Domino 1 : Fulbert le professeur

Le 03/05/2006
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par Lapinchien
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Dossiers / Domino
Le dossier Domino s'ouvre avec ce texte nerveux et déjanté. Le dossier concerne la colère et la manière qu'elle a de se répandre d'une personne à l'autre, par contamination. Notre premier héros, Fulbert est donc un enragé de première.
Çà me parcourt l’échine… çà me file des tremblements… « Je vous rappelle que c’est un contrôle et qu’il n’est pas permis de consulter vos petits camarades… » Bordel de merde, mais qu’est ce que j’ fous dans c’ te classe à la con, entouré de ces mômes de merde ? Ils me titillent comme si j’étais de leur famille, comme si j’étais leur paternel, qu’ils pouvaient mendier mon attention, mon amour, en gesticulant, en provoquant mon agacement…
« Non mais c’est quoi tout ce boucan ? Cessez vos petites conversations ! » Ils vont fermer leur putain de gueule à la con ? Pour qui ils se prennent à chuchoter pendant mes cours, pendant que je turbine ? «Dès que j’aurai fini de copier le sujet du devoir au tableau, je ne veux plus entendre la moindre réflexion ! » J’leur demande pas d’être attentifs à ce que déblatère… J’leur demande pas de prendre au mot toutes les conneries du programme que j’ leur récite… Bordel ! Mais qu’ils respectent au moins l’artiste pendant le show ! « Un peu de silence, s’il vous plaît… Laissez se concentrer ceux qui veulent travailler ! » S’ils se rendaient compte au moins que c’est de moi que j’parle en premier lieu… Putain, mais qu’ils ferment leur grande gueule de puceaux de la vie ! Ce sont juste des morveux et ils croient avoir tout capté à tout… Jamais vu des mioches aussi cons afficher leur idiotie avec autant de fierté et d’assurance… Un jour ils comprendront… Un jour, ils regretteront… « Cette fois plus un mot ou je vous file un zéro ! »

Voila, y a qu’avec les menaces que çà fonctionne… Qu’ils me cherchent pas trop ! Qu’ils me cherchent pas trop ! C’est pas la journée où qu’il faut me chercher des noises, aujourd’hui… Qu’y en ait un seul qui s’amuse à me la chatouiller d’un peu trop près et je l’ valdingue direct par la fenêtre… C’est pas le moment de me prendre la tronche… Oh putain ! « Amine ! » Quel petit merdeux celui-là ! « Amine, fais pas comme si tu m’avais pas entendu ! » Putain, aujourd’hui j’me l’ fais çuilà… Il m’prend trop pour un con depuis l’début d’l’année scolaire… « Amine, pose ton stylo, çà n’est pas la peine de poursuivre… Je t’ai vu tricher… Je t’ai vu regarder sur la copie de Ludivine… » On materne trop ces petites merdes douillettes… « J’veux rien savoir, Amine… Tu me rends ta copie sur le champ ! » T’as d’la chance de pas être à coté de la fenêtre, petite raclure de merde…« Pose ton stylo ! File moi ta copie ! » « Bordel ! File moi ta putain de copie ! » Ils sont vraiment trop dans leur petite réalité à deux balles, ces gamins… Ils se plaignent alors qu’ils ne voient même pas qu’ils sont pourris-gâtés… « Amine, maintenant tu te casses ! Tu prends tes affaires et tu files voir le directeur… Je veux plus te voir… Cherche pas… Tu vires ! … t’as dix secondes pour te tirer…» La vie est un rouleau compresseur… La réalité vraie c’est pas celle dans vos petites tronches de merde… Elle est là à vous guetter à la porte de l’école… Elle tardera pas à s’immiscer dans vos petites combines pour tenter de l’ignorer… Vous inquiétez pas, elle va pas tarder à vous faire part de son existence… « Bon c’est gagné ! Amine, je t’aurais prévenu… Rendez-moi tous vos copies, je les corrigerai en l’état, coefficient 5 sur la moyenne ! Remerciez Amine ! »