Thèmes / Débile / Vie quotidienne
Notre spécialiste de la quarantaine désabusée se décide dans ce texte à faire dans un registre plus léger, une tranche de vie. L'histoire d'un mec qui veut faire un tour dans un sauna malgré le fait qu'il ne soit pas particulièrement pédé. Du porno soft bien écrit, ça se lit tout seul, au début c'est plutôt drôle, après ça devient un peu anecdotique, hélas.
« J’y vais ou pas ? Après ces deux types là j’me lance ! et merde, c’est qui ces gonzesses, pourquoi elles me matent ? Si j’y vais maintenant, elles vont me cramer c’est sur …
Bon j’attends… »
Bientôt vingt minutes que je fais les cent pas devant le sauna. A distance respectable, je veux pas qu’on me prenne pour un pédé. Je crève de trouille qu’au moment où je rentre ou quand j’en sors je croise un de mes potes.
Comment lui expliquer ? « heu voilà je suis pas pédé hein, mais le sauna c’est bon pour la peau ! » Hyper crédible. Grillé à vie après, plus de potes, les rires dans mon dos, les vannes, les meufs qui ricanent…le cauchemar.
Pire, si je croise ma femme avec un de mes deux gosses…j’aime ma femme.
Mais là j’ai envie de sucer un mec.
Comme plus de la moitié des mecs, j’ai eu mes premières expériences de cul avec un pote. Plus de la moitié des mecs ouais, mais combien l’avouent ou se l’avouent à eux même ? On avait commencé par se branler l’un l’autre pour voir comment ça fait avec une autre main. On était pas bien vieux, dans les quatorze ans, de petites queues nerveuses et pas beaucoup de poils, on avait des peaux de filles. Beaucoup s’arrêtent à ce stade, la branlette mutuelle. On s’est pas arrêté là, on s’est sucés un paquet de fois. On avait honte, mais on recommençait. On s’est enculé une fois, on a pas aimé. D’abord j’ai eu mal. On préférait se sucer. Ça a duré un été. L’été d’après mon pote est venu me voir catastrophé en me disant : « on est des pédés, on est des pédés ! ». Du coup on a arrêté hein, on voulait pas devenir des pédés.
Quand j’ai été voir mon premier porno, dans un de ces cinés glauques qu’il y avait à l’époque sur les Grands Boulevards (un porno des seventies, les meufs avaient de ces tabliers de sapeurs !) en me noircissant le duvet sous le nez pour tricher sur mon âge, un mec se branlait à coté de moi. Il me faisait du genou, ça m’a troublé, j’ai eu envie de le sucer, mais j’ai pas osé.
Depuis, plus rien.
Je fantasme, j’ai envie de sauter le pas.
Je veux pas tromper ma femme, niveau cul on se débrouille tous deux. C’est plus la baise majestueuse des débuts mais bon.

« Tiens après ce couple là je fonce ! merde non j’y arrive pas… »

Si, j’y suis arrivé. Le connard en caisse me demande : « serviette ou peignoir ? » va pour le peignoir. Dépêche toi ducon, il y a toute une rue qui me mate derrière, ma famille, mes amis et les potes du boulot. Evidemment il met deux jours à me rendre la monnaie avant que je ne me rue dans la pénombre d’un escalier qui descend. J’y suis.
En bas de l’escalier, les vestiaires. N’ayons l’air de rien. Je suis sur qu’ils savent que je suis pas pédé. Ils vont se foutre de ma gueule. Qu’est-ce que je fous là bordel, j’ai envie de me casser. Je me désape vite fait et je roule mes fringues en boule dans le casier.
Allons faire un tour. Il fait sombre, des mecs déambulent. Ce n’est pas un sauna, c’est un hammam. Bon. Je monte à l’étage, des boxes dans un des murs, des portes fermées, d’autres ouvertes avec des mecs seuls qui attendent. Il y en a un le cul en l’air et la gueule dans un coussin, son ventre pend, je suis pas sur qu’il trouve à se faire baiser celui là. Ça sent l’homme, genre vestiaire de sport, avec l’arrière goût de désinfectant. Je trouve ensuite deux pièces avec des matelas, des mecs baisent et d’autres matent, en s’astiquant d’un air ennuyé. L’ambiance est franchement glauque, personne ne parle. On entends juste des soupirs, des halètements, et le « shlak, shlak » d’une paire de couilles qui claque sur un cul ferme.
Je redescends vers le hammam, j’accroche mon peignoir élimé à une patère et je rentre dans la pièce. La chaleur me saute à la gueule mais l’humidité de l’air rend la chose agréable. Le hammam est presque désert, il y a juste un p’tit mec malingre assis dans un coin. Je reste debout, je tourne le robinet d’une douche et prend un jet d’eau glacé qui me cingle. Avec la vapeur on y voit vraiment quedalle. Je reste me baigner un instant dans la vapeur, je ferme les yeux, ça me détend grave. Quand je veux rallumer la douche, je vois la main du p’tit mec s’avancer. Il me caresse les couilles et commence à me branler. Je bande. Si ça se trouve je suis vraiment pédé. On se tripote un moment mais bon, je suis pas venu au péril de ma réputation pour un frotti-frotta. Je l’entraîne dans un box isolé. Je lui tends une capote, il s’assoit sur une banquette et la met. Il a une toute petite bite, je repense à celle de mon pote d’enfance. Putain ce que j’ai envie de le sucer. Je m’agenouille devant lui et j’engloutis sa bite. Mauvaise idée la capote lubrifiée, le goût est dégueulasse, j’ai l’impression de sucer un truc en plastoc, c’est naze. Je m’applique. Au bout d’un moment j’oublie la capote, mais ce con me dit « attends ! » et décharge dans ma bouche avec un couinement de goret. Je l’ai pas sucé plus de trois minutes.
Je me lève, et je le laisse avec sa capote pleine à la main. Quel con, tu parles d’un plan foireux. Je monte vers les salles du haut. Une des salles est déserte à part un mec qui s’emmerde. Genre beau mec, musclé, le torse épais et une gueule sympa. Je m’approche et je m’assois à coté de lui. Bon et maintenant, qu’est ce que je suis sensé faire putain ? J’ose même pas le regarder. Je sens qu’il me regarde, je suis sur qu’il sait que je suis hétéro, je vais me faire jeter. Je lève la tête vers lui, il sourit. Ok, on se détend. Je tends une main vers son torse, je le caresse. Hormis l’épisode foireux de tout à l’heure, c’est la première fois que je caresse un homme. Sa peau est ferme, c’est pas désagréable. Je descends vers son ventre, j’effleure son sexe. Je me précipite pas comme avec l’autre, je veux profiter des sensations, savoir ce que j’éprouve vraiment. Si je suis franchement devenu homo autant pas rater cette expérience là. Finalement c’est comme avec une femme, on se découvre un moment et le désir monte. J’approche mes lèvres de son ventre, puis de sa queue, il bande franchement là. Merde c’est gros. J’y goûte du bout des lèvres, puis je le prends dans ma bouche. C’est bon. Je monte et je descend, en accompagnant le mouvement de la main (comme ma femme quand elle me suce). J’ai peur du sida, je me rappelle plus si on peut le choper en suçant jusqu’au bout. Faut que je lui mette une capote. Je continue un instant puis je stoppe et je sors la capote, je le regarde et il acquiesce en souriant. Merde pas de quiproquo mon gars, c’est pas avec un chibre pareil que tu vas me faire le cul hein ? Je lui enfile la capote et j’y retourne. Ça dure un moment. Je comprends ma femme quand elle me dit qu’elle chope des crampes à la mâchoire, merde ça tire à force. Mais je m’applique encore, je veux aller jusqu’au bout, je veux le faire jouir. Au moment où il m’agrippe la nuque, je sais que ça va venir, je sens sous mes doigts sa bite gorgée de sang se gonfler encore, j’appuie sous ses couilles sur la veine pour le sentir encore plus, j’adore sentir cette montée du plaisir. Quand il décharge enfin sans que j’en sente grand-chose à part sa queue qui palpite, je suis envahi d’un sentiment intense de joie égoïste. Je l’ai fait putain ! Je l’ai fait !
On discute 3 minutes de tout et de rien, je lui dis que je suis hétéro, il me dit que je suce bien pour un hétéro, ah bon c’est pas écrit sur ma gueule ? On fume une clope en silence, un sourire et chacun repart de son coté.
Dans le métro pour rentrer at home, j’ai des milliards de questions dans la tête qui se résument à une seule. Je suis pédé ou pas ? Quand j’arrive chez moi, que les mouflets m’agrippent les jambes et que ma femme m’embrasse comme d ‘habitude, j’ai pas trouvé de réponse. Plus tard, allongé à coté d’elle, je me refais le film, je me repose les questions, je pense à la trouille que j’aurais si quelqu’un le savait, je pense à toutes ces vannes qu’on balance sur les pédés, ce conditionnement qu’on a depuis l’enfance à exécrer l’homosexualité. C’est simple, je peux en parler à personne. En même temps je sais que j’aime les femmes, leurs corps, leurs sexes et elles me font bander. Je finis par m’endormir avec une pensée rassurante pour mon petit monde bien ordonné : « je suis pas pédé mais j’aime sucer ».