Balistique (crash mix)

Le 26/07/2006
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par Simili
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Dossiers / Remix
Ce texte est bien éloigné de son modèle qui, rappelons-le, mettait en scène un sniper isolé en pleine frénésie meurtrière. Le lien avec cette histoire de motard, c'est l'étrange relation intime de l'homme avec la machine, fusil ou moto. Hormis ça, ça n'a rien à voir, cette version enrobe quelques réflexions intéressantes dans pas mal de passages confus et lourdingues au possible.
[ remix de Balistique de Narak ]
Ces enfoirés ont récidivés, leur nouveau projet de loi est passé.
Désormais, pour limiter le nombre de tués , nous n'aurons plus le droit que de rouler qu'à 80km/h maximum sur routes, et non à 90. Le ministère prévoit une baisse des tués de 15%.
Cette fois c'en est trop, ils viennent de s'en prendre à mon dernier jouet.

J'en ai assez de devoir me satisfaire de ce que l'on me propose, j'en ai assez de consommer pour avoir une satisfaction immédiate, j'en ai assez de cette vie pratique codifiée.
Ils ont commencés dès l'école. On nous a classé dans des rangs, tu es bon en maths, tu es bon en francais, tu iras là, tu pourrais faire ca, ceci serait bien pour toi.
Mais qu'est ce qu'ils croient? Que parce qu'ils ont vécus les mêmes épreuves que moi avant ils savent comment ca va se passer? Ils osent prétendre que je suis comme eux? Que nous sommes tous pareil?
J'en ai assez de ces conneries de psychanalistes. je ne suis pas un homme avec des réflexes conditionnés, je suis une façon de penser vierge qui ne demande qu'à s'instruire, pas à emmagasiner. A quoi me serviront leurs conneries? A avoir des bonnes notes pour intégrer une bonne classe préparatoire, puis une grande école, avant de devenir cadre et de pouvoir satisfaire tous les besoins de ma famille?
Et si j'ai pas envie d'avoir une famille? Si je veux juste vivre pour moi, apprendre ce qu'est la vie, toucher les limites pour pouvoir enfin savoir quelquechose?

Je ne demande pas de découvrir un nouveau continent où d'aller sur une autre planéte. Non ca prouverait juste une chose, que je me sens attaché à cette terre et que je veux en partir pour impressioner ceux d'ici. J'en ai rien à foutre de ces conneries, la vie m'a placée là, je ferais avec.
Laissez moi toucher la ligne, laissez moi orienter toute ma pensée dans une seule oeuvre. Je veux une seule chose, toucher la ligne.
Je veux monter tard dans la nuit, m'élancer à travers la ville, naviguer parmis les grandes-rues et les boulevards, sentir mon carter froler des trottoirs, esquiver les rats qui fouillent les poubelles. Je veux sortir des quartiers pavillonaires pour m'élancer sur le périphérique, prendre les boucles à 160 kilométres à l'heure, sortir des grandes routes pour m'élancer sur les petites, rétrogradant pour éviter de me tuer au premier virage.
Mais toujours si vite, toujours à cette allure qui fait que je n'ai pas le droit à l'erreur.
Toujours concentré sur une seule chose, la liaison que j'ai avec elle, je veux sentir le vent qui fouette mes yeux, fais couler les larmes, je rate, je meurs.
La dernière fois vous m'avez attrapés, jugement, on m'a retiré ma moto, une Triumph Thruxton. Encore une fois vous avez essayé d'oeuvrer dans un sens, me convaincre.
"Allez sur un circuit!" Sur un circuit? Avec une merde japonaise? Ce machin sorti d'une usine que tout le monde peut utiliser?
Non, ma machine est anglaise, elle est inconfortable, le moteur ronronne si fort que j'en vibre vraiment. Si je l'aime c'est parce qu'elle ne s'est pas prostituée, elle n'a aucun rangement. Je n'aménerais aucun enfant à l'école avec, je n'irais pas acheter du pain, je n'irais pas au bar avec, je ne peux pas transporter un anti-vol.
Elle signifie quelquechose, quand tout à une fonction, elle est un moyen.

Nous ne nous comprendrons jamais, devant le nombre je vais m'éclipser, j'irais ce soir une dernière fois toucher la ligne, puis je m'installerais en haut de cet immeuble.