Domino 9 : Ludivine, élève studieuse

Le 20/06/2006
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par Aelez
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Dossiers / Domino
Retour arrière pour la série Domino, Aelez repart du tout premier épisode et utilise le personnage de Ludivine, une élève du professeur Fulbert. Le rôle de bonne élève est bien assumé, dans ce texte à la fois nerveux, pas con et un poil ado. L'arbre de la colère continue de se ramifier à n'en plus finir. Bon texte.
Ta gueule.
Ta gueule.
Mais ta gueule, putain.
Vraiment, c’est pas le jour. Si tu allonges encore une remarque sur la façon dont ce mec passe le balai je t’éclates les dents. En fait si tu as l’audace d’émettre encore un son après le point final de ta putain de phrase, tes de gencives auront très probablement l’opportunité d’estimer elles-mêmes la propreté du saint dallage de ton putain d’hémicycle déambulatoire du XIIIème siècle.
Amen.

-… noble instrument. Les chiffons ordinaires l’adorent, parc…
-MAIS FERMEZ-LA, BORDEL !
-…Ludivine !
-Arrêtez de me parler. Stop. N’allez pas croire que vous comptez un tant soit peu pour moi. A titre d’information, je vous signale que vous faites partie de mon entourage-bienséant, celui qui m’est purement utilitaire. Je vous prierais donc de bien vouloir clore prestement votre pauvre gueule de dévote frustrée.

Hé ouais, t’as cru que je logeais dans ton couvent de merde pour rentrer dans les ordres ? C’est dommage. Sache que si j’avais les moyens, j’aurais un charmant deux-pièces dans le quinzième et je shooterais dans les caniches au lieu d’aller les promener pour la thune. Et surtout, je ne serais pas scolarisée en zep, là où des connards comme Fulb s’essayent à briser mes rêves de suprématie politique et morale par l’exhibition outrancière et persistante de leur médiocrité.

-Heu… tu ne te sens pas bien ? Ah, tu dois nous couver quelque chose, assurément…
-Je vais on ne peut mieux, merci.
-Beuh, mais… Bais tu… tu as toujours été si gentille, tu dois être…
-Gentille ? Ouais, gentille, bordel. Tu sais ce que c’est la gentillesse ? C’est prendre ton mal en patience en attendant le moment ultime où ton aménité feinte et sournoise t’aura hissé bien haut. Assez haut pour pouvoir prendre suffisamment d’élan et retomber sur la gueule de ceux qui t’horripilent en leur trashant ce qui leur reste de cerveau pour des semaines. En une phrase. Par simple plaisir.

Eh. Fais gaffe. Tu vires au vert.

-Dieu te pardonnes ! Je prierai pour le salut de ton âme.
-Tu vois, ÇA, ça m’horripile. Je suis en passe de pas trop mal réussir, toute seule, en étant partie de pas grand-chose, alors tes allégories divinatoires tu te les gardes. Je vomis celui qui se crée des idoles juste pour se rassurer et pouvoir se complaire dans sa médiocrité.
-Ludivine !
-Ouais Ludivine. J’ai un nom de pute. Tu croyais quand même pas que j’allais devenir pieuse et honnête ?