Autopsychanéthylique

Le 10/10/2002
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par Scorbut
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Thèmes / Débile / Divers
Aujourd'hui, Scorbut est tellement bourré qu'il se met à s'interroger sur lui-même et sur plein de sujets futiles comme par exemple la mort. Marrant quand même bien sûr.
Avertissement : Vous entrez dans un article à caractère sérieux, merci de vous essuyer les pieds et d’éviter d‘esquisser le moindre sourire sous peine de pétage de tronche en règle !
Préambule :

Vous est-il déjà arrivé de profiter d’une nuit de débauche pour chercher frénétiquement la vérité au fond d’une bouteille carrée ?
Avez-vous commencé par sentir une douce chaleur envahir votre corps ?
Avez vous pu tenir trois conversations en même temps en étant persuadé d’être brillant, plein d’esprit, irrésistible, … ?
…Et juste avant de vous affaler comme un petit étron tout mou dans un canapé miteux, n’avez-vous pas été grisé par la puissance de votre cerveau ?

Pathétiques nuits de vérité aux lendemains qui résonnent … petits matins blêmes ou le temps est arrêté dans votre corps alors que dehors, de l’autre coté des rétines, tout va vite, beaucoup trop vite …



Il est 11 heures, encore un bon vieux réveil douloureux, le genre de réveil qui dit « c’est terminé cette fois j’arrête de boire à tout jamais … à tout jamais … », le genre de réveil à la « Tambours du Bronx dans ta tête », sûrement une réaction du corps qui met les bouchées double pour irriguer ma carcasse inhabitée … aïe … pas penser, pas penser !
De toute façon, je suis dans l’incapacité de faire fonctionner ce pauvre cerveau anorexique, lavé de la plus petite once d’intelligence par un savant mélange alcool saucisse-purée de la veille.
Je tends fébrilement la main vers le pot de café … je fais couler l’eau … maintenant que j’ai la tête calée entre mes deux mains, je peux enfin profiter d‘un des moments les plus agréables depuis ma sortie au forceps de la couette … regarder les gouttes de liquide brun tomber lentement en créant des ondes parfaitement symétriques au fond du réceptacle en verre.

- « Tonton … Tonton … c’est quoi la mort ? Hein ?! … C’est quoi la mort ? »
* Nooooooon, pas ce matin, non pas ce matin

- « La mort c’est … » … « la mort ???? »
* Un vieux cours de catéchisme, une bible, un hachoir, vite, vite

- « La mort, c’est quand tu montes au ciel ! »
* Arghhhhhh !! Ca fait mal à l’agnostique, mais pour une petite fille de 3 ans, quand même … lui parler des chairs putrides, des lambeaux de peaux, … de Pan pan, son petit Lapin retourné chez ses parents en Amazonie en passant par le four de la cuisine !

* Ouf, silence de retour, plus de danger à l’horizon …

- « Même pas vrai Parrain ! »
* Mon dieu, le retour de la colère divine … le deuxième monstre de 3 ans

- « La mort, c’est quand tu te fais écraser par un gros camion ! »
* Gasp !!!!! Ca fait trop longtemps que je ne suis pas allé à la messe moi !

Je regarde s’éloigner les deux têtes blondes, en priant qu’elles ne reviennent jamais et trouve quand même la force d’admirer cette candeur et cette capacité à s’émerveiller des choses.



Comment ai-je pu toutes ces années perdre cette naïveté, cette fraîcheur ?
Pourquoi n’ai-je pas su garder cette capacité à m’enflammer pour les questions les plus graves comme « pourquoi les coccinelles sont à Bon Dieu », aux questions les plus futiles comme « c’est quoi un génocide » ?

Et si tout simplement, l’agressivité du monde moderne, la profusion de bruits, d’odeurs, de couleurs, avait obligé mon cerveau et mes sens à se forger des filtres pour éviter d’êtres saturés et ainsi pouvoir continuer à aller à l’essentiel !

Et si, comme le docteur David Banner qui se transforme en Hulk quand il est bombardé de rayon Gamma, j’avais tendance à me transformer en con quand je suis bombardé de stimuli sensoriels !

Et si le vrai monde était celui du fond de la bouteille carrée, qui me serait accessible uniquement lorsque l’alcool fait tomber les filtres et les barrières ! Je vais d’ailleurs immédiatement me servir un verre et me rouler nu dans l’herbe !

Et si tout simplement, la société avait réussi à faire de moi ce que je répugne le plus, un être de raison, focalisé sur les notions de confort et de porte-monnaie, un être aveugle et aigri !



Prologue :

Au moment même ou j’aligne les derniers mots de ce texte, je caresse langoureusement un vieux chewing-gum que j’ai collé sous mon bureau il y a quelques mois … et je n’ai pas honte de dire : cela me procure un bonheur intense !

Alors amis lecteurs, je n’ai qu’un conseil à vous donner, ouvrez les yeux sur les petits bonheurs du monde, émerveillez-vous de tout, jouissez, faites sortir l’enfant qui sommeille-en vous …

Un monde de grands enfants … un monde de nonchalance … un monde de douceur … un monde où j’aimerai vivre puisque je ne suis pas une mouche et donc qu’il n’y a aucun risque que je me fasse arracher les ailes … « juste pour voir ce que ça fait » … bande de jeunes couillons va !



Sources :

« La recherche de la vérité est une longue quête qu’il vaut mieux parcourir en Scooter qu’en caisse à savon et fer à repasser » - Extrait d’une intervention anonyme au congrès « Cul de jattes lève toi » Erevan, Roumanie, 1980

« Au royaume des aveugles, les Labradors sont rois » - Citation de « René », le bar du marché, Marigny le Caouet, 2001

« Je ne sais pas si l’Homme trouvera un jour la vérité mais une chose est sûre c’est qu’il a été créé pour me faire chier » - Extrait de « Qu’il est con ce Scorbut », auteur anonyme, publié ce jour à titre posthume