D75

Le 07/07/2006
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par Invisible
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Thèmes / Débile / Disjoncte
Ce texte, ça rssemble à une blague de Toto. Tout y est raconté comme dans une blague : des phrases courtes, pas de descriptions, des accents imités. Mafieux de compétition contre bouseux consanguins, tous les élements sont réunis pour faire une putain de bonne blague. Sauf qu'il manque la chute, bordel.
"Patron, je crois qu'on est en panne.
- Merde.
"Y'a rien ici, tu pouvais pas trouver un endroit encore plus paumé ?!
- Ben désolé patron, pourtant elle sort de chez le garagiste.
- Si je le chope, celui-là, je lui coupe un deuxième doigt.

Ca faisait déjà plusieurs kilomètres que la fumée sortait du capot. Ils devaient aller voir ce mec pour parler affaires, poudre et filles. Depuis un moment déjà, Joey — en vrai il s'appelait José, mais fallait l'appeler Joey — voulait étendre ses activités à la ville voisine. Il avait pris contact et ramené un peu de poudre pour prouver sa bonne foi, et là tout allait être foutu par terre à cause de cette saloperie de BM.

"Va falloir pousser patron.
- Ben qu'est-ce que t'attends ? Tu veux pas que je descende quand même ?

Harry — en vrai il s'appelait Hubert mais fallait l'appeler Harry — était l'homme de main de Joey depuis plusieurs années déjà. Avant il était boxeur catégorie mi-lourds, mais depuis qu'il s'était fait peter une rotule par un caïd qui voulait qu'il se couche, il pouvait plus boxer, il assurait plus sur un ring.

"Regardez patron, y'a un cul-terreux là bas.
- J'arrive.
Un type se tient là sur le côté de la route, il ressemble à une version barbue de Charles Ingalls.
"Bonjour mon brave, est-ce qu'il y'aurait une ville dans le coin où nous pourrions faire reparer notre voiture ?
Le type n'a pas l'air de comprendre, alors Joey se lance dans une série de gestes accompagnés de mots censés l'aider.
"Voiture.........Panne.........Village ?
- Eul'villache pus lon su eul'quémin, finit-il par répondre.
Joey, dépité, se tourne vers Harry.
"Attendez patron, je crois qu'il a dit que le village était plus loin sur le chemin.
- Depuis quand tu parles cul-terreux ?
Harry hausse les épaules.

Le village semble bloqué à une autre époque, les rues ne sont pas goudronnées, et les habitants observent Harry et Joey.
"C'est vraiment le fond du trou du cul du monde ici.
- Par contre ils ont des voitures pas mal, z'avez vu patron ?
- Ah ouais, on devrait pouvoir trouver un garage alors.
- Pou vô carret', c't'al aute bout d'eul'villache,
- Ouais, c'est ça ouais...
- J'vais avec lui patron, histoire de surveiller.
- Moi faut que je trouve un endroit où me reposer.
- Eul'auberche qu'est nin lon, al'mitant d'eul'villache.
- Je crois qu'il a dit que l'auberge était au milieu du village, par là.

Après s'être reposé, Joey s'adonne à son exercice favori : essayer de ressembler à Robert de Niro :
"You're talkin' to me ? Well, I'm the only one here. Who do the fuck do you think you're talking to ?, fait-il en regardant son reflet dans la vitre de sa chambre, la machoire serrée.
Il s'arrête un moment après avoir remarqué une voiture garée dehors : marrant ; ce spoiler, ces vitres fumées à l'arrière, cette peinture jaune, ces retroviseurs chromés, ces stickers "Evil tuning", ces dès accrochés au retro, ces jantes alu ; cette Renault 5 lui rappelle la caisse d'Aldo le dingue.
Aldo le dingue — en vrai il s'appelait Albert mais fallait l'appeler Aldo le dingue — bossait pour le frère de Joey mais il avait disparu y'a quelques mois en allant voir sa famille dans la ville voisine, on a jamais su ce qui...
"Merde, Harry. Merde ! La poudre !

Il sort discrètement et se dirige vers le garage d'où viennent des éclats de voix.
Harry est là, à terre, encore vivant, le ventre ouvert.
Son intestin, à moitié sorti, est en train d'être bouffé par un vieillard qui le mache laborieusement.
"J'amerais ben n'avor m'in part !, gueule l'un des types qui fait la queue.
- Rapage-ti, en'aura pou tout l'monte, c't'un biau bestiau !, lui répond le Ingalls barbu.
Joey met sa main devant la bouche pour s'empecher de vomir en voyant le vieux sucer l'intestin de Harry, lequel semble incapable d'emettre un son malgré la douleur qui se lit sur son visage.
Il doit récuperer sa poudre.
Des pas derrière lui.
Il sort son 9mm en se retournant brusquement. Ils sont une dizaine, armés de fourches.
"Arlache t'in arme !, dit l'un d'eux.
Joey tire dans le tas en reculant, semant la panique.
"Attintion, i s'éccape !
Ils sont tous derrière lui maintenant, il court aussi vite qu'il peut à travers la forêt.
Le sol se dérobe sous ses pieds. Il tombe et se retrouve transpercé par un pieu.
"Argardez-le achteure din l'attrape !, ils le regardent en riant, rassemblés autour du piège.
- Tas.. de... bouseux de m..merde !, parvient-il a articuler en crachant un peu de sang.
- Déhuttez-le d'eul'trou, c'l'heure eud'minger !

Joey se retrouve accroché, les jambes au dessus d'un feu. Une fois cuites, les bouseux commencent a se découper leur part. Et ils remontent son corps, chacun prélevant une parcelle de Joey, jusqu'à ce que les insultes cessent de pleuvoir, et même après.

Ils auraient pas dû prendre la D75.