Les bêtes de poisse 4

Le 28/05/2006
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par Marvin
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Rubriques / Les bêtes de poisse
Yeah, un nouvel épisode pour l'excellente rubrique de Marvin. C'est toujours un vrai bonheur à lire, un petit bijou de drôlerie débile et glauque, avec en prime le style inimitable de Marvin. Très (trop ?) poussé dans le gore pour cet épisode. On comprend toujours que dalle, surtout qu'on a eu le temps d'oublier ce qui servait d'intrigue jusqu'ici. La confusion atténue donc légèrement notre plaisir, mais rien de grave.
4. Des patés de muqueuses vaginales frais
- Mais euh... C'est dégueu !
- Nan moi j'aime bien. Tu veux toucher ?
- T'avais qu'à pas te casser du parc. Je me suis emmerdé, moi.
Ce fut un net mécontentement que j'ai ressenti quand Stankson m'a fait mon bilan anatomique. La morphine qui monopolise mes globules rouges me fait voir en technicolore.
C'est agaçant, quand même, je vais avoir l'autre nul collé au cul le reste de ma pseudo-cicatrisation pour m'aider à me déplacer. Il pue la mort, c'est un bonheur.
Suite à ma suppression corporelle locale, je me suis fait virer. Et j'ai eu en guise de cadeau de départ un seau de mon sang versé sur la tête, c'était pas drôle du tout.

Et l'hiver se pointe dans les rues. L'urine débordante des canivaux se fige et le vent emporte la vermine, qui hurle et se terre sous leurs tôles de misère. La puanteur prend froid.
Nous allons sur une période de famine, encore. D'ici peu, on verra les bêtes se faire courser, coller aux sol, et manger.
A mon grand desespoir, mes membres vont mieux, je peux bouger, à présent. J'ai pas eu de bol. Stankson reste collé à moi, encore et encore, comme un parasite. Dans des moments d'angoisse, j'ai peur qu'il se découpe une bonne pièce dans mon ventre.
Nous errons dans les longs couloirs moisis, le temps que les chasses à la chair cessent. Nos heures suintent du jus de pourriture et frappent sur nos maigres abdomens, de leurs griffes cinglantes.
Mon cher parasite est en mauvaise voie. J'ai passé des heures à le voir cracher du sang sur mes bottes, les yeux vides. J'ai commencé à gueuler quand il a voulu déféquer à coté de moi. La raclée qu'il s'est mangé l'a fait se confondre avec la morte fange du couloir.
Nous avons vu un type torturer une pauvre proie aujourd'hui, près des portes de la cave. C'était époustouflant. Nous n'avons pas pu tout voir, le gus est descendu en laissant la tête. Je n'avais rien mangé depuis des jours, et je pense que je n'aurais pas du me lever pour prendre ces petits gateaux noirs que la tête m'a proposé en tournant sur elle même. Je me suis sentie bizarre après. Je crois que je me suis évanouie, après m'être brièvement demandé pourquoi mon corps bougeait dans tous les sens.

Après un court instant de douleur, je vois Stankson descendre les marches de la cave vers moi. Le sol est tout recouvert de sang et de crachats, je serais prête à parier qu'il y a des gosses ici. J'entend des cris aigus plus loin, et je me sens aussi molle qu'un torchon souillé. Je servirai, peut être, pour un autre paumé, car le mien est parti. Il fait très chaud, je suis toujours allongée dans ma sueure, j'ai le corps comme un morceau de pus. Je tente de ramper un peu pour voir à quoi ressemble mon nouveau loft. Je tombe alors nez à nez avec un gosse. Tout de suite, mon anatomie visqueuse désagréable me parait nettement moins importante. La question maintenant est de savoir de quelle façon ce petit nain dégoutant va me manger. Je me fige alors, et je peux presque sentir mon fute en train de s'humidifier, mais pas trop, car il fait très chaud. La chose ne bouge pas, et me regarde fixement avec un air béat, c'est très irritant.
- Regarde ! C'EST TITI ! Mon chat TITI ! Tu veux jouer avec TITI ?
Le TITI en question était un cadavre de chat un peu vieillot qu'il tenait au bout d'une ficelle. Pour ma part, j'étais partie dans une sorte d'enchainement de spasmes nerveux. Tandis que le gosse commençait à danser avec son machin moisi, je crachai un peu de sang qu'il me restait au fond de la gorge, me sentant peu à peu comme un cafard qu'on aurait fait cramer. Justes des courtes visions, des jambes qui s'agitent dans ma direction, avant de sombrer à nouveau dans cet asphalte bouillant qui me tint lieu de convalescence.
En revenant à moi, encore, j'étais étalée à coté de cadavres de femmes nues, encore... Sauf que ça sentait drôlement bizarre. Et je n'arrivais pas à me concentrer avec tous ces râles étouffés. Et plus par bêtise qu'autre chose, j'allai dans ce passage sombre, attirée par les cris.
Il y a toujours cet air suintant qui traine dans les couloirs. Les égouts nous rendent les plus âcres relents de décomposition. Faut arrêter de déconner maintenant, et se casser de cette putain de cave. Tant pis pour mon autre, qu'il crève.

Je rampe vers la première ouverture dans les roches sales. Et je manque de me casser la gueule dans une des fosses remplies de corps en entrant. Une déchetterie humaine. Du purin de cadavre. Jamais senti une puanteur pareille. Ca grouille de vers là dedant, que des morceaux de chairs verdâtres entassés dans un putain de jus de décomposition. Je gerbe, je m'en fous partout. Le chemin pour arriver à l'autre bout est vraiment étroit, j'ai une bouillie de vers écrasés entre les doigts quand je rampe. Je gerbe encore. Ma bouche n'est plus qu'un trou béat duquel sortent de grosses giclées de sang et des restes d'insectes. J'avais bouffé des blattes tout à l'heure. Plus jamais j'écouterai les têtes qui tournent toutes seules...
Et puis j'y vois rien dans ce merdier, j'avance dans le tas sans savoir où je fous mes mains pleines d'asticots, j'ai juste pas envie de tomber sur les choses moisies. Et je recommence à avoir ces foutues hallucinations. Je peux presque voir dans la pénombre les membre pourris, vert et humides, leurs veines noires qui se raidissent, les ongles jaunes craquelés, se tendre en tremblant vers moi, et les vers qui se mettent à hurler et me manger la peau.
- PUTAIN !
Je dois me casser, sinon je vais crever là, comme la vermine.
Je sais pas comment, mais j'ai réussi à me soulever sur ma jambe valide contre un mur, et je me déplace vers la lumière. Quelle connerie j'avais pas encore fait. Complétement oublié que dans les caves, FAUT PAS aller vers la lumière si t'es pas des leurs, sinon tu crèves, mangé ou broyé, au choix. Et la lumière qui m'attire, c'est un feu. Avec une marmite. Et c'est pas du ragout de rat qu'il y a là dedant... Je m'écroule contre le mur pour pas être vue des deux monstres qui rodent autour de leur feu de joie, pas loin d'un tas de femmes éventrées, toutes des grosses crevasses. On leur a pris leurs foetus pour les faire cuire, évidemment.
Le plus gros des types tient une vilaine massue. Il est bâti comme un ogre, ce qu'il doit surement être. Les choses bougent encore. Ogre fit exploser les têtes. Il jubilait devant l'amas de chair gesticulante. Puis il alla à sa marmite, la démarche hésitante et les yeux mi-clos, rejoindre le petit nerveux qui est en train de s'agiter.
- Eh, EH ! Regarde là, y'en a un qui bouge encore !
- Je sais.
- Faut touiller sinon ça va attacher.
- JE SAIS !
Et il lui fout une putain de raclée qui le fait s'écrouler dans le feu. Ogre à l'air de vouloir déconner et en profite pour lui enfoncer des placentas dans cul. Il se marre, il a un rire de goret. J'aime pas. Je fais demi-tour.
- C'est-y pas une bien belle trouvaille ça ? J'avions pas vu d'la femelle quasi-entière depuis longtemps !
Et merde.
Je me suis encore fais choper. Putain, le pequenot de service, il fallait que ce soit pour moi. Je vais finir en morceaux sur un crochet, et à cette pensée, je panique. J'arrive à me débattre quand il bloque ses grosses mains moites sur mes épaules, mais ce fut bref. Il me prend à la gorge, je peux plus respirer. Il me traine dans les couloirs, et tout devient flou, je sens que ma tête va exploser. J'arrive plus à respirer. J'arrive plus à respirer. J'arrive plus...

- Eefffh...
Ah...
Aaaaah, putain... Mais quelle saloperie. Il pouvait très bien me tuer, mais non !
J'ai trois compagnons avec moi. Deux femmes, en train de chialer, qui me rappellent le jour où je me suis fait broyer la jambe. Je les hais dejà. Puis un squelette frais. Je l'apprécie plus, c'est le seul qui me foutra la paix pour le peu de temps que j'ai encore à supporter toutes ces conneries.
Et ça recommence. Femme 1 hurle. Très fort. Elle hurle qu'elle veut sortir. Ella a surement du se faire user, elle est à poil, du sang plein les cuisses. Des grosses cuisses, bourrées de cellulite. Je préfère arrêter d'emmerder mes yeux à la regarder et j'observe les alentours. On m'a foutu dans une cage, au fond de ce que j'appellerais une boucherie-charcuterie.
Crochets aux murs, corps qui pendent, cages dans le fond, tas de chair piqués de petits panneaux indiquant la nature anatomique des morceaux de barbaque. Ouais. Une foutue boucherie.
Le boucher qui m'a ramené, un bon gros gars bien gras et rougeau, crévindju, se fend d'un sourire dément en voyant le jeune futur steack, en promo sur son étalage, quand il reluque la beuglante ensanglantée.
Ce déchet me gonfle.
- Putain mais tu vas fermer TA SALE GUEULE !
Si j'avais pu, j'aurais foutu des baffes. Et on m'entend même pas. Puis deux blouses blanches se pointent dans la boucherie. Ils s'approchent de notre cage, je les reconnais. Ce sont eux qui m'ont torturé. Que le monde est petit et mesquin.
- Aah... On devient une bonne petite pute, hein ? On s'engage à se faire bouffer, hein ? Oh ma chère...
- Je baiserais bien, réplique l'autre.
- Ouais, ça vient, on prend d'abord notre casse-dalle.
Boucher fouille dans ses seaux de glace, et en sort des bouts de chair rose.
- Des patés de vagin mes amis ? Ils sont tendres, pris pendant qu'elles avaient la chatte blindée de sang !
De mon coté, ça s'affolait. Beuglante s'arrachait les cordes vocales, et l'autre gémissait en remuant. Il lui manquait les yeux. Pas belle non plus, décidemment. Puis les chirurgiens s'approchent, et Boucher ouvre la cage. Si ils pensent qu'ils vont prendre leur pied en me fourrant, je vais me marrer.
Le premier attrappe l'Aveugle et enfonce sa queue dans l'une des orifices oculaire. Elle hurle. Le mec aussi. Tous ces hurlements, ça me fait tourner la tête... Le deuxième me fait tourner intégralement, et je m'explose le nez contre le sol. Je sens qu'il arrache mon fute, et que la grande marrade va commencer. J'ai toujours été aussi sèche qu'une croute d'eczéma. Chirurgien s'agite comme un furet en rut derrière mon cul, et commence à forcer, en vain. Il pousse tellement fort que je vais me cogner contre les barreaux, ça me sonne un peu.
- Bordel... Elle est serrée cette pute !
- Eh ben quoi...
- J'arrive pas !
Boucher et l'autre blouse blanche hurlent de rire. Pas lui. Et ça l'a mit en rogne.
- Aah sale grognasse !
Boucher avait une barre de metal aiguisée qu'il utilisait pour embrocher les poulardes un peu trop nerveuses. Chirurigen s'en empara, et me donna un grand coup sur les reins. Je morfle, pour cette fois. Une putain d'horrible douleur.
Je me flanquais sur le coté, le cul toujours à l'air, le dos bousillé. l'Aveugle se faisait fourrer, et Beuglante payait pour moi. Elle se fit enculer fermement, puis Boucher lui planta le pic dans le trou et enfonca sur un bon mètre. Silence. Je morfle. Je respire rauque, mais je respire quand même.
Les deux types balançent leur foutre, et s'en vont, la queue pendue à l'air, les bras chargés de viande de chatte. Je me suis fait niquer.
Boucher se tourne vers notre cage, il est heureux à en bander, l'enculé.
- Vous êtes toutes un gros tas de chouettes escalopes !

Je me réveille, il fait noir, pas de buit. Beuglante est toujours à coté de moi, fourrée par cette barre qui lui traverse son gros corps gras. L'Aveugle traine par terre, et gémit. Elle n'a plus que du hachis à la place de la tronche, ça la rend moins laide. Et mon pôte squelette a pas bougé. Il est vraiment chouette.
Boucher est parti, mais la porte de la cage est fermée. Dans un stupide élan instinctif, je me jète comme je peux sur les barreaux, ça fait un raffut pas possible. Et je cogne, je cogne comme une dingue. Je suis dingue. Beuglante lève la tête et me hurle que je suis dingue. T'es sonnée ma fille.
Avec le boucan que je fais, ça m'étonnerait pas de voir débarquer du bouffeur de vagin.
Pour sur, ça doit être vraiment dégueulasse.