Domino 13 : Edouard Balladur

Le 22/08/2006
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par Abbé Pierre
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Dossiers / Domino
'Mes vannes font pitié ?' : cette phrase du texte reprend l'ensemble. J'aurais peine à résumer ce truc auquel je n'ai rien compris. Il me semble avoir décerné quelques trucs drôles, ou pas. C'est un texte de l'Abbé Pierre quoi. Le titre est bien... je crois. Oui moi aussi je vous aime.
Mais elle est complètement malade cette pauvre dame.
Elle me coupe la parole. J’en ai rien à péter de son fils, mais elle me coupe la parole, quand même. C’est juste que ça fait du bruit, dans un endroit public, un matin, de filer des coups de grolles à son gnome. Elle aurait pu le fumer, si ça non plus, c’était pas interdit. Y’a pas à dire, je fulmine grave, et en plus, je me prends une vieille lorsque le chauffeur pile. Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça, c’est pas ma faute, non je pouvais pas m’accrocher, non j’avais pas prévu, tu sais à qui tu t’adresses là, tu sais à qui tu t’adresses, saloperie de viande avariée ? A Edouard Balladur, oui Madame, Edouard Balladur. Comment ça vous savez pas qui c’est ? T’as attrapé alzimeir..alzihei..zaleimerh..la salmonellose ? Ouais, c’est ça, je raconte n’importe quoi, tu fermes ta gueule, c’est bon, je vous ai compris ! Non, je suis pas énervé, non. J’ai une grand-mère qui vous ressemble, je dois aller me la farcir la moitié de l’été à cause du plan anti-canicule et heureusement, il a flotté les trois derniers mois, ma baraque a été inondée et je vais transformer sa maison en squat. Et commence pas à me raconter ta vie, j’en ai rien à foutre.

Je descends du bus, faut que j’aille au boulot. Oh, putain. 9h23 et 42 secondes. 12 secondes de retard. Ma maladie des horaires me reprend, dès que je suis énervé. Et là, je suis vraiment énervé. 12 secondes, comment je vais faire pour que mon patron ne remarque rien ? Putain de gonzesse, aussi, c’est pas elle qui risquerait de se retrouver avec un blâme dans la tronche. En plus, tout le monde dans le bus a fait semblant de pas l’avoir vue, bien sûr, à retarder tout mon planning. Et personne non plus irait me défendre, c’est dangereux, les gonzesses avec des gosses, ça balance le môme sous le bus avant que celui-ci accélère, et tout ça pour te faire perdre quelques secondes. Les fourbes.

Je m’assoie à mon bureau, et y’a déjà le connard d’en face qui planque sa montre sous sa chemise, comme si il savait tout. Mon boss est dans le bureau à droite, en pleine réunion, rien que d’y penser, ça me fout les boules. Faut que je fasse taire cet enculé. D’ailleurs, pourquoi il me parle, lui ? Comment ça, j’ai une tête bizarre ce matin ? Je t’emmerde, toi, avec tes lunettes et ta coupe sponsorisée par les balais à chiottes. Ouais, t’as bien compris, je t’emmerde toi et ton job minable de cadre B. J’ai le même job que toi ? Ouais, peut-être, mais j’ai la vue sur l’extérieur, moi, et toi tu te bouffes l’art moderne collé au mur, pauvre merde. Va falloir penser à faire sortir Claude François de ton cul, au fait, il commence à pourrir et il déteint sur tes chemises. Mes vannes font pitié ? Ouais, bah c’est pas pour ma gueule qu’on offrirait une serviette hygiénique recyclable, histoire d’absorber toute la merde qui en sort. Allez, je me casse, pauvre tanche. Et je claque la porte si j’ai envie, c’est pas le patron qui va me faire peur.

*CLAC*