Zoo

Le 15/05/2006
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par MantaalF4ct0re
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Thèmes / Obscur / Introspection
Mentalfactor nous raconte l'histoire d'un mec qui a du mal à se traîner hors du lit et qui enchaine les réflexions semi-dépressives. Comme il est plutôt prolixe et que la pensée est trainante et pesante, on se fait vite chier. C'est pourtant pas mal, très neurasthénique, désespérant, incertain. Mais rien à faire, notre instinct de consommateur zappeur prend le relais : trop long, trop lent.
Inhibition de l'action, accès obsessionnels, culpabilité.
Les sables mouvants du cerveau sont affamés de gens bien qui vont mal.
Destruction psychologique...Bienfaits de la solitude et de l'illusion.
C'est l'histoire d'une pensée qui se décompose.
L'incohérence et les bousculades du style se veulent une métaphore de ces implosions cérébrales.
Et du degré d'éveil, de conscience ou de fatigue du narrateur.
A la recherche de la bougie d'allumage qui fera exploser le zoo en un splendide champignon atomique.
Une sonnerie
Cucaracha. Débile .Grincements. Non. vibrations. Quelque chose de métallique.
Portable dans la poche de mon pantalon, quelque part dans la pièce.
Piles de linge.
Heure programmée pour réveiller.
Corps dit non.
Démarre pas.
Pas de démarrage.
Pourtant de l’acétone dans le réservoir. Essence. Plus peut-être.
Ou kérosène. Mais pas bon .Carrouf. Siccatif. Petite bouteille. Non. Alcool à brûler.
Point éclair 66° .Plus pur. Mais pas bon. Mauvaise suggestion. Acétone oui.
Mais toujours pas démarrage. Sonnerie arrêtée. Refermer l’ouverture vers l’extérieur.
Obscurité.

                                                         *****

Sonnerie redémarrée. Clés de voiture avec clés appartement. Sinon pas vibrations.
Si. Clés appartement avec clés antivol voiture. Neimann bloqué. Point mort remis.
Vitesses problème à froid. Graisser tringlerie. Graisse tube blanc. Niveau boîte. Mais urgence freins.
Tremblements. Couinements. Disques voilés. Danger. Freinage d’urgence sur voie rapide vers Tourcoing. Camion devant. Impossible freiner. Encastré. Bouillie. Pompiers. Camions rouges. Sirènes. Lumières tournoyantes Jambes broyées. Voiture origami. Freins à faire.
Tourner la tête. Lumière. Beau temps. Un jour à s’occuper des plaquettes et des disques.
Mais hors du lit : froid.
Garder couette. Fermer paupières.
Sonneries. Peu importe. Connard de téléphone. Pas perdu clés. L’essentiel.

                                                             *****

Un bruit que je suis certain d’avoir entendu mais dont je ne me souviens pas m’a fait ouvrir les yeux. Par un mouvement presque de réflexe, je tourne la tête vers le chevet, précisément en direction de ce petit réveil blanc qui m’accompagne partout. Les périodes où j’ai dormi dans la caisse, confortablement installé dans un bonnet, des chaussettes de chantier, un duvet d’alpiniste, il était là. Mon écureuil en peluche aussi. Où est-il d’ailleurs le farceur ? Est-ce cette chose que je sens sous le creux de mon genou ?
Ma main droite soulève la couette. Putain mais quelle est la conne qui a foutu ce jean là ?
Un jean propre, plié sur le lit hier soir, après son séchage.
Qu’est-ce qu’il fout ici ? Comment a-t-il pu passer sous la couette ? Un jean c’est polyvalent mais au point de se déplacer tout seul ! Ou je n’en avais jamais supputé tout le potentiel alors…
Elle a du le faire exprès. Qu’est-ce qu’elle peut bien trouver comme plaisir à me pourrir la vie ?
Elle ment quand elle m’aime. Encore une lessive à démarrer. La voiture. Dossiers pour Paris. Mes études. Musique. Nager. Vélo. Courir. Lire.
Une grande journée s’ouvre à moi, je sens que j’ai le temps de réaliser tout ce sur quoi je fais un blocage depuis « un certain temps » que je ne saurais définir ou compter en cet instant. Pas la capacité. Pas le courage. Pas la concentration. Pas l’envie.

Enfin…
Il n’est que 9h30, après tout.
En fait ça pourrait même être pire. Voyons le bon côté des choses….il n’est qu’à moitié tard je ne suis qu’une moitié de loque.
Je pourrais me lever. Je n’ai dormi que quatre heures et j’ai l’esprit clair, pourtant.
Je fais bien de ne plus boire pour dormir. L’effet placebo de somnifère, même la bière sans alcool, cette insipide saloperie gardant les apparences de la convivialité, le procure. La fatigue en moins. De même pour les sueurs nocturnes.
Beni soit son inventeur. On devrait dire quelque chose pour lui à la messe mais il n’y en a que pour Jésus avec son litron de rouge. Ses disciples ne devaient rien avoir à faire le matin en se réveillant. Probablement des hippies d’avant l’heure, itinérant, baisant vraisemblablement de temps à autre, par hygiène.
Maintenant je suis clean.
Pourtant je me sens comme un mort vivant qui a du mal à ressortir du cercueil, vidé de son sang.

Un coup d’œil à son miroir, dont je m’approche en rampant sur les côtes du flanc droit, froissant les draps. Je hais les miroirs. Pourquoi en a-t-elle voulu deux dans la chambre, l’un regardant l’autre ? Elle ne sait pas que l’on m’a déjà cassé une dent en me frappant la tête contre ce genre de plaque, étant gamin.Vivre à deux c’est le meilleur moyen de ne pas se connaître, ne pas chercher à se découvrir. Un huis clos de théâtre à deux, où le partenaire est également public,et voit non pas l'acteur mais le personnage de fiction. Elle m’est incompréhensible et incohérente. Elle ne sait de moi que ce qu’elle avait envie de raconter à ses frères et sœurs, ses parents, ses collègues.

La bête de foire est un élément de prestige apparemment. Une bite qu’elle n’a pas. Un gode sur pattes. Elle ment quand elle m’aime.

Une tête livide apparaît dans la surface réfléchissante. Pas vraiment la tête souriante des photos patafixées sur les rebords. Non pas un vieil adolescent mais un jeune cadavre ambulant.
Des yeux enfoncés dans des cernes gonflées. De petits cercles bleus qui scintillent. Des cicatrices dues aux plis des draps sur la gueule. D’autres plus discrètes mais qui ressortent en raison de l’aspect désolant de l’épiderme. Pas vraiment de cheveux.
Je suppose, ça doit être moi .T’as une sale gueule tu sais. Même en souriant. Elle ment vraiment quand elle m’aime. Comment peut-on aimer ça ? Tous les goûts sont dans la nature. Après tout. Vincent Cassel a bien trouvé une perle. Ment-elle quand elle l’aime ? J’adorerais que Monica me mente. Qu’elle apaise de la douceur du bout des lèvres le feu intérieur, la rage qui me broie.
Fatigue.

Pas possible rester. Bras.

Je ne sens plus ce membre, un oreiller a eu l’effet d’un « point de compression », façon protection civile après un coup de cran d’arrêt un soir de fête estivale. Je le rattrape avec la main opposée et je viens le poser à plat au dessus des draps, avec précaution, si je le casse il n’y en aura pas d’autre,on ne m’a pas laissé le ticket de caisse.
J’en ai bientôt des fourmillements, alors que le flux rougeoyant reprend son cours
Quelle endurance époustouflante..
Quelle merde je suis devenu.
Et dire qu’il n’y a pas si longtemps je montais sans grand effort sur le podium d’épreuves de triathlon.
Même ce corps me lâche. Peut-être se venge-t-il…J’ai déjà tenté de lui fausser compagnie. Il me fait une scène de ménage, des années après. Quel rancunier. Avec ce sale caractère il ne faudrait pas qu’il s’imagine que je vais faire ma vie avec lui. Enculé, va…J’arrête,car si ça se trouve il va encore s’énerver et me le faire sentir. Cette carcasse me rejette..
On est mal barrés.
Ou plutôt : ça ne peut pas être mon enveloppe qui ne suit pas, elle est vide…privez un V6 d’essence et vous verrez s’il roule bien…arrêtez d’irriguer en sucre une cervelle …choc pétrolier cérébral…les ressources s’amenuisent.. fini le carburant...Et.merde.. ça fait quelques jours que je roule sur le fond de mon réservoir. L’aiguille est en dessous du minimum. Toujours en retard. Jamais le temps d’aller mettre dix euros à la station avant d’aller à la fac. Ou à la boxe. J’ai de la chance d’avoir un réservoir compréhensif. Si mon corps me rejette j’irai conter fleurette au réservoir... Il faudra que je lui fasse des bisous un jour. Et les freins à changer. Avant ça. Mais il fait froid dehors. Le parking à cette heure ci est dans l’ombre de l’immeuble, pour couronner le tout… Assez affaibli comme ça. Pas la peine d’aller choper la crève. Trop de choses à faire pour prendre du retard. Trop de choses à faire. Prendre des forces. Fermer les yeux .
Encore quelques instants…
Et après, détonnant, je bondirai du lit comme un chimpanzé réveillé par le cliquetis de la clé du soigneur, au zoo. Surgir de la léthargie et gagner le bout de son monde. L’autre côté de la cage. L’impatience de découvrir du neuf, de conquérir de nouvelles merveilles. Se sentir plus grand dans sa prison.
Le poisson rouge adapte sa taille à celle de son aquarium ou de l’étang. Qu’arrive-t-il au grand singe qui s’est développé, a trop grandi dans sa cage ? Trop petit pour exploser sur les grilles. Etouffé ? Se lobotomise-t-il artificiellement ? Va-t-il chercher cet espace qui lui manque dans le rêve et le délire ? Serait-ce là l’origine de l’humour des singes ? Je n’en sais rien et ma queue n’en mène pas plus large.
"Je sais bien que tu n'y peux rien."
Je remonte la couette et me dissous dans un brouillard noir et incolore à la fois.

                                                                 *****

Des enfants courent et crient. Les voisins. Trop dormi encore…
Où suis-je ?
Dans la chambre d’une femme. Un grand lit chaud et plissé.
J’ai peur.
Je regarde mes mains ouvertes comme des étoiles de mer. Je me retourne. Picotements dans les yeux. Qui suis-je ? Homme? Comment je m’appelle ? Quel âge j’ai ? Les réponses viennent mais je doute avant de me répondre. Le temps qu’elles mettent à éclore m’effraie.
Quel jour sommes nous ?
En avril, oui...mais le chiffre.
J’en sais rien…mais vraiment rien. Ma montre me dit 06.6 avril alors. Soit !....
« Bon déjà je sais à peu près qui et où je suis ».
Vraisemblablement encore en vie. Il doit y avoir moyen de faire quelque chose.

                                 *******

Putain je suis encore bien à la masse. Déjà… Tout ça.. Les yeux paralysés sur l’ouverture maximale.. C’est fou ce que les années perdues passent vite. Les vies gâchées aussi finalement…Enfin, là je ne sais pas, je n’en ai pas vécu assez pour en être certain..
Qu’est-ce que je fous ici. Si j'étais certain de savoir ce qu'est être vivant ,et de souhaiter l'être, je me demanderais bien ce que c'est que cette existence de merde. Pas foutu de se lever, pas la force. Mais tellement le goût d’accomplir, créer, sentir.
Cogner des mecs vingt kilos plus imposants et pas savoir s’extraire d’une couette !
Comme un aimant soumis à un insoutenable champ de quelques dizaines de millions de Tesla. Le sommier magnétique m’écrase contre lui. Ainsi qu'un pervers collerait à lui un petit garçon parce qu’il le désire, cet être faible dont il abuse parce qu’il ne pourra lui offrir aucune résistance.
Tête lourde.
Je ne vois pas d’autre moyen que de ramper pour fuir de cette cellule, puisque je ne soutiens pas même l’effort requis pour maintenir un crâne droit sur un cou en position assise. Mais il fait froid hors de la couette et mes tempes sont comme serrées. Dans un étau.
Qui visse à la manivelle ? Mes mains sont innocentes, je les inspecte, et cela continue de serrer. Je n’ai jamais vraiment douté de vous, vous savez...
Elles sont de fidèles amies.
Doucement des doigts je me caresse le visage. Joues. Pommettes. Creux du menton . Lèvres. Oreille gauche. Cou. Un courant clair et chaud sous la peau me laisse stupéfait.
Mes phalanges ne sentent rien mais c’est inouï comme ce toucher est plaisant et doux à mon épiderme facial. Cela faisait un moment que je n’avais rien ressenti d’agréable d’un strict point de vue sensoriel. Probablement quelques jours. Là, je ressens une profonde et étrange sorte de jouissance. Pourtant Popaul n’a pas été au chômage technique récemment…
Mais alors pourquoi faire l’amour si un simple auto- effleurement imprévu sur des zones anodines peut procurer des bienfaits plus grands ? Il doit y avoir un problème quelque part. Cependant alors que je découvre tout ébaubi les picotements de quelques poils de barbes de ma gorge un point se fait sentir quelque part aux alentours de mon nombril. Douloureux celui-là. Il doit y avoir un problème quelque part.
Je me souviens que ma tête tourne presque, je perçois sous le front ce néant flasque qui m’avait jadis annoncé des malaises, dont l’un m’avait coûté une fracture occipitale agrémentée d’un joli hématome cérébral.
Je suggère d’ailleurs en toute amitié au prochain chef de régime totalitaire de faire utiliser ce procédé pour la torture des perturbateurs. La sensation s’éclatement du cerveau dans une boite crânienne gorgée du sang dissipé dans le liquide cérébro-spinal est si insoutenable que tout mouvement, ne serait-ce que passer sans heurt d’une joue à l’autre sur un lit d’hôpital, dos à plat sur le sommier, se solde par un crachement de bile, au goût de laquelle on devient finalement assez rapidement familier. Mais dont le décapant vient à chaque fois davantage vous taillader la gorge. Je me dis avec soulagement qu’on en est loin. Là il suffirait de m’alimenter pour que ces troubles cessent, selon toute probabilité. Cinquante heures sans manger, plus ou moins, dont à peu près autant à boxer qu’à dormir, forcément ça fait tout drôle. Et dire qu’au début de mes études je me sentais malheureux quand je manquais le repas de midi une fois par semaine.

Comment en est-on arrivé là ?

Je me sens trop à bout pour réfléchir. Mon attention retombe. Mes pensées sont comme les vagues arrivant sur la plage. D’un seul coup après avoir longuement monté elles s’écroulent et au loin en naissent de nouvelles sur lesquelles se fixer.
Je n’en peux plus. Je veux nager, me laisser porter par les ondes jusqu’à ce que le sable brûle mes genoux, bouche mes narines et grince sur mes dents.
La couette bienveillante remonte me couvrir comme un petit kangourou dans la poche maternelle et je sombre…
« Allez rien que dix minutes, et après j.. »

                                                                            ****

Un sursaut fait trembler mon corps comme si j’avais prodigué un cunnilingus à une prise électrique. Plafond. Lumière. Heure.
Tard.
Encore une journée de foutue. Un jour de moins avant la mort. Un pas de plus dans la déchéance.
Hypoglycémie. Manger…
Cuisine..
Tant pis je zapperai le petit déjeuner il me faut des sucres lents. Je ferai bouillir de l’eau. Il doit bien y avoir quelque paquet de macaroni ouvert… Je vais tout vider dans la casserole, l’assiette sera peut être petite. Je prendrai une assiette à dessert. Plus creuses, on en renverse moins souvent quelque chose comme une nouille beurrée. S’il y en a trop ça fera une montagne dans une grande assiette !. Je mangerai dans ce cas le plus vite possible afin d’ingurgiter tout avant que mon système digestif n’ait compris ce qui lui arrive : un raz de marée macaroniesque. Je prendrai de grandes bouchées, j’avalerai sans mâcher presque, du moment que je garde la cadence d’une fourchette toutes les quatre secondes je ne laisserai rien. Il y a tellement de gens qui crèvent vraiment la dalle. Les petits squelettes habillés de peau café aimeraient tant être à ma putain de place de blanc en Europe. Je ne peux pas me permettre de laisser de restes. Je dois tout manger.Quitte à en gerber. Le peu que j’ai expérimenté sinon entraperçu de la misère ou de la détresse me laissent imaginer que d’autres adoreraient trouver dix nouilles dans leur assiette. Les dix reliquats que j’aurais pu dédaigner si je n’ai pas mangé assez rapidement. Un reste pour un estomac blasé. Un repas pour un ventre creux. J’ai honte d’être un privilégié.
Un enculé qui a le droit de rester comateux dans une couette où rode encore une odeur de femme.

De prédateur.

Ces signaux olfactifs me dégoûtent. J’y suis allergique. C’est fou comme je dors bien seul. Je me réveille vite, tôt, et bien, même après une nuit de trois heures et demi en position semi- assise par températures extérieures négatives…
Pourquoi dormir avec sa compagne alors qu’on a tous les avantages à simplement en rêver seul …sans les foutus inconvénients. Le rêve ça doit être la réalité réarrangée. Je suppose. Je ne me rappelle pas de mes songes. Pourtant je suis certain qu’ils planent au dessus de mes yeux fermés. Ils rôdent. Mais je les oublie. Et si je rêvassais ? Cette fois essayer de m’en souvenir. La lumière se rabat. Noir. Chaleur. Bien. Vappes. Douceur. Agonie d’une pensée. Enfers.

                                                         *********

Agression. Téléphone. Merde c’est le fixe. Dans le salon.
Avant même d’avoir eu le temps d’en adresser le commandement à mon enveloppe corporelle celle-ci jaillit vers l’autre bout de la cage, échappe au champ magnétique du sommier qui a du tomber en panne,elle passe la porte de la chambre, le couloir, le salon. Ce corps me conduit jusqu’au combiné que j’attrape.
Elle s’assure que j’ai donné leurs pétales de bouffe puante à ses poissons rouges, dont l’aquarium est sous mes yeux.
« Oui ?, oui-oui ,…oui..OUI !!,oui,OUI, ouiiii, oui.Oui !…Bisous. »
Je pourrais sampler ma voix à l'avance, je dis toujours la même chose au téléphone.
Elle m’a encore menti, je prends la boite de nourriture une fois le combiné remis à sa place réglementaire. Ils doivent avoir faim, les petits. En mon absence l’été dernier deux sur les six sont morts. L’un s’est même suicidé. Elle a retrouvé la victime non loin de son domicile, desséchée, quelques jours plus tard, sous une table. Lui au moins, tout poisson qu’il était, il avait vraiment quelque chose dans le slip…
Je dois prendre soin d’eux. Ne pas avoir un cadavre sur la conscience.
Allez hop je verse directement de la boite l’équivalent d’une bonne cuillère à soupe dans l’eau. Les bêtes se jètent dessus avec voracité. Et elle qui veut que je leur donne une pincée…Au moins ils seront en forme pour bosser, ils auront des ressources.
Maintenant levé, la bite à l’air, il faut que je moi aussi je m’active. Machinalement je passe par la case toilettes. Je contribue un peu au volume des eaux usées. Je m’assieds au cas où. Mais Rien. Quelques vagues soupirs rectaux. Ça fait un bail que je n’ai pas mangé, en effet..
Je tire la chasse quand même, par correction. C’est étrange j’ai envie de vomir depuis que je suis en position debout. Mais j’ai beau tenter rien ne vient….
On sonne à la porte.
Chic, le soigneur m’amène des bananes.
Il n’a pas la clé. J’ai faim.
Popaul aussi veut sa part, en tout cas il répond au signal par le seul moyen qu’il a de s’exprimer proprement. Il désigne clairement l’endroit d’où le dring a giclé.

Avant même d’avoir eu le temps d’en adresser le commandement à mon enveloppe corporelle, celle-ci a déjà ouvert le verrou de la porte d’entrée.