Puèrile jaune

Le 09/08/2006
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par Donatien
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Thèmes / Obscur / Litanie
Ce genre de litanie à base de rimes et de jeux de mots, je faisais pareil quand j'avais treize ans et le résultat valait bien celui-ci. On ne peut nier que c'est bô, on dirait du MC Solaar (cerveau compris), la lecture est hypnotique et agréable, mais le procédé est facile, et le contenu, une sorte de bouillie sentimentale mâtinée de désespoir, ne rattrape rien.
    Emêchée certes, mais pas moche, juste amochée. Je bois ses paroles, elles me grisent, m'enivrent, assurent leur prise. Je m'envole, sans ailes, avec elle. Drôles d'oiseaux ivres qui se mènent en bateau, le sol tangue, les coeurs chavirent, les raisons s'effondrent, les corps s'abîment et sombrent.
    Je m'emmêle quand elle s'en mêle, je me lasse quand elle m'enlasse. Je la bouffe des yeux, et ravale des aveux. Car lorsqu'au pieu, au septième ciel, je ne pense ni à elle, ni à Dieu, mais ne rêve que d'adieux.

    L'humanité se dissout dans l'acide, la sainteté s'efface dans l'alcool.
    
    Les rêves se brisent comme du verre. Les passions idylliques coulent comme des pierres dans un océan éthylique. Toujours avoir une pelle pour les jugements sans appel, car les tombes se creusent avant qu'on y tombe. La vie s'altère et puis s'enterre.

    Prières bancales pour pierres tombales, chimères bandante, sincère et branlante.

    On s'embrasse et s'embrase, on virevolte, désinvolte, sur du 220 volts, branchés, et dans la main, un colt, chargé. On danse en silence, en corps à corps, en face à face, indécente décadence, on attend la descente, que tout s'efface.

    Une roulette russe en amoureux, finalement c'est un peu comme un dîner aux chandelles, mais en moins sexiste et plus copieux : il n'est pas indispensable d'avoir des couilles pour pouvoir payer, et il restera toujours de la viande dans l'assiette, quelque soit le calibre de son appétit. Mais au final, l'addition se solde par une soustraction. Attérant, puis enterré.

    Je crois dur comme fer que dans cette fête, ce n'est pas du mou mais du plomb que tu mets dans ma tête. Voilà qui devrait me plomber le moral, m'emmerder à mort, et me pourrir la vie... Fatigué et lassé de dancer, j'attend ta prochaine réplique. Sois créative! les cinq précèdentes n'ont pas trouvé oreille attentive. Il est temps que ça détonne, il est temps que je m'éclate.

    Ne pas appuyer sur la gachette serait vraiment du gachis. Je te presse dans mes bras, et tu presses la détente. Me voilà aux anges. Tu n'as pas l'air si contente C'est étrange. Pourtant cela n'a rien de dégradant, tu vas trouver ça dément, mais moi ça m'détend. Ton pistolet était blanc, je m'en rappelle encore, il se fondait dans ton décor. Du blanc, du vide, et du néant.

    Tu m'as vrillé les tympans, avec une arme chargé à blanc. C'était mignon mais un peu con... Tant de candeur me pousse à la rancoeur. C'est à mon tour de jouer, de tirer mon coup. J'compte bien en profiter. Les bons réglements de compte font les bons amis. Tu paraîs surprise, étonnée, bouleversée, tu connaissais pourtant les règles. Tu m'laisses perplexe... pour toi ce n'était donc qu'un jeu, et c'est ce qu'il restera de nous, le "je".