A la recherche du nouvel auteur maudit 1

Le 27/07/2006
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par Zone Inc.
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Thèmes / Communauté / Initiatives
Enfin sur ce site une initiative intéressante, conviviale et entraînante : il s'agit, pour les participants, de pondre un texte sur un thème donné en un temps limité d'environ deux heures. Hélas pour la crédibilité naissante de ce nouveau concours, c'est Lapinchien qui imposait le thème. Comme de juste, s'ensuit une avalanche de stupidité semi-inspirée.
Principe - en deux heures, les concurrents doivent rendre un texte sur le thème imposé par Lapinchien :
"Problèmes existentiels d'un bonhomme à colorier."
Narak :

Lorsque j’ai repris conscience mon corps avait été modifié.
J’ignore par quel moyen, mais le résultat était proprement terrifiant, bien qu’il me semble malvenu d’utiliser ce mot pour décrire cette sensation de viol et de dégoût que j’ai ressenti à ce moment précis, car comme tout narrateur doit le savoir, mettre un adjectif sur un sentiment éprouvé par un personnage est une façon risquée de tenter un rapprochement d’identification mentale du lecteur à ce personnage. Mais la situation justifie l’emploi d’un tel adjectif.
Terrifiant.
Lorsque votre corps se réveille, marbré de couleurs plus qu’improbables, vidés de ses organes, de son squelette, et étendu douloureusement sur une surface blanche, cliniquement blanche, comme le résultat grotesque d’une expérience interdite, que pouvez vous bien ressentir à par de la terreur ? Cette peur violente, muette et sourde qui vous bloque, les yeux écarquillés sur le sol.
Est-ce bien mon corps ? Cet amas violacé comme griffé d’un milliard de griffures est t’il bien mon ventre ? Ce visage orange, balafré de rose, ces lignes pailletées vertes qui s’étendent bien au-delà de mes jambes comme des jets de sang brillants, est-ce bien ça ce que je suis devenu ?
Mon corps est vide et plat. Bien qu’il me semble qu’il l’ait toujours été.
Peut-être que j’ai toujours été ainsi, je veux dire, prisonnier dans un corps vide qui n’a pas été créé par autrui. Je suis un rejeton difforme avec un visage nécrosé jaune fluorescent.
Mon corps ne me correspond plus, car il n’a peut-être jamais correspondu à ce que j’étais.
Mais si ce corps n’est pas le mien, suis-je vraiment moi-même, dans le sens ou je ne suis peut-être pas non plus ce que je devrais être.
Terrifiant.
Je suis une abomination ! Je ne dois pas exister ! Je suis rose avec d’horrible tâches turquoises sur la moitié de la tête ! Bordel de merde ! Je veux pleurer des larmes écarlates et hurler mais ma bouche à disparue ! Je tente de me débattre. Au loin je vois un scalpel luisant de sang qui s’approche pour me trépaner et transpercer mon cerveau et je JAUNE C’EST JAUNE TELLEMENT JAUNE ! LE JAUNE POURQUOI MANGER BLATTES SOLEIL SPHINX BULGARE !!!

Invisible

Ne dépasse pas petit enculé !

Pourquoi ?
Mon Dieu pourquoi ?
Pourquoi le Journal de Mickey ?
Moi qui aurais pu être la Joconde, au lieu de ça j'ai droit au spécial été du Journal de Mickey dans le rôle de Riri ; de la vulgaire chair à crayons. J'aurais pu être sur un tableau de David, il en a tellement fait ce bâtard... Même en tant que figurant, quoi...
Les yeux en violet, mais ce petit con doit être daltonien, c'est pas possible !
J'ai raté ma vie...
"Oh tu veux pas la fermer deux secondes ?
- T'as rien à me dire Pluto ! T'es qu'un putain de clebard ; colorié en bleu qui plus est.
- Ouais bah moi au moins on ma pas dessiné de bite sur le ventre.
- Hein ? Quelle bi... Bordel de merde ! J'vais me le faire !
- C'est ça ; tu comptes lui sectionner la carotide avec la tranche de la page ou le planter avec ses crayons mal taillés ?
- Pas encore décidé. D'ailleurs il se barre. Me voilà inachevé. J'ai vraiment tout raté.
- Je ne te le fais pas dire.
- Tuez-moi...
- Ce serait avec plaisir, mais j'aime bien voir ta gueule rendue difforme par l'autre débile.

A partir de là, ma vie ne fut plus que souffrance. Donald, qui ne se sentait plus pisser depuis qu'il était en couv., se gaussait de nous quotidiennement. Tout cela n'avait plus aucun sens.
Puis vint enfin l'incinération. Entendre Donald gueuler dévoré par les flammes fut mon dernier plaisir, enfin avant-dernier plutôt, car Pluto (justement), m'a grandement réconforté en geignant durant sa crémation. Le feu commença a s'intéresser à ma page et je me laissai peu à peu consumer par le brasier closant définitivement cette vie minable.

Ariankh

Se faire colorier, c'est pas une vie.

Qu'on m'enduise de différents graphites additionnés de pigments, pourquoi pas. Ca gratouille lors de l'application, ca déchire quelques fibres de mon essentiel support, mais c'est tolérable. Que tout ceci soit fait dans l'optique de changer les ondes que je reflète, pourquoi pas. Tant que vous modifiez pas mon intégrité structurelle, ou que vous me faites pas de moustaches, vous pouvez vous amuser.
Quoique, a la réflexion, moi, petit bout de papier coincé entre... (pas de bite non plus, tiens)... les bandes dessinées et la nécrologie, j'ai au moins le devoir d'être une jonction correcte. J'ai vendu mon âme pour être cloné a des milliers d'exemplaires, faites en bon usage.
Et ne me dessinez pas de lunettes.
En fait, il me faudrait être un mix entre un clown joyeux (pour correspondre aux strips coloré de Garfield) et un croque mort pour la nécro. Et Madame Robert ne supportera guère plus que je me fringue en rouge pétant avec des chaussures en plastiques qui font coin coin que Odie, non pas Odie il s'en fout, que Jon ne supportera que je pourrisse ses gags avec un costume noir trois pièces.
Et quand Garfield fait des blagues nécrophiles, ben c'est moins facile encore.
Quelle vie de merde, j'aurais préféré être sur un vrai bouquin de coloriage, mais l'aut Michel a tête de poisson (Michou pour les intimes, c'est a dire les vierges pas très farouches) a décrété que mon âme était trop partie a la pêche de son vivant, et avait souillé trop de berges avant que je me marie (erreurs d'interprétations, les apôtres étaient durs d'oreille) pour mériter un repos éternel, j'ai donc été mis au purgatoire. Et depuis je me fais gribouiller a chaque édition.

La prochaine fois je mangerais de la viande.

Winteria

Ce matin, j'aurais voulu rester habillé un peu plus longtemps. Eh bien, non.

Il est là, déjà. Penché sur moi, sa langue dépassant légérement à la comissure de ses lèvres, avec son petit regard appliqué. Celui qu'il arbore faussement, comme pour me mettre en confiance.

Non pas que ça n'ait jamais été agréable. Son crayon grattant lentement chaque parcelle de mon corps, le bruit de la mine sur ma peau fine et fragile, le regard doux et amical qu'il posait sur moi, mon ami, mon camarade. Il aimait à me faire bleu, à me faire rouge, à me faire jaune. À m'habiller au rythme du mouvement de sa main, à tenir trois crayons à la fois et à faire de mon être tout entier un arc-de-ciel de couleurs habituellement inassociables. Je dois l'avouer, je l'aimais. Il me respectait avec tant de rigueur, en suivant des yeux les lignes de mon corps qu'il ne dépassait jamais, que j'aurais cru possible que cela puisse durer pour l'éternité.

Hier soir, il faisait chaud. Je voulais dormir nu. Eh bien, non.
L'autre jour, je voulais me reposer un peu, pour une fois. Eh bien, non.
Il y a longtemps, j'aurais voulu manger, une seule fois. Eh bien, non.

Il est là, déjà. Sa tête me fait de l'ombre, tandis que je sens la mine rose sur ma jambe. Mais que fait-il, encore ? Comment vais-je me retrouver, cette fois ? Pantalon rose, c'est ça, n'est-ce pas ? Et que vas-tu faire pour mon pull-over ? Mais est-ce seulement un pull-over, cette fois ? Non ? Un tee-shirt. Soit. Va pour un tee-shirt. Ce n'est pas comme si j'avais le choix.

Et lorsqu'il a fini, il efface ses créations. Il gomme mes vêtements, parfois devant tous ses amis, qui me dévisagent en riant. Il m'humilie publiquement. Il me déshabille tant qu'il le veut.

Où es-tu, toi qui m'aimais ? N'étais-je pas autre chose qu'un vulgaire bout de papier, autre chose qu'un sourire figé sur un visage stupide, autre chose qu'un objet de plaisanterie, un corps exagérément proportionné, à tes yeux ? Avant ?

J'aurais souhaité avoir une moustache.
J'aurais aimé avoir une femme.
Les aurais-tu créés pour moi ?

Tu en as pris conscience, finalement. Tu as découvert que je restais ainsi, immobile, durant des heures, des jours, des années. Pour toujours. À afficher mon maudit sourire, toujours. Les bras, les jambes tendus. Toujours. Si j'étais comme toi, humain, pourrais-je seulement tenir debout ?

Petit Dieu, fais moi des chaussures carrés.
Petit Dieu, offre moi des cheveux rouges.
Petit Dieu, dessine-moi deux dents de lapin. Comme tu aimes à les nommer.

Tu l'as vu, que je n'étais là que pour toi, ton esclave. L'objet de ton éveil. Tu m'as regardé, un jour, de tes grands yeux encore innocents, tu m'as regardé étonné, puis tu m'as gribouillé en rigolant. Tu m'as caché sous une multitude de traits colorés, quelque chose d'invraisemblable, d'incompréhensible. Tu l'as vu. J'étais à ta mercie.

De quelles couleurs sont mes yeux, aujourd'hui ?
Pourquoi omettre de me dessiner un pantalon ?

Il est là, déjà. Son crayon à la bouche, il me fixe silencieusement. Que se passe-t-il ?
Aime-moi, moi et mes grosses pomettes rouges.
Aime-moi, moi et mon front ridé.
Aime-moi, moi sans sourcil.
Moi ce que tu veux.

J'aimerais crier, te hurler d'arrêter. Tu troues le papier avec une application presque sadique, celle que tu as depuis ce jour-là. J'en ai encore les marques. Violettes, marrons, vertes, enfoncées au plus profond du papier.

Ne déchire pas. Regarde, regarde mon visage. Ne te fie pas au sourire candide. J'ai encore besoin de toi.

Il perce mes yeux, doucement, puis crève le papier au coin de mes lèvres faites d'encre indélébile, et le déchire, toujours avec la mine, en suivant la ligne courbe de mon sourire. Mon sourire, toujours.

Et toujours.
Et toujours.
Et toujours.

nihil

Où que je regarde, le monde est vide, et blanc, et sans saveur. Ce que je qualifie de monde se limite en l'occurrence à une pauvre cellule dans laquelle se vautre mon ennui à longueur de journées et de nuits inutiles. Mais même quand quelque nécessité impérieuse me contraint à sortir, je me retrouve confronté au même syndrôme. De vastes plaines livides, des villes arasées et des forêts infertiles, mille décors évidés de leur substance. Et des humains exsangues qui hantent les lieux et qui ne me semblent rien avoir de commun avec des êtres vivants. Tout comme moi. Rien n'a de goût, rien n'a de charme, rien n'a de sens.
C'est le résumé de ma vie, de notre vie, une existence blanchâtre, primaire et sans contours fermes.
Je ne veux rien, je n'ai envie de rien, je ne veux rien.
Je préfererais mille fois être mort, plongé dans le néant, que subir ce lamentable ersatz de vie. Les jours s'allongent au delà du raisonnable, se dilatent sans proportions, et je suis pris dans une nasse de temps enlisé, perdu dans une dimension où rien ne change jamais.
C'est comme une affection qui me fait voir mon univers clos comme infiniment terne, et mon être comme figé et sans véritable relief. Tableau : moi, confiné, effondré sur un canapé, oscillant au rythme d'une mélopée tenace qui ne s'arrête jamais. Vidéo mise en pause. Immobile depuis toujours, j'attends, j'attends. J'attends mon injection, j'espère qu'elle viendra vite maintenant, je n'en peux plus de toute cette blancheur mortelle, cette médiocrité imbuvable. Immobile, coincé dans mon deux-pièces cubique, ma vie entière ne tient qu'à cette injection, celle qui me rendra ma dignité d'homme, qui fera courrir la vie dans ma carcasse anéantie de fatigue et de douleur accumulée.

Ca y est, ça vient. Oui, je sens que ça vient, c'est bon... C'est bon ! Le monde s'emplit, peu à peu. Les murs se parent de teintes d'abord floues, translucides, puis de plus en plus précises. La profondeur renaît, le relief renaît, jaillit même, à grands traits chamarrés.
Et je m'emplis de substance comme un calice. La confiance revient, je sens l'ocre et le rouge se mêler en moi et faire palpiter mes artères. C'est un sang écarlate et brûlant qui se rue dans mes vaisseaux écrasés. Une énergie soudaine m'envahit et je me redresse, au comble du bonheur. Mes articulations encrassées jouent, de plus en plus facilement, et tout s'accélère. Je peux me lever, je peux courrir et exister. Je suis monté dans un train fantôme extatique, un grand huit vertigineux qui me noie de perceptions brutes et jouissives. Les visions se succèdent à grande vitesse et je nage en plein bonheur. C'était si facile ! Je ne parviens même plus à comprendre dans quelle réalité morne et détrempée je me terrais il y a quelques minutes encore. Les couches se surajoutent pour remplir le vide, débordent allègrement, mêlent frénétiquement le bleu, le jaune, sans fin. Je suis comme foudroyé, incapable de saisir comment un monde jusqu'ici si vide a pu devenir si chatoyant et si débordant en si peu de temps. C'est une débauche de couleur ennivrante, de sensations extatiques, de vie foisonnante, au point que mon coeur manque de céder sous le poids d'une telle béatitude.

Et d'un coup, tout noircit. A grands traits rageurs, les subtiles nuances sont écrasées sous le poids désespérant d'une colère sans nom. Quelque chose a changé d'un coup, et la mort a repris ses droits. J'étais vivant, j'étais vivant ! Mais non, il a fallu que l'abus ruine ma santé mentale, et que tout ce qui m'entoure se drape d'un coup de noir et d'ombre. On m'écrase sous le poids de l'opacité, on me détruit. Les murs, les meubles, le décor même à l'extérieur, tout se fond dans une nuit bouillonnante dont je ne sortirai pas indemne. Je le sais, je le sens, l'onscurité se rue en moi, colonise mon sang. Je noircis et me racornit sous le pinceau hargneux d'un dieu dont je ne sais rien. Encore et encore, ça n'aura plus de fin, ce qui s'est enclenché ne saurait s'arrêter, mécanisme hors de contrôle. J'ai été contaminé par une maladie nécrosante dont on ne réchappe point. Voyez-moi, lépreux indigne, sous-homme, épave qui s'enfonce dans l'abîme, laminée.

Je n'ai pas de raison d'être, pas d'autre que celle de divertir une entité vengeresse qui s'amuse avec moi comme un gamin colérique. Je suis livré à sa vindicte puérile, torturé par son noir scalpel qui peu à peu brise mes os, délite mes chairs et m'enfonce mille pieds sous terre. Enfin, je m'en vais rejoindre les victimes du génocide. Tous unis dans la mort, sous cent kilomètres de cendre dense et opaque. Tout est noir, tout est noir, le monde a disparu dans la nuit des temps, et il n'y aura personne pour le regretter, pas même notre maître imbécile qui a condamné notre futile existence. Lui qui aurait pu faire de nous un peuple heureux, il a tout saccagé en quelques secondes, sans le moindre remords. Et déjà, il a tout oublié. Nous disparaissons.

Aka

Je pensais pourtant que je m’en sortirai. Enfin, s’en sortir, dans ma situation, c’est se contenter de ce que l’on a. C'est-à-dire une sale gueule. Un gros clown avec une marguerite de merde à la main, un sourire niais perpétuellement sur la face, on a vu plus sexy.
Mais y avait pire que mon cas et j’avais pas à me plaindre. Je restais malgré tout moi-même, et ce n’était pas le cas de tout le monde ici. Combien de fois, impuissant, j’avais assisté aux confessions de mes voisins, défigurés à jamais ? Et que dire de ceux que j’avais vus de mes yeux ! Même cet être exceptionnel de beauté que peut être La Princesse Sur Son Poney s’était retrouvée avec une bite entre les deux yeux. Et encore, je ne parle pas de ce que ces enfoirés avaient fait au poney. La seule chance qui subsistait pour elle était que ce crime avait été commis aux crayons de couleur. Un jour, peut-être, quelqu’un effacera ce sacrilège et apportera à cette douce jeune fille ce qu’elle a toujours voulu, du rose.
J’ai cru être peinard et je me suis trompé. Le calme avant la tempête. J’avais même cessé de faire des cauchemars ! Parce que tout au début, une fois les pages fermées, d’horribles scènes se formaient devant mes yeux. Une main inconnue décidait de m’imposer sa volonté à coups de feutres indélébiles. Mais qui était-il ce connard pour décider de ce que Moi j’étais ! A mon réveil, j’espérais secrètement que celui qui me ferait ça un jour achèverait son sale boulot en me déchirant la gueule pour me transformer en avion en papier. Comme ça je pourrai le tuer en m’enfonçant DANS SA GORGE A CE PUTAIN DE FILS DE PUTE…
Mais le temps s’est écoulé sans que rien de tout ceci n’arrive. J’avais la chance d’être en dernière page. Jamais personne ne va jusque là, surtout pour un putain de clown. Le livre de coloriage pourrissait depuis longtemps dans la caisse à jouets de mamie. J’allais mourir seul mais la tête haute. Jamais personne ne déciderait de ce que je suis.
Jusqu’à aujourd’hui. Ca a commencé par un cri atroce et suraigu : « PAPAAAAAAAAAAAAAAA ! J’VEUX MES POKEMOOOOOOOOOONNNNNS !!!! ». Puis une grande lumière. Un murmure : « putain de p’tit con ». Et l’air pur. Une voix : « On les a oublié à la maison tes machins là. Tiens finis le coloriage de Papa quand il était petit et arrête de chialer ». Et La Chose. Un Enfant. L’Ennemi. Celui qui imposera sa volonté sur mon être. Celui qui me façonnera selon son désir. Celui qui, de plus, me défigurera parce qu’il est même pas capable de colorier à l’intérieur des traits bordel de merde.
En cet instant tragique je ma prépare du mieux que je peux. J’essaye d’inscrire dans ma mémoire l’image de celui que je suis et que je ne serai plus désormais. Il faut faire face, tel est mon destin. Etre la représentation des fantasmes d’êtres inférieurs. Mais je resterai digne…



Voilà, il m’a fait mon nez en turquoise ce connard.

Lemon A

Le bonhomme de neige m'a cassé les couilles toute la journée. Ce sinistre couillon possede une carotte à la place du pif et probablement une lentille en guise de cerveau. Il se plaint que les enfants lui tapent dessus, qu'ils sont brutaux, qu'ils lui collent des beignes mais en vérité il adore se faire toucher par les mômes. Il pleurniche pour cacher son jeu le salaud. C'est un putain de pervers vous pouvez me croire docteur. Je peux pas sacquer ce tas de flocon pourri, avec son air ahurit et son balais à la con.

Mais bon, je dois dire docteur, je dois vous avouer que d'un certain point de vue ça m'a remonté le moral de l'entendre geindre. Voyez je me dis que finalement chacun voit midi à sa porte et qui ne connait pas le vrai malheur n'en est pas moins malheureux.

Ensuite, pendant la soirée j'ai bouffer avec le bonhomme en pain d'épice. Un vrai boulet celui là, ça m'étonne pas qu'il termine sa vie à la sortie des intestins. La superstar le bonhomme en pain d'épice, le roi du monde, il fait l'événement une fois par an et il se la raconte le reste du temps. Dire que je ne me rappelle même plus à quelle occasion on l'exhibe, il me débecte, il me rend malade avec sa vantardise minable et ses histoires débiles. Il m'a crâché des miettes dans la gueule pendant tout le repas.

Croyez pas que je vienne vous consulter par jalousie docteur. Ca me convient très bien d'être le bonhomme à colorier. Mais le bonhomme de neige il fond au soleil et le bonhomme en pain d'épice il fond sous la langue. Chaleur, humidité ; humidité chaleur. Vous connaissez la légende des bonhommes docteur ? Elle parle de la Bonne Femme et de sa grande chatte magique, la légende dit « mélange d'humidité et de chaleur ».

Moi je termine à la poubelle docteur. Vous pensez que c'est normal ?