Promenade au milieu des songes

Le 28/05/2006
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par Nounourz
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Thèmes / Obscur / Triste
Nounourz qui fait dans la finesse et la douceur, voilà qui est surprenant, mais il faut se rendre à l'évidence : cet article est calme et triste. Bien écrit, il fonctionne assez mal : il serait surement plus poignant avec plus de développement.
Au tumulte électronique avait succédé la quiétude de la ville endormie. Nous n'avions rien de mieux à offrir que nos présences, aussi marchions-nous sans nous adresser ni regard ni parole dans ces rues silencieuses. Les névroses de nos vies urbaines s'étaient tues à la seconde où nous étions sorties comme si, pénétrées par le calme presque surréaliste qui nous entourait, nous rendions un hommage muet à ces milliers d'anonymes, à leurs rêves, leurs étreintes, leurs insomnies. Seuls résonnaient les crissements du gravier sous nos pas, puis le bruissement des feuilles ; les phares de quelques rares automobiles qui s'éloignaient sans bruit au loin brillaient en de blanches et rouges étoiles filantes.
J'aurais voulu avoir quelque chose à lui dire de plus beau que ce silence, mais rien ne me vint. Je l'observai du coin de l'oeil, elle souriait, perdue dans ses pensées, je détournai le regard et souris à mon tour. Elle semblait heureuse, et cette idée me réconfortait. Je crois que je l'étais, moi aussi.

Lorsque la vie a commencé à couler dans les artères de bitume, nous sommes rentrées, souriantes ; je la raccompagnai devant chez elle et la pris dans mes bras. Elle ferma les yeux et une larme vint s'éteindre à la commissure de ses lèvres, elle se blottit contre moi, je me souviens de son odeur, la chaleur de ses bras qui m'enlaçaient, ses paupières closes qui pleuraient, contredisant ce sourire si pur qu'on l'eut dit dessiné par des anges sur ce visage aux traits fins.

Elle se donna la mort le lendemain ; aujourd'hui encore je cherche ce que j'aurais pu dire et rien ne me vient, mais dans notre silence j'entends toujours l'écho de cet adieu, implicite et sincère.